
Gardien des données, un rôle à 360 degrés

Le 25 mai prochain marquera le troisième anniversaire de l’entrée en application du règlement général sur la protection des données (RGPD). Et avec lui celui de l’arrivée des délégués à la protection des données – data protection officers (DPO) en anglais – au sein des entreprises. Encouragée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) en France, leur présence a notamment été rendue obligatoire dans toute organisation devant collecter des informations sur la vie privée des personnes. C’est le cas au sein des banques, où le DPO joue un rôle essentiel dans la mise en conformité et veille au bon respect des obligations RGPD, particulièrement exigeantes dans le secteur. « Le rôle de DPO au sein de BNP Paribas consiste à déployer des politiques de données responsables et éthiques afin que sécurité et confidentialité soient assurées à nos clients, explique Ramy Houssaini, responsable de la protection des données de la banque. La protection des données est pleinement intégrée dans chaque décision opérationnelle du groupe. »
Garant de la sécurité
Au sein de la Banque de France, deux spécialistes des données personnelles cohabitent : Dominique Jeanne, DPO, et Paul Coulomb, directeur de la prévention des risques et chef de projet du RGPD. « Nous nous répartissons les tâches, indique Dominique Jeanne. De mon côté, après la phase de mise en conformité, je m’occupe aujourd’hui plus particulièrement de l’assistance à l’intégration des aspects protection des données personnelles dans les traitements. Le rôle de conseil auprès des métiers augmente avec la prise de conscience de l’importance de la protection des données personnelles. » Aujourd’hui, plus de 70 % de son temps est ainsi consacré au conseil et à l’analyse de risques. « Solliciter mon avis est presque devenu un réflexe, ce qui n’était pas le cas au début », observe la DPO. Rien d’étonnant dans un secteur où le traitement des datas s’effectue à large échelle. Dans ce cadre, le DPO se pose comme le garant de la sécurité. « En notre qualité de banque centrale, nous détenons une masse énorme de données sur le public – fichiers sur les surendettés pour le compte de l’Etat..., commente Paul Coulomb. Par conséquent, nous recevons beaucoup de demandes de particuliers voulant exercer leur droit d’accès à l’information. »
Karine Huberfeld, elle, est à la fois responsable du pôle contentieux, corporate, marques et données personnelles du groupe franco-allemand Oddo BHF, mais aussi son DPO depuis 2018. Depuis lors, après la phase de cartographie et de mise en conformité au RGPD, elle doit donc également jongler au quotidien avec les nouveaux processus, les incidents divers, les analyses d’impact, les audits de traitement des données ou encore la coordination. Et si cette ex-avocate également passée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) est familiarisée avec l’environnement réglementaire, la tâche n’en est pas moins immense… « On apprend à gérer son temps autrement, assure-t-elle. Pendant la phase de mise en conformité RGPD, mon temps était consacré à plus de 50 % aux données personnelles. » Aujourd’hui, elle peut néanmoins compter sur l’assistance d’un juriste à Paris et d’un autre chez Oddo BHF Tunis.
Une fonction faite pour durer
La mission de DPO nécessitant une vision à 360 degrés des enjeux en matière de données personnelles, certains avocats occupent également le terrain. C’est le cas de Jérôme Deroulez, avocat et DPO externalisé. Pour lui, ce rôle qu’il compare à celui d’un chef d’orchestre nécessite, dans le domaine financier, de maîtriser également parfaitement les enjeux bancaires. « L’évolution des nouvelles technologies dans ce secteur pose aussi beaucoup de questions croisées en la matière, ajoute-t-il. De fait, le DPO bancaire s’apparente un peu à un mouton à cinq pattes. »
Son profil n’est en tout cas plus l’apanage des domaines juridique et informatique ; il n’est désormais plus rare de voir des personnes de tous horizons se lancer dans la bataille. « Le métier de DPO requiert des compétences transverses : juridiques afin de suivre la doctrine des autorités de protection des données et la jurisprudence européenne, techniques pour l’analyse des processus et des technologies, mais aussi organisationnelles, notamment pour la gestion de nouveaux produits, ou encore stratégiques via l’intégration des enjeux de gouvernance », liste Ramy Houssaini. Sans oublier les qualités relationnelles, indispensables pour créer une relation de confiance avec les différents métiers de la banque. « Il faut parfois faire le gendarme lorsque cela est nécessaire, mais aussi s’adapter aux gens pour les faire progresser », affirme Paul Coulomb.
