Intesa durcit le ton à l'égard de ses créanciers obligataires

La banque a supprimé unilatéralement les clauses de rachat anticipé de titres subordonnés, et lance une offre d'échange jugée pénalisante
Alexandre Garabedian

Intesa Sanpaolo prend ses créanciers obligataires subordonnés par surprise. La banque italienne a annoncé la semaine dernière une offre d’échange sur quatre souches de titres lower tier 2, l’une en livres et les trois autres en euros, contre l’émission d’une dette senior à 5 ans à 310 points de base au-dessus des swaps. Elle porte sur l’intégralité des 250 millions de la ligne en livres, et sur 1,5 milliard de titres en euros. L’objectif, comme de coutume dans ce genre d’opérations, est de muscler le ratio de solvabilité core tier one de la banque grâce à la plus-value réalisée en rachetant les titres sous le pair (entre 93,5% et 98,5%), et de réduire les coûts de financement.

Jusque-là, rien que de très normal. Sauf que le groupe a lancé cette offre d’échange pour offrir à ses porteurs une voie de sortie après avoir décidé de modifier unilatéralement la documentation juridique des obligations. Intesa Sanpaoloa a en effet décidé de ne plus exercer son option de rachat anticipé sur ces instruments «compte tenu des conditions actuelles de marché». Ce call émetteur est généralement exercé par les banques, et les investisseurs en tiennent compte dans leur évaluation.

Poussant la logique jusqu’au bout, Intesa a même supprimé cette option dans le contrat des obligations qui resteraient en circulation après l’échange. Cela afin «d’augmenter la probabilité que ces titres puissent continuer à être comptabilisés comme des instruments tier 2 dans les fonds propres réglementaires». Le traitement prudentiel des dettes bancaires subordonnées ne sera définitivement arrêté qu’une fois adoptée la directive CRD 4, qui transpose les normes de Bâle 3 en droit européen.

Les marchés de crédit ont découvert la nouvelle le 25 octobre, Intesa n’ayant pas préparé le terrain en amont. «L’initiative de la banque est pénalisante, relève Daniel Tchilinguirian, senior manager taux chez Newedge. Le plafond de 1,5 milliard ne couvre pas tout le nominal des titres en circulation», qui atteint 2,25 milliards pour les trois lignes en euros. «Les gros porteurs risquent de ne pas pouvoir sortir entièrement et de se retrouver avec du papier peu liquide, qu’ils devront vendre s’ils ne respectent plus les ratios d’emprise», poursuit le courtier. Les titres sont tombés vendredi autour de 89% à 90% du pair, sous les prix de l’offre, qui se termine le 6 novembre.

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