
CNP Assurances profite du rebond de ses activités brésiliennes
Malgré l’incertitude qui entoure encore les négociations sur la reconduction de son partenariat avec La Banque Postale, CNP Assurances a surpris positivement les marchés hier. Son résultat net semestriel a progressé de 2,4% sur un an, à 615 millions d’euros. Malgré la faible croissance de ses revenus en France (+1,9%), le produit net d’assurance (PNA ou marges nettes) du groupe a progressé de 4,4% à fin juin grâce au dynamisme de l’Amérique latine, en hausse de 10,7%.
C’est une «surprise», concèdent les analystes de Kepler Cheuvreux. La région a généré 501 millions d’euros de revenus ces six derniers mois et réduit l’écart avec la France (633 millions). Au Brésil, principale implantation du groupe, le chiffre d’affaires (qui prend en compte le stock) pèse seulement 13,9% de celui de la France mais il a bondi de 27,8% sur un an, après avoir reculé en 2014.
«Les difficultés macroéconomiques au Brésil ne se reflètent absolument pas dans l’activité de notre filiale», relève Frédéric Lavenir, directeur général de CNP Assurances. Sans la dépréciation du réal brésilien, la croissance de CNP en Amérique du Sud aurait même atteint 15,2% et non 10,7%. Malgré la crise économique, la classe moyenne locale continue de s’équiper en produits de prévoyance, ainsi qu’en épargne et produits de retraite. Ce segment a progressé de 8,5%, «après une année 2014 que nous avions gérée avec prudence», explique le patron du groupe. En 2014, sa coentreprise Caixa Seguros, 6e assureur brésilien, avait perdu 0,5 point de parts de marché au Brésil, à 4,7%.
Cette année, la croissance des ventes s’accompagne d’une forte hausse des frais de gestion. Ils progressent de 14,4%, en raison de la forte inflation dans le pays (8,9%) et des investissements liés à la création d’une compagnie d’assurance 100% digitale, qui sera lancée début 2016. CNP ne chiffre pas ce chantier inédit pour le groupe et reste peu disert sur ses investissements digitaux en France.
Le Brésil n’est toutefois pas qu’un long fleuve tranquille pour le groupe. La banque brésilienne Caixa va coter à l’automne une holding ayant pour principal actif sa participation minoritaire dans Caixa Seguros. «Sa réussite est dans l’intérêt commun des deux actionnaires, assure Frédéric Lavenir. Cela n’impacte pas notre partenariat». Le mois dernier, un analyste d’Exane préconisait une IPO partielle des 51,75% détenus par CNP, pour redonner des couleurs au cours de Bourse de l’assureur français.
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Paris - Une nouvelle figure de la classe dirigeante libanaise dans le viseur de la justice française: une enquête est ouverte à Paris visant Najib Mikati, Premier ministre jusqu'à début 2025, soupçonné de s'être constitué frauduleusement un important patrimoine de «biens mal acquis». Interrogé par l’AFP, le Parquet national financier (PNF) a confirmé l’ouverture de cette enquête. Au Liban, le service de communication de Najib Mikati a indiqué «ne pas avoir été notifié». A l’origine de cette procédure, une plainte déposée en avril 2024 par le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CVPFCL) et l’association anti-corruption Sherpa. Cette dernière porte plainte en France depuis une vingtaine d’années contre des responsables étrangers, soupçonnés d’avoir amassé une fortune par la corruption ou le détournement de fonds publics, avant de la recycler, au moins en partie, dans l’Hexagone. Les deux associations ont ouvert en 2021 un front libanais à ces affaires de «biens mal acquis», qui concernaient à l’origine des chefs d’Etat africains, en portant plainte contre l’ancien dirigeant de la banque du Liban, Riad Salamé. En 2024, elles ciblent Najib Mikati, 69 ans, et ses proches, dont son frère Taha Mikati. Ils sont suspectés d’avoir acquis différents biens en France et à l’étranger par des structures multiples, dont des montages offshore. Une fortune qu’ils auraient amassée frauduleusement, au mépris notamment du fisc, tandis que le pays du Cèdre s’enfonçait dans le chaos politique et financier. Lors du dépôt de la plainte, Najib Mikati avait assuré avoir «toujours agi dans le strict respect de la loi», tout comme les membres de sa famille. «L’origine de notre patrimoine familial est entièrement transparente, légitime et conforme à la législation», avait insisté celui qui a été Premier ministre du Liban à plusieurs reprises, et jusqu'à début 2025. Yachts et jets privés Najib Mikati, qui a fait fortune dans les télécoms, et son frère Taha, sont présentés par les plaignants comme faisant partie des plus grandes fortunes du Liban, la famille possédant yachts, jets privés ou immeubles sur la Côte d’Azur, à Monaco et dans les plus beaux quartiers de Paris. Ils ont aussi investi dans des marques de prêt-à-porter, comme Façonnable. La première plainte visait les infractions de blanchiment et recel ou complicité, association de malfaiteurs, le tout commis en bande organisée, circonstance aggravante. Elle a été complétée par de nouveaux éléments en avril 2025, conduisant le PNF à se saisir du dossier. En cause notamment, les liens de la famille Mikati avec la Bank Audi France, spécialisée dans la clientèle du Moyen-Orient, dont l’ancien Premier ministre est actionnaire, ou un important contrat de fourniture de services télécoms au Liban et en Syrie conclu en 1994. Il aurait selon les plaignants conduit à priver l’Etat de vastes recettes. «Pouvoir de nuisance» Cette enquête «va peut-être réduire le pouvoir de nuisance de ceux qui cherchent à tout prix à saper le processus en cours pour que cesse la prédation des intérêts privés sur l’Etat et l’intérêt public des Libanais», ont déclaré à l’AFP les avocats, Mes William Bourdon et Vincent Brengharth. Plusieurs enfants des frères Mikati sont aussi visés comme de potentiels receleurs de l’argent supposément blanchi. Les plaignants pointent également des opérations suspectes à leurs yeux entre des comptes et sociétés contrôlées par les Mikati et d’autres, aux mains de l’ancien dirigeant de la banque du Liban, Riad Salamé. Une information judiciaire est désormais en cours à Paris visant ce dernier, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, tandis que son frère Raja Salamé a été mis en examen. Ils contestent fermement les faits. François BECKER © Agence France-Presse