Le Fonds de garantie des dépôts finalise la mutation de sa gestion d’actifs

Après avoir dû transférer une grosse partie de ses fonds sur un compte au Trésor public, l’institution s’apprête à passer un appel d’offre sur l’obligataire.
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Arnaud Shangel s'occupe de la gestion financière du Fonds de garantie des dépôts et de résolution  -  (crédit photo: Bertrand Noel)

Ces deux dernières années ont été des années de transition importantes pour le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR). « L’opérateur de crise financière », comme il se surnomme lui-même, a vu en effet les attributions de sa gestion d’actifs fortement évoluer de part le vote d’une loi en 2020 venu préciser sa mission de service public et des ordonnances autorisant le gouvernement à centraliser tout ou partie des fonds du FGDR dans la mesure où ses ressources sont issues majoritairement d’une décision législative (la contribution obligatoire des banques au FGDR pour indemniser les déposants en cas de faillite de l’une d’entre elles) . Cela n’avait pas été fait depuis sa création en 1999, dans le sillage de la faillite du Crédit martiniquais.

Cette précision a donc eu pour impact de provoquer le transfert d’environ 3,4 milliards d’euros du FGDR vers un compte du Trésor public, non rémunéré, en 2021. L’année suivante, ce niveau est monté à 4,6 milliards, en lien aussi avec l’augmentation des ressources que le FGDR avait à gérer. Il s’agissait presqu’exclusivement de fonds monétaires, gérés anciennemement par Amundi et Allianz GI. Cet argent reste la propriété du FGDR et il peut en disposer à tout moment pour assurer sa mission.

L’insitution conserve depuis cette année une poche de plus de 2 milliards d’euros qu’elle gère de manière séparée. Cette poche est exposée en obligations (pour 1,7 milliard), en actions (400 millions) et en contrats de capitalisation (240 millions).

Le placement de cette poche doit obéir à une règle majeure : « Toute notre politique d’investissement doit obéir à l’objectif de pouvoir indemniser les déposants en sept jours ouvrables en cas de faillite bancaire », rappelle Arnaud Schangel, le directeur financier du FGDR.

C’est aussi dans cette optique que depuis 2006, la poche obligataire est uniquement gérée en performance absolue, par opposition à une gestion relative à un benchmark. L’institution a fait ce choix dans un contexte de taux qui commençaient alors à être très bas et dans la crainte d’une remontée de ces derniers.

Deux sociétés de gestion sont en charge de ce portefeuille : Axa IM et Candriam. Le cahier des charges stipule une forte protection que les gérants appliquent via un rating très élevé dans le choix des émetteurs, le fait que le portefeuille ne doit pas perdre plus de 4% de sa valeur sur 12 mois glissants et aller même vers une sensibilité négative en prenant des couvertures de taux.

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Et en 2022, cette gestion a très bien fonctionné face à la remontée brutale des taux. « La performance obligataire a été de -0.83% sur l’année 2022 », indique Arnaud Schangel.

Mais l’institution s’apprête toutefois à changer cette politique dans le nouvel environnement. « Pour 2023, nous estimons qu’avec les niveaux actuels c’est le moment de diversifier le style de gestion obligataire et de se doter d’un autre moteur de rendement. Nous allons donc passer un appel d’offres pour sélectionner des gérants qui transformeront environ la moitié du portefeuille obligataire en fonds à échéance », annonce le directeur financier. Il prédit que ces fonds dépassent en moyenne les 3% de performance cette année. C’est la première fois que le fonds de garantie passera un appel d’offre public car il rentre désormais dans le cadre du code des marchés publics.

Cette nouveauté concernera aussi d’ailleurs son conseil financier, aujourd’hui assuré par Insti7, un appel d’offre étant aussi lancé.

Du côté de la gestion actions, de 400 millions d’euros, est elle aussi entièrement déléguée à un gérant. Celui-ci a pour mission de répliquer un indice dédié bien précis, à travers un fonds dédié. En effet, le FGDR a défini en 2021 un indice de référence avec le fournisseur MSCI qui devait être plus liquide et moins volatil que la moyenne, avec des critères ESG et d’exclusion spécifiques au FGDR et lui permettant d’entrer dans la catégorie article 8 du réglement européen de publications extra-financières, SFDR. L’indice s’est toutefois comporté comme le reste du marché, avec un recul d’environ -18% en 2022...

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