La féminisation de la finance passe par une plus grande implication des dirigeants

Alors que 13% seulement de femmes peuplent les «comex», Oliver Wyman propose de lier la rémunération des cadres seniors et la lutte pour la diversité.
Alexandre Garabedian

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2013, seulement 13% des membres de comités exécutifs de 150 grandes institutions financières dans le monde étaient des femmes. Cette proportion n’a guère évolué depuis 2003, où elle atteignait 10%, et a même reculé ces cinq dernières années en France et aux Etats-Unis, relève une étude d’Oliver Wyman sur les femmes dans la finance, publiée hier.

Les profils de responsables des ressources humaines ou du marketing sont sur-représentés, alors que l’on dénombre à peine 8% de directrices financières et 4% de patronnes des risques.

Entre 2003 et 2013, la part de femmes administratrices dans les conseils a crû davantage, de 12% à 20%. Avec des quotas imposés dans certains pays comme la France, et l’aide de cabinets de chasseurs de tête, il est plus facile en effet de féminiser les conseils que de faire sauter les plafonds de verre en interne. Dans la finance aux Etats-Unis, pour 100 hommes promus d’un poste de junior à un poste intermédiaire, 87 femmes suivront le même parcours; cette probabilité relative tombe à 45% lorsqu’il s’agit de gravir l’échelon suivant, vers des fonctions de manager senior.

Les raisons en sont connues: organisation du travail peu compatible avec la maternité, culture «macho» dans les salles de marché, stéréotypes sur les qualités «masculines» requises pour réussir dans la banque, insuffisance du tutorat…

De nombreux groupes ont déjà pris des initiatives pour favoriser la promotion interne des femmes. Mais pour le cabinet de conseil, «les programmes en faveur de la diversité ont souvent été mis en œuvre par les ressources humaines pour aider les femmes à assimiler la culture traditionnelle des services financiers et non pour apporter des avantages compétitifs». «Il faut régler le problème de l’institution, pas celui des femmes», ajoute-t-il en insistant sur le rôle dévolu aux directeurs généraux, aux conseils d’administration et aux comités exécutifs, les ressources humaines ayant un rôle de soutien.

Dans cette logique, sans se fixer de quotas, les institutions financières doivent surveiller un certain nombre d’indicateurs, comme le pourcentage de promotions de femmes aux deux niveaux inférieurs à celui du comex. «La performance atteinte doit faire l’objet d’un rapport au plus haut niveau, par exemple à un comité spécialisé du conseil, et être incluse dans l’évaluation des cadres dirigeants. Elle devrait influer sur la rémunération», souligne Oliver Wyman.

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