
Francfort fait de l’œil aux banques de la City

Les positions de chacun se précisent dans la concurrence qui se met en place en Europe pour accueillir les financiers de la City éventuellement contraints au départ par le Brexit. Alors que l’ampleur du mouvement est encore inconnue, et que les négociations formelles de sortie de l’Union européenne n’ont pas débuté, Francfort emboîte le pas de Paris et présente ses arguments. Dans une interview à Bloomberg, le ministre des Finances du Land de Hesse, a annoncé son intention d’assouplir le droit du travail pour faciliter les suppressions de postes. A la City, les gros bonus ont pour contrepartie la capacité de l’employeur à limoger un salarié dans l’heure.
«Il est sûrement possible d’exempter des règles strictes du licenciement ceux qui gagnent beaucoup d’argent», défend le ministre Thomas Schaefer. Les autorités locales ont montré un front uni dans leur volonté d’attirer les exilés londoniens. «Nous devons prendre les devants en ce qui concerne le Brexit avant que d’autres villes comme Paris ou Milan ne le fassent», précise ainsi l’adjoint au maire chargé des finances de Francfort, Uwe Becker.
Mais contrairement à la France, où le gouvernement est partie prenante dans les efforts déployés pour rendre la ville de Paris attractive, avec notamment une extension annoncée début juillet du régime des impatriés, le gouvernement allemand doit encore être convaincu. Le droit du travail n’est en effet pas du ressort des Länder, et la ministre sociale-démocrate du travail, Andrea Nahles, n’a pas prévu de le réformer d’après un porte-parole du ministère.
Pour le moment, le régime allemand laisse de plus amples libertés aux employeurs pour le renouvellement de leurs cadres supérieurs mais protège fortement le personnel subalterne. «Quand on rencontre des présidents et des équipes en charge du Brexit, ils nous posent des questions sur notre droit du travail», explique Eric Menges, président de FrankfurtRheinMain, un groupe de promotion de la région. «Ils ont peur des contrats allemands.»
Thomas Schaefer a également tenu à souligner l’intérêt d’un rapprochement entre le LSE et Deutsche Boerse dans le contexte du Brexit. Tout en précisant que le choix de la localisation du siège ne rentrerait pas en compte dans le processus d’autorisation dont son ministère est chargé, puisqu’il délivre la licence de la Bourse de Francfort, Thomas Schaefer a rappelé que le plan initial qui prévoyait un siège exclusivement londonien nécessitait d’être revu.
Plus d'articles du même thème
-
Donald Trump enflamme la Silicon Valley avec ses visas à 100.000 dollars
La hausse des frais de visa H-1B menace de perturber le secteur technologique, très dépendant de ces permis de travail à durée déterminée. Les analystes craignent que cette nouvelle facturation ne profite à d'autres pays pourvoyeurs de talents dans la tech, qui plus est en pleine course à l'IA. -
Les hedge funds américains veulent des règles plus souples sur les offres publiques
Si cette demande de la MFA peut sembler en partie légitime, elle intervient dans un contexte particulier, alors que la SEC envisage déjà de revoir à la baisse un certain nombre de règles relatives aux ventes à découvert et aux hedge funds. -
L’AMF veut se doter de nouveaux pouvoirs contre la criminalité organisée
Une proposition de loi visant à lutter contre la fraude financière et à renforcer la sécurité financière devrait être examinée prochainement par la commission des finances de l’Assemblée nationale. Si certains se félicitent de cette évolution, d’autres s’interrogent sur la pertinence d’accorder au gendarme boursier des pouvoirs réservés jusqu’alors au juge pénal.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L’industrie mondiale des ETF approche les 18.000 milliards de dollars sous gestion
- Groupama cherche son futur directeur de la gestion des placements financiers
- L’absence de traité international sur le plastique contrarie les projets des investisseurs
- Les institutionnels attendent de meilleurs points d’entrée sur la dette de la France
- Le FEI mise sur la deeptech en allouant 260 millions d’euros à Jolt
- Schroders Capital obtient un mandat d’APG de 425 millions d’euros
Contenu de nos partenaires
-
L'air du large
Les démocraties, victimes de leur immobilisme – par Frédéric Charillon
« Le sentiment s’installe qu'elles sont inefficientes. Et l’argument selon lequel elles demeurent le meilleur régime possible malgré leurs défauts, ne tient plus » -
Silence dans la cour !
