
Donne-lui ta main et prends la nôtre

S’occuper d’un proche atteint d’une maladie, d’un handicap ou par le grand âge : « Les aidants sont 12 à 15 millions en France et dans cette situation pendant cinq ans en moyenne, indique Christine Fabresse, directrice générale banque de proximité et assurance de BPCE qui vient de publier Le temps des aidants. En tant qu’employeur responsable de plus de 100.000 salariés, le groupe BPCE doit faire bouger les lignes : 73 % des aidants sont des actifs. » Or leur charge mentale a empiré avec les confinements, relève Christine Lamidel, fondatrice de Tilia (lire ‘La Parole à…’), tandis que leur fragilité va croître avec la généralisation annoncée du télétravail et leur nombre augmenter avec le vieillissement de la population.
Banquiers et assureurs disposant d’une offre pour leurs clients « aidants » (un mot usité, mais ni statut, ni définition officielle) la mettent à disposition de leurs services des ressources humaines (RH). « Tous nos collaborateurs sont ‘clients’ de notre groupe tant en retraite qu’en santé prévoyance. De ce fait, ils peuvent bénéficier des dispositifs proposés, explique Nathalie Gateau, directrice engagement et mécénat social du groupe Apicil. La mise en place de groupes de parole début 2020 a permis à certains salariés-aidants de se faire connaître en tant que tel et, de ce fait, de bénéficier d’informations régulières sur les actions mises en place par nos associations partenaires. » Coaching personnalisé, assistance 24h/24 et autres services ne dispensent pas de la dimension humaine : « Des échanges de proximité avec le manager, les responsables RH, l’assistante sociale et la médecine du travail sont facilités », ajoute Nathalie Gateau.
Malakoff Humanis, qui a ouvert à ses propres collaborateurs son « Offre Aidants » lancée en janvier dernier, souligne : « Absentéisme, présentéisme, organisation du travail, démotivation, perte de productivité : les impacts en entreprise sont non négligeables. Mais soutenir et accompagner les salariés-aidants, c’est aussi bénéficier de leurs compétences. » A cette fin, AG2R La Mondiale participe pour sa part à une démarche d’investigation collaborative avec l’Association française des aidants et le Cercle Vulnérabilités et Société : « Les compétences acquises par l’expérience de proche aidant ne sont actuellement pas prises en considération dans l’univers professionnel. Pourtant, elles constituent un levier déterminant tant en termes d’employabilité au moment du retour à l’emploi qu’en termes de conciliation vie personnelle/vie professionnelle », estime le groupe.
Anticiper les enjeux liés au vieillissement de la population, voire à « un état de crise permanente », selon les termes de Nicolas Gomart, vice-président et directeur général de la Matmut, ou concilier bien-être personnel et performance professionnelle de l’aidant n’est pas la préoccupation des seuls groupes de prévoyance. Et tous, comme la Macif qui s’est renforcée dans les services à la personne, constatent que les aidants sont souvent seuls et mal informés sur les aides possibles.
Management de l’« aidance »
Au-delà d’une information et de services, les salariés-aidants peuvent avoir besoin d’aménager leur temps de travail. Les plus grandes banques françaises disposent de différents dispositifs pour ceux dont le conjoint ou un enfant est gravement malade, accidenté ou handicapé, avec des absences spécifiques rémunérées, des dons de jours par des collègues, éventuellement abondés par les entreprises, et même des aides financières. « Avec 45 % de part de marché auprès des clientèles fragiles, BPCE dispose d’offres de proximité, souligne Christine Fabresse, mais parler de la situation d’aidant et d’argent, c’est aborder un double tabou. » BPCE a signé un accord dédié à ses salariés-aidants et mis en place dans chaque entreprise du groupe un référent « qualité de vie au travail » en lien avec tous les acteurs concernés (DRH, directions métier, management, médecine du travail, assistantes sociales…). Des guides sont à leur disposition.
C’est aussi le cas au Crédit Agricole Mutuel de La Réunion, lauréat du prix Entreprise et Salariés Aidants 2019, cité dans le Livre Blanc Aider et travailler 2020 publié par Interfacia, avec Tilia, Responsage, Olystic et le LabRH. La banque s’est associée au groupe de protection sociale de La Réunion CRC pour proposer le premier guide pratique territorial sur l’inclusion professionnelle des salariés-aidants et le management de l’« aidance ». « La particularité de ‘l’aidance’ réside sans doute dans le fait qu’elle a un impact non seulement sur la majorité des salariés-aidants eux-mêmes, mais également sur leurs collègues et managers », pointe Frédéric Thoral, DRH BNP Paribas Personal Finance, dans ce document d’octobre dernier. « Mettre en place un dispositif identifié pour les salariés-aidants correspond à la fois à l’intérêt du salarié tout comme à celui de l’entreprise », y insiste Pierre Mayeur, directeur général de l’Ocirp (Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance). « L’environnement professionnel doit être préparé pour savoir protéger ses salariés, son capital humain et gérer les situations, estime Malakoff Humanis. Chacun doit être accompagné pour prendre sa part. Il est important de sensibiliser, de former et de mobiliser l’ensemble des parties prenantes. »
Pour aller plus loin, l’étude « Le temps des aidants », BPCE L’Observatoire, dans la version digitale de L’Agefi Hebdo
Plus d'articles du même thème
-
La finance est à la recherche de profils toujours plus techniques
Les études de rémunération cadres 2026 des cabinets de recrutement PageGroup et Expectra, filiale de Randstad, mettent en avant les profils toujours très techniques recherchés dans la finance d'entreprise. -
Novo Nordisk acte ses difficultés en supprimant des milliers de postes
Le laboratoire danois invoque une intensification de la concurrence sur le marché des traitements contre l’obésité pour justifier une restructuration qui entraînera la suppression de 9.000 emplois et des coûts exceptionnels de 8 milliards de couronnes. -
La révision de l’emploi américain entérine la prochaine baisse de taux
Le département du Travail a publié mardi une révision record des créations d’emplois non agricoles (NFP) publiées entre le 1 er avril 2024 et le 31 mars 2025. De quoi conforter la Fed dans sa volonté de baisser les taux le 17 septembre.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street termine sans direction claire, prudente avant les prix à la consommation
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateurs aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. «Le marché connaît quelques ventes avant la publication demain (jeudi) de l’indice CPI» des prix à la consommation américains, a commenté auprès de l’AFP Peter Cardillo, analyste de Spartan Capital Securities. Mercredi, les investisseurs ont finalement peu réagi à l’annonce d’un recul surprise des prix à la production en août aux Etats-Unis (-0,1%), après une forte augmentation un mois plus tôt (+0,7% en juillet). «C’est une bonne nouvelle, mais cet indicateur ne porte que sur un seul mois, et n’indique donc pas de véritables changements vis-à-vis de l’inflation, qui reste tenace», a expliqué M. Cardillo. En rythme annuel, l’indice a ralenti en août à +2,6%. En revanche, hors prix volatils de l’alimentation et de l'énergie, il a accéléré à +2,8%. La publication jeudi de l’indice des prix à la consommation (CPI) avant l’ouverture de Wall Street sera plus «significative», a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers, car elle viendra affiner les attentes des investisseurs concernant les perspectives de baisses des taux de la Réserve fédérale (Fed). Selon l’outil de veille FedWatch de CME, la grande majorité des acteurs du marché estiment que l’institution baissera ses taux d’un quart de point lors de sa prochaine réunion prévue les 16 et 17 septembre. «Mais si le CPI est inférieur aux prévisions (...) cela pourrait ouvrir la voie à une baisse d’un demi-point la semaine prochaine», a estimé M. Cardillo. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se détendait par rapport à la clôture mardi, à 4,04% vers 20H20 GMT contre 4,09%. A la cote, Oracle a été catapulté (+36,07% à 328,62 dollars) après avoir annoncé que le chiffre d’affaires de ses infrastructures «cloud» (informatique dématérialisée) devrait atteindre 144 milliards de dollars d’ici 2030, profitant de l’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA). A l’occasion de la publication mardi de ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé dans un communiqué anticiper une croissance de 77% du chiffre d’affaires d’Oracle Cloud Infrastructure, «pour atteindre 18 milliards de dollars cette année fiscale». Selon le Wall Street Journal, le groupe aurait par ailleurs signé un contrat d’environ 300 milliards de dollars avec OpenAI, l’un des leaders de l’IA générative. Le spécialiste suédois du paiement fractionné Klarna a reçu un accueil mitigé pour son premier jour de cotation à la Bourse de New York. L’entreprise a fait son entrée avec un titre vendu au prix de 40 dollars l’unité. L’action a terminé à 46,33 dollars (+15,8%). La chaîne de sandwicheries Potbelly s’est envolée (+31,32% à 16,98 dollars) après que la société a annoncé qu’elle avait accepté d'être rachetée par RaceTrac, entreprise de stations-services et de magasins de proximité aux Etats-Unis, dans le cadre d’une transaction évaluée à environ 566 millions de dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
La Bourse de New York termine sans direction claire
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateur aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. Nasdaq © Agence France-Presse -
Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse