La captive de réassurance, une solution pour les assureurs de taille moyenne

La conjoncture n’est pas des plus favorables pour les «petits groupes d’assurance» qui doivent jongler entre la couverture de sinistres exceptionnels et les contraintes imposées par Solvabilité 2 en matière de fonds propres. La création d’une captive pourrait les aider.
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Les assureurs de taille moyenne peuvent avoir intérêt à s'auto-assurer  - 

Après les émeutes urbaines de cet été, les tremblements de terre, les inondations et autres sinistres liés au changement climatique de plus en plus importants et fréquents, certains groupes d’assurances, notamment ceux de taille modeste, à l’instar d’Aésio, Macif, Metlife, Malakoff Médéric ou encore Groupama, se retrouvent dans une situation inconfortable. Et ce, alors que la directive européenne Solvabilité 2 leur impose des contraintes très importantes en matière de fonds propres disponibles. L’idée de créer sa propre captive pour se donner une marge de manœuvre supplémentaire fait son chemin.

Les captives de réassurance, qui permettent à un groupe de s’auto-assurer sur certains types de risques, sont majoritairement utilisées par les entreprises, mais elles n’en sont pas la chasse gardée.

Un assureur ou un banquier peut tout à fait créer sa captive. En revanche, il ne bénéficiera pas de la provision pour résilience qui est uniquement ouverte aux pures captives, c’est-à-dire celles affiliées à une société industrielle ou commerciale non financière, ainsi que défini par l’article II de la première directive européenne de 2005. «Rien n’empêche un banquier ou un assureur de créer sa société de réassurance en assurant seulement ses propres risques, mais il ne bénéficiera pas d’une extension supplémentaire sur ses provisions telle que prévu pour les captives d’entreprises», précise Yannick Zigmann, administrateur délégué de 2RS, une filiale de Diot Siaci.

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Un moyen de se protéger sur trois ou quatre ans

Un certain nombre d’assureurs, de taille modeste pour le secteur, s’interrogent aujourd’hui sur l’intérêt de mettre en place un mécanisme de réassurance captif pour faire face à l’augmentation et à l’importance des sinistres. Ces «petites» sociétés d’assurance ont le même profil que les «grosses» captives françaises, à l’image de celle d’Airbus par exemple.

Or, certaines captives de grands groupes encaissent deux à trois fois plus de primes que les petits assureurs qui doivent affronter des problématiques de fonds propres dues aux contraintes imposées par Solvabilité 2 et des conditions de réassurance plus sévères. Le pilier 1 de la directive fixe en effet des exigences quantitatives conséquentes en termes de capital minimum requis (MCR) et de capital de solvabilité requis (SCR), les obligeant à trouver des fonds propres en conséquence.

«Les réassureurs ne se détendent pas vraiment sur les traités à l’heure actuelle, remarque l’expert. Et alors que ces derniers augmentent leur point d’attachement, les assureurs se retrouvent avec plus de rétentions.» Il peut ainsi être intéressant de placer cette rétention imposée au sein d’un mécanisme spécifique. «La captive a l’avantage d’offrir des mécanismes de réassurance un peu plus élaborés que le seul traité de réassurance en donnant la possibilité à l’assureur d’aller acheter de la réassurance ailleurs, de sortir du traité, de se protéger sur trois ou quatre ans», détaille Yannick Zigmann.

Pour l’expert de 2RS, la captive est à considérer comme une alternative intéressante pour se prémunir des effets de cycles du marché autant que de la pression des réassureurs, mais aussi comme un moyen efficace pour les assureurs de taille moyenne de maintenir leur activité. «Si demain, il ne reste que quatre grands guichets, la gestion des risques sera traitée de façon industrielle et systémique», prévient Yannick Zigmann.

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