
Suravenir compte sur ses gérants maison pour surfer sur la montée des taux

A l’Ouest, du nouveau. Suravenir, la filiale d’assurance-vie, de prévoyance et d’épargne retraite du groupe Crédit Mutuel Arkéa, vient de changer de tête en février 2022. Un duo a succédé à Bernard Le Bras, qui dirigeait l’assureur brestois depuis 10 ans: Thomas Guyot en tant que président du directoire et François-Régis Bernicot en qualité de directeur général. Le premier était précédemment directeur technique et financier et le second directeur des supports. C’est donc l’occasion de faire le point sur la stratégie de placements de l’assureur, qui disposait de 28,2 milliards d’euros d’actifs sous gestion à la fin de l’exercice 2021, hors unités de compte (UC). «Une de nos caractéristiques est d’avoir décidé ces dernières années de raccourcir notre duration, et donc de ne presque pas investir en titres d’Etats, expose Thomas Guyot. Cela nous a coûté en termes prudentiels mais c’est désormais un avantage.» L’allocation d’actifs du fonds général comporte aujourd’hui 8% d’immobilier, un peu moins de 8% d’actions et assimilé, à peu près 9% de dette à haut rendement et le reste en obligataire «investment grade» classique et autres investissements assimilés. Dans cette poche, 15% se répartissent équitablement entre fonds de dette et obligations repackagées pour revoir le profil de taux, comme des obligations d’Etats avec des conditions de pente pour le versement du coupon. En immobilier, Suravenir collabore principalement avec deux gestionnaires qui placent 75% de son patrimoine: Crédit Mutuel Arkéa qui gère les actifs détenus en direct, soit 20% du patrimoine, et Primonial REIM qui gère 55% du patrimoine via des investissements indirects. Quête de rendement Suravenir va pêcher sur les zones de rendement de la gamme obligataire. «Nous avons fortement investi dans des fonds de dette privée sur l’ensemble du spectre: corporate, direct lending, infrastructure et immobilier, du très sécurisé au plus dynamique, ce qui nous démarque», estime le président du directoire. L’assureur a également placéune partie de son fonds euros sur de la dette à haut rendement, ce qui lui offre une rentabilité intéressante avec des coupons rapportant souvent entre 3 et 4%. Pour cela, il s’appuie sur l’expertise de Schelcher Prince Gestion, détenue par Arkéa Investment Services, à qui il confie 7% de ses encours. «Avec notre duration raccourcie, notre actif va se renouveler rapidement et notre exposition à taux variable nous place en bonne position pour bénéficier de la remontée des taux», poursuit-il. Bien que l’équipe de Suravenir ne compte que quatre personnes en ALM (gestion actif-passif), elle se veut agile. «Nous ne sommes pas de ceux qui établissent leur allocation stratégique en janvier pour l’année, car cela se périme trop vite, juge Thomas Guyot. Nous la mettons à jour chaque mois, et décidons des flux en fonction de la collecte et de la situation des marchés, ce qui nous permet d’être très réactifs.» L’assureur a donc recours à ses gérants maison comme Federal Finance Gestion, société de gestion d’actifs du Crédit Mutuel Arkéa, pour tout ce qui est «investment grade» et qui lui réalise aussi une sélection de fonds de dette externes, le reporting et l’application de la stratégie de finance durable. Il gère aussi l’exposition aux actions et applique la politique de vote de la maison. Federal gère 81% des encours hors UC de l’assureur. Une autre filiale du groupe, Swen Capital Partners (codétenue avec OFI), est également mise à contribution pour l’investissement non coté, en infrastructure et dans des fonds à impact, ce qui représente environ 1% de ses encours à fin 2021. Suravenir a ainsi souscrit au fonds Swen Blue Ocean, consacré au financement d’innovations devant avoir un impact systémique pour la régénération de l’océan. En cumulé, les trois gérants du groupe se partagent la gestion de 89% des actifs de Suravenir. Renforcement des critères extra-financiers Le bancassureur a défini une politique d’exclusions, qui a commencé par le charbon. En accord avec la politique du Crédit Mutuel Arkéa, il s’est engagé dans une sortie du charbon d’ici fin 2027 sur le périmètre monde et a renforcé dès 2021 son cadre de financement et d’investissement aux entreprises dont l’activité est liée au charbon (extraction et production d’énergie), dans le but d’orienter les flux financiers vers des technologies et ressources sobres en CO2. «Ce choix n’est pas encore fait chez tous les gérants d’actifs, ce qui complique la sélection d’unités de compte : nous estimons que seul un tiers des sociétés de gestion a défini une date de sortie du charbon», explique le dirigeant. L’investisseur favorise par ailleurs les UC classifiées article 8 ou 9 au sens de la réglementation SFDR sur la finance responsable, qui représentaient 43 % de son catalogue à fin 2021. Pour les autres énergies fossiles, sa position consiste à exclure les hydrocarbures non conventionnels et les producteurs qui continuent les explorations de nouveaux gisements. Dans les faits, cela concerne presque tous les émetteurs. Ce choix s’applique sur le périmètre du bilan de Suravenir, hors gestion indicielle passive et unités de comptes. «Nous travaillons à mettre en place des fonds à couverture systématique fondés sur des indices alignés sur l’Accord de Paris ou avec un biais transition climatique, plus exigeants sur le thème des énergies fossiles. Nous en avons déjà monté un, et à moyen terme nous avons l’ambition que toute la gestion bascule sur ce modèle. Le léger surcoût de ces indices n’est pas un problème, sur le long terme, nous aurons gagné à exclure ceux qui n’ont pas pris le virage», croit Thomas Guyot. Et pour aller plus loin dans l’investissement responsable, Suravenir, limité par ses ressources humaines, se repose sur ses gérants, engagés dans de nombreuses coalitions et signataires de chartes internationales. Lire la fiche Guide de Suravenir.
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