Le replay de « Voyage en absurdie », la chronique hebdomadaire d’Emmanuelle Ducros sur Europe 1 -
«L'immigration est un atout crucial pour les Etats-Unis»: l'OCDE s'alarme de la politique de Trump sur les visas dans la tech
Paris - «L’immigration est un atout crucial pour les Etats-Unis», affirme l'économiste en chef de l’OCDE, Alvaro Pereira, dans un entretien avec l’AFP à l’heure où l’administration Trump s’attaque aux visas dans le secteur technologique après avoir lancé une chasse aux immigrés clandestins. L'économiste, en partance pour la Banque du Portugal où il a été nommé gouverneur, observe aussi que l’effet des surtaxes douanières imposées par les Etats-Unis à ses partenaires «met du temps» à se matérialiser dans la croissance mondiale, dont les prévisions ont été revues en hausse par l’institution mardi, à 3,2% pour 2025, mais que plusieurs signes de ralentissement sont bien là. Par ailleurs, la France «doit être très prudente sur ses finances», a affirmé M. Pereira qui ne se montre pas opposé sur le principe à une taxation sur les plus hauts patrimoines, tout en demeurant prudent. QUESTION: En augmentant sa prévision de croissance mondiale pour 2025, l’OCDE se montre-t-elle moins pessimiste sur l’effet des droits de douane américains sur l'économie? REPONSE: L’impact des droits de douane met plus de temps à se faire sentir sur l'économie, en partie parce que de nombreuses entreprises dans de nombreux pays ont anticipé ces surtaxes avant leur entrée en vigueur. Elles ont décidé d’agir et d’exporter aux États-Unis et d’autres pays afin d'éviter ces droits de douane. Cela dit, nous constatons déjà une croissance moindre et une inflation plus forte que prévu. Généralement, quand l'économie se porte très bien, la croissance se situe autour de 4%, donc nous en sommes loin. Q: Avec des restrictions sur les visas de la tech aux Etats-Unis, Donald Trump continue de s’attaquer aux immigrés. Est-ce une menace pour l'économie américaine? R: Continuer à attirer des personnes hautement qualifiées (...) est un atout crucial pour l'économie américaine, et cela ne fera que s’accentuer avec l’essor de l’IA, car il existe fondamentalement une pénurie importante de main-d'œuvre dans le secteur technologique. Les États-Unis et l’Allemagne sont les deux pays de l’OCDE qui connaissent les pénuries de main-d'œuvre les plus importantes dans ces secteurs. Il y a manifestement déjà moins de croissance de la main-d'œuvre, ce qui aura évidemment un impact sur le PIB. Nous n’avons pas intégré dans nos prévisions les derniers changements qui ont eu lieu il y a seulement deux ou trois jours. Q: Le débat monte en Europe sur une taxation des hauts patrimoines. Est-ce une solution crédible pour restaurer les finances publiques? R: Davantage que de parler d’une taxe spécifique, l’important est de déterminer quel type de politique peut-on mettre en place en matière de fiscalité et de coupes dans les dépenses pour atteindre un niveau de dette plus bas. Selon l’OCDE, la bonne manière (de réaliser des économies) est de s’assurer que vous faites tout ce que vous pouvez pour réduire la dette. Certains pays pensent que cela doit être à travers la TVA, d’autres l’impôt sur le revenu. D’autres pensent à d’autres taxes, d’autres à une baisse de dépenses. Il existe de nombreuses manières de faire. Si l’Europe est plus réglementée que d’autres régions du monde, si l’Europe offre un environnement commercial moins favorable, si l’Europe impose des taxes plus élevées... Cela signifie que les entrepreneurs, plutôt que d’investir en Europe, chercheront ailleurs. C’est pourquoi j’insiste sur la nécessité de réformes. Q: Avec ses finances exsangues et sa crise politique, la France est-elle l’homme malade de l’Europe? R: La France doit être très prudente sur ses finances dans les prochaines années. Il faut tirer les leçons de ce qui s’est passé dans des pays comme l’Italie, le Portugal et d’autres. Ces pays sont revenus à la discipline budgétaire, alors que la France continue d’augmenter (sa dette). Une consolidation importante a eu lieu l’année dernière, et il est important de la poursuivre car en cas de crise certaines surprises pourraient se produire. Ces surprises doivent être évitées à tout prix. Ali BEKHTAOUI © Agence France-Presse