
Pierre-Olivier Billard (FRR) : «nous avons intégré des scénarios climatiques dans notre gestion des risques»
Trois évolutions majeures ont impacté la gestion des risques ces dernières années selon Pierre-Olivier Billard. La première porte sur la nature des scénarios réalisés pour définir la stratégie d’allocation d’actifs du Fonds. «Ces deux dernières années, nous avons associé aux scénarios macro-économiques des scénarios climatiques, inspirés de ceux développés par le réseau NGFS (Network for Greening the Financial System)», a-t-il précisé. Le responsable du département allocation d’actifs du FRR note également quelques changements dans le travail de recherche du bon niveau de risque. «Nous avons construit une fonction d’utilité qui permet de tenir compte des grands objectifs et contraintes du FRR (…) ainsi que des préférences du conseil de gouvernance.» La troisième évolution identifiée concerne la modélisation des classes d’actifs qui a notamment été impactée par l’augmentation de la part des actifs non cotés dans l’allocation du FRR. Le non coté représente environ 15% du portefeuille du Fonds.
Croissance du non coté
Evoquant la hausse du poids de ces actifs, Pierre Leygue, responsable du département de la mesure de la performance et du contrôle des risques financiers, a ajouté que leur performance apporte une contribution «substantielle» à la performance globale du FRR. «Particulièrement en 2022, où le non coté a été un très bon amortisseur» dans un contexte où les autres classes d’actifs ont été davantage malmenées. De surcroît, le non coté est un contributeur significatif à la politique de développement durable du FRR, a souligné Pierre Leygue.
Ce dernier a par ailleurs indiqué que les récentes crises (Covid notamment) et la hausse de la volatilité, ont également eu des conséquences sur la gestion des risques au sein du FRR. «Cela nous a posé des problèmes sur la conformité notamment avec les gérants, a-t-il expliqué. Cela nous a amené à nous poser plus de questions concernant la manière dont les gérants suivaient le risque relatif de leur portefeuille par rapport au benchmark qu’on leur donnait.»
Inflation et ESG
Quant aux défis à venir, les deux experts ont cité en premier lieu l’inflation dont l’effet pourrait avoir un impact très important sur l’allocation d’actifs. «Il y a aussi un enjeu important sur la thématique ESG, a souligné Pierre-Olivier Billard. Le FRR a surtout privilégié le «E» ces dernières années en faisant en sorte que son portefeuille soit aligné sur les Accords de Paris. Si les entreprises ne jouent pas le jeu, il va devenir important de changer les répartitions sectorielles. Pour certaines classes d’actifs telles que les actions des pays émergents ou les obligations au rendement en dollars qui sont très carbonées, leur place dans le portefeuille pourrait être remise en cause.» Le FRR a également pour ambition de mettre davantage l’accent sur le «S» (social) et sur les enjeux de préservation de la biodiversité.
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Dijon - Le sénateur socialiste Jérôme Durain, élu vendredi à la tête de la région Bourgogne-Franche-Comté, a acquis une notoriété nationale en cosignant la proposition de loi contre le narcotrafic, ce qui lui a valu d'être élu «sénateur de l’année» en 2024. Jérôme Durain, élu à la tête de la région en remplacement de Marie-Guite Dufay, démissionnaire, est né le 2 juin 1969 à Nancy. Diplômé en 1993 de l’Institut d'Études Politiques de Paris, il épouse une carrière dans la fonction publique territoriale. Ce n’est qu'à 33 ans qu’il prend sa carte du PS, suite au choc qu’a représenté pour la gauche le 21 avril 2002 et la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Le combat contre le RN reste depuis son cheval de bataille, qu’il devra encore enfourner lors des prochaines élections régionales, en 2028, l’extrême droite étant en nette progression dans la région. En 2004, il fait la connaissance d’Arnaud Montebourg, alors député de Saône-et-Loire. Le futur ministre de l'Économie (2012-14) offre à Jérôme Durain de prendre sa succession à la tête de la fédération PS du département en 2005, ce qui vaudra à M. Durain l'étiquette de «bébé Montebourg». Il tient la «fédé» pendant dix ans, lui valant une réputation d’apparatchik, et gravit les échelons. Il est fait adjoint à la mairie PS de Chalon-sur-Saône en 2008, jusqu'à ce que la ville soit reprise par la droite en 2014, puis est élu en 2010 à la région, dont il prend en 2012 la vice-présidence à l’aménagement du territoire. En 2015, il est élu à la nouvelle région fusionnée Bourgogne-Franche-Comté, sur la liste de gauche de Marie-Guite Dufay, et prend la présidence du groupe majoritaire. Peu avant, en 2014, il devient le premier sénateur de gauche élu en Saône-et-Loire depuis 1986. Il n’a alors que 45 ans, et un pédigrée loin des barons du Sénat, mais, réélu en 2020, il s’impose comme le «M. Sécurité» du groupe socialiste, lui valant des critiques de ses pairs, notamment quand il apporte son soutien aux très contestées Brigades de répression de l’action violente (BRAV), en 2023, en s’immergeant avec ces policiers lors de la manifestation du 1er Mai à Paris. En 2024, il corédige, avec le sénateur LR Étienne Blanc, la proposition de loi «visant à sortir la France du piège du narcotrafic». La loi, promulguée le 13 juin 2025, est adoptée très largement par le Parlement, offrant à Jérôme Durain une grande visibilité médiatique. Élu «sénateur de l’année 2024", il était pressenti pour succéder à Patrick Kanner à la tête du groupe des sénateurs PS, mais la loi sur le cumul des mandats lui impose de démissionner du Sénat. © Agence France-Presse -
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