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L’impact de la COVID-19 sur les changements climatiques

BMO Global Asset Management
Vicki Bakhshi, directrice et analyste, investissement responsable, BMO Global AM
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L’impact de la COVID-19 sur les changements climatiques fait figure de nouvelle positive au milieu du nombre de décès quotidiens et des publications de données économiques inquiétantes; en effet, les grands titres font état de ciels plus clairs et d’une baisse des émissions de CO2. Mais outre les effets secondaires à court terme des mesures de confinement temporaire, quel impact la pandémie aura-t-elle sur notre lutte contre les changements climatiques?Il ne fait aucun doute que les émissions mondiales de gaz à effet de serre diminueront cette année en raison de la baisse de l’activité économique. L’Agence internationale de l’énergie estime que les émissions de CO2 du secteur de l’énergie diminueront de 8 % en 2020 – soit six fois la baisse attribuable à la crise financière mondiale – et reviendront aux niveaux observés pour la dernière fois en 2010.Bien que cet effet soit spectaculaire, cela ne renversera pas la courbe à plus long terme.Voici quelques points cruciaux : Sans aucune politique en place, on s’attend à ce que les températures mondiales augmentent jusqu’à 4,8 °C au-dessus des niveaux de l’ère préindustrielle d’ici 2100.Selon nos politiques actuelles, il est prévu que nous réduisions suffisamment nos émissions pour limiter le réchauffement planétaire à environ 3,0 °C.Si tous les pays du monde faisaient ce qu’ils ont promis de faire dans le cadre de l’Accord de Paris, le réchauffement planétaire serait limité à environ 2,8 °C– ce qui est encore bien audelà de l’objectif de l’Accord de Paris.Pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris qui consiste à limiter le réchauffement planétaire bien en deçà de 2 °C (voire 1,5 °C) par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle d’ici 2100, il faut que nous parvenions à une réduction des émissions nettement plus importante que celle prévue actuellement. Il existe un fossé critique entre la direction que nous prenons actuellement et celle que les gouvernements ont promis d’atteindre lorsqu’ils se sont rencontrés à Paris en 2015.Nous devons réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années pour les ramener à zéro d’ici le milieu du siècle environ. La réduction des émissions à court terme découlant des mesures de confinement à l’échelle mondiale ne fait qu’interrompre temporairement la tendance de croissance des émissions – les changements climatiques doivent demeurer en tête des priorités des gouvernements, des entreprises, des investisseurs et des particuliers pour que les transformations structurelles à long terme requises puissent avoir lieu.Vicki Bakhshi, directrice et analyste, investissement responsable, BMO Global AMCOP26L’année 2020 était envisagée comme l’année de l’action climatique – l’année où les lacunes empêchant l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris seraient comblées. Les pays étaient censés présenter de nouveaux plans nationaux plus ambitieux avant la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2020, aussi connue sous le nom de COP26, qui devait avoir lieu en novembre à Glasgow.Compte tenu de la pandémie actuelle, la COP26 a été reportée et aucune autre date n’a encore été fixée, mais nous prévoyons qu’elle aura lieu au milieu de l’année prochaine. Un retard n’est jamais une bonne nouvelle, mais un aspect positif en ressort : il y a une occasion de rebâtir l’élan politique, qui était en partie remis en cause avant même la pandémie. D’autres préparatifs peuvent être faits avant cette rencontre. D’ici là, les élections américaines qui doivent avoir lieu en novembre constitueront un point de décision crucial; la dynamique des négociations sur le climat variera grandement en fonction du résultat de ces élections. Cependant, peu importe qui deviendra le prochain président des États-Unis, la stratégie reste la même qu’avant la pandémie : exercer une pression ascendante pour sortir de l’impasse politique. Cela signifie que les administrations infranationales, les entreprises, les investisseurs et le public doivent prendre des mesures pour créer un mouvement de fond visant à jeter les bases d’une réunion de la COP fructueuse. L’effondrement du PIB touchera tous les types d’investissements en matière d’énergie. La reprise sera-t-elle verte?Les baisses spectaculaires de la croissance de la demande d’énergie ont inévitablement des répercussions sur les investissements dans les nouvelles infrastructures énergétiques, car les revenus des entreprises diminuent et les nouveaux projets ne semblent plus viables compte tenu de la chute des prix. L’impact sur l’ensemble des dépenses liées aux infrastructures énergétiques sera considérable. Il y a certainement d’importants obstacles à court terme aux énergies renouvelables – interruptions de la chaîne d’approvisionnement, retards de construction et certains projets ne respectant pas les échéances pour les programmes incitatifs. Cependant, les répercussions sur les investissements dans les nouveaux projets pétroliers seront probablement encore plus marquées – l’Agence internationale de l’énergie prédisant une baisse d’un tiers des dépenses en immobilisations liées à l’exploration et à la production en 2020 par rapport à 2019.La question fondamentale est la suivante : que se passe-t-il ensuite dans un monde post-pandémie? De plus en plus de voix s’élèvent en faveur de l’adoption d’une « relance verte » lorsque nous sortirons de cette crise et que les gouvernements commenceront à stimuler les économies. Cependant, nous observons un net fossé entre les programmes de l’Union européenne, où la Commission européenne et les leaders politiques soutiennent fermement cette idée, et d’autres pays comme les États-Unis, où il est plus probable que l’accent soit mis sur le sauvetage du secteur du pétrole et du gaz. Des « conditions vertes » peuvent également être rattachées aux plans de sauvetage d’entreprises dans des secteurs à forte intensité d’émission comme les compagnies aériennes, mais encore une fois, cette initiative semble plus probable en Europe que dans le reste du monde.Une répercussion économique intéressante de la pandémie mérite d’être soulignée : le changement comportemental, qui est la chose la plus difficile à réaliser en économie. Depuis le début de la pandémie, nous avons tous considérablement changé nos comportements, en remplaçant le temps passé au bureau par des appels vidéo et en réduisant le nombre de voyages d’affaires, pour ne citer que quelques transformations de notre vie professionnelle. Est-ce que certains de ces changements persisteront après la crise? Darryl White, chef de la direction de BMO Groupe financier, a parlé d’un « milieu de travail 2.0 », où les modèles de travail mixtes à domicile et au bureau deviennent la norme. Au Royaume-Uni, l’AA a déclaré s’attendre à voir des répercussions à long terme sur les déplacements quotidiens, car davantage de gens choisissent de travailler de la maison au moins une partie du temps. Si de tels changements comportementaux se produisent, ils pourraient favoriser la transition vers une économie mondiale à faibles émissions de carbone.Notre mobilisation à l’égard des changements climatiques Nous avons fait de la mobilisation à l’égard des changements climatiques notre principale priorité en 2020; les renseignements se trouvent ici.Lorsque le coronavirus a commencé à se répandre dans le monde, nous nous sommes demandé si nous devions réorienter notre programme élargi de mobilisation à l’égard des enjeux ESG afin de concentrer nos efforts sur la pandémie. Cependant, nous avons décidé de continuer à mettre l’accent sur les changements climatiques, tout en demeurant sensibles à la situation actuelle. Comme la pandémie devrait durer de nombreux mois, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre élan en ce qui a trait aux changements climatiques – en fait, nous devons recréer une dynamique alors que nous nous dirigeons vers les négociations de la COP26 reportées, peu importe leur date.Notre document de mobilisation à l’égard des changements climatiques décrit en détail notre structure visant à mobiliser les entreprises. Au bout du compte, nous nous attendons à ce que les entreprises passent d’une connaissance de base de la question des changements climatiques et de la relation qui existe entre ces derniers et leurs activités à une harmonisation de leurs objectifs d’affaires avec les objectifs de l’Accord de Paris. De nombreuses entreprises réagissent déjà en adoptant des stratégies ambitieuses, y compris des engagements à atteindre la carboneutralité. Bien que ces objectifs soient une bonne chose, nous nous attendons surtout aussi à ce que les entreprises montrent clairement la voie à emprunter pour les atteindre, en énonçant les mesures précises qu’elles ont l’intention de prendre. Lorsque les entreprises ne prennent aucune mesure, nous sommes prêts à utiliser notre vote lors des assemblées générales annuelles pour exprimer notre point de vue, car nous croyons que l’inaction à l’égard des changements climatiques compromet leur performance future à long terme.En partenariat avecBMO Global Asset Management

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