Une chose est sûre : le DPO est appelé à s’installer dans le paysage. Les formations qui se multiplient en la matière (universitaires avec des masters spécialisés, Mooc*) en sont la preuve. Reste à présent à inscrire les efforts déployés pour être en conformité RGPD dans la durée. « Il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de relâchement. Ce sera le challenge des DPO dans les années à venir », confirme Dominique Jeanne. Pour Karine Huberfeld, la création d’une sorte de cercle des data protection officers serait également bienvenue pour éviter l’isolement. « Comme la fonction est encore assez nouvelle, l’échange de bonnes pratiques avec d’autres DPO du secteur bancaire et financier pourrait être utile », estime-t-elle. A bon entendeur.
*Formation en ligne ouverte à tous.
Plus d'articles du même thème
-
La finance est à la recherche de profils toujours plus techniques
Les études de rémunération cadres 2026 des cabinets de recrutement PageGroup et Expectra, filiale de Randstad, mettent en avant les profils toujours très techniques recherchés dans la finance d'entreprise. -
Novo Nordisk acte ses difficultés en supprimant des milliers de postes
Le laboratoire danois invoque une intensification de la concurrence sur le marché des traitements contre l’obésité pour justifier une restructuration qui entraînera la suppression de 9.000 emplois et des coûts exceptionnels de 8 milliards de couronnes. -
La révision de l’emploi américain entérine la prochaine baisse de taux
Le département du Travail a publié mardi une révision record des créations d’emplois non agricoles (NFP) publiées entre le 1 er avril 2024 et le 31 mars 2025. De quoi conforter la Fed dans sa volonté de baisser les taux le 17 septembre.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street termine sans direction claire, prudente avant les prix à la consommation
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateurs aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. «Le marché connaît quelques ventes avant la publication demain (jeudi) de l’indice CPI» des prix à la consommation américains, a commenté auprès de l’AFP Peter Cardillo, analyste de Spartan Capital Securities. Mercredi, les investisseurs ont finalement peu réagi à l’annonce d’un recul surprise des prix à la production en août aux Etats-Unis (-0,1%), après une forte augmentation un mois plus tôt (+0,7% en juillet). «C’est une bonne nouvelle, mais cet indicateur ne porte que sur un seul mois, et n’indique donc pas de véritables changements vis-à-vis de l’inflation, qui reste tenace», a expliqué M. Cardillo. En rythme annuel, l’indice a ralenti en août à +2,6%. En revanche, hors prix volatils de l’alimentation et de l'énergie, il a accéléré à +2,8%. La publication jeudi de l’indice des prix à la consommation (CPI) avant l’ouverture de Wall Street sera plus «significative», a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers, car elle viendra affiner les attentes des investisseurs concernant les perspectives de baisses des taux de la Réserve fédérale (Fed). Selon l’outil de veille FedWatch de CME, la grande majorité des acteurs du marché estiment que l’institution baissera ses taux d’un quart de point lors de sa prochaine réunion prévue les 16 et 17 septembre. «Mais si le CPI est inférieur aux prévisions (...) cela pourrait ouvrir la voie à une baisse d’un demi-point la semaine prochaine», a estimé M. Cardillo. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se détendait par rapport à la clôture mardi, à 4,04% vers 20H20 GMT contre 4,09%. A la cote, Oracle a été catapulté (+36,07% à 328,62 dollars) après avoir annoncé que le chiffre d’affaires de ses infrastructures «cloud» (informatique dématérialisée) devrait atteindre 144 milliards de dollars d’ici 2030, profitant de l’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA). A l’occasion de la publication mardi de ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé dans un communiqué anticiper une croissance de 77% du chiffre d’affaires d’Oracle Cloud Infrastructure, «pour atteindre 18 milliards de dollars cette année fiscale». Selon le Wall Street Journal, le groupe aurait par ailleurs signé un contrat d’environ 300 milliards de dollars avec OpenAI, l’un des leaders de l’IA générative. Le spécialiste suédois du paiement fractionné Klarna a reçu un accueil mitigé pour son premier jour de cotation à la Bourse de New York. L’entreprise a fait son entrée avec un titre vendu au prix de 40 dollars l’unité. L’action a terminé à 46,33 dollars (+15,8%). La chaîne de sandwicheries Potbelly s’est envolée (+31,32% à 16,98 dollars) après que la société a annoncé qu’elle avait accepté d'être rachetée par RaceTrac, entreprise de stations-services et de magasins de proximité aux Etats-Unis, dans le cadre d’une transaction évaluée à environ 566 millions de dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
La Bourse de New York termine sans direction claire
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateur aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. Nasdaq © Agence France-Presse -
Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse