L’Etat italien cherche à sauver l’assureur Eurovita

L’injection de capital de son actionnaire Cinven n’a pas suffi à sortir l’assureur-vie italien de ses difficultés. Sa solvabilité s’est écroulée, ses clients ne peuvent plus retirer leur épargne et la compagnie, victime de la hausse des taux, est placée sous administration.
Assurance-vie
La compagnie d'assurance italienne était sous observation du régulateur depuis plusieurs mois, et les avoirs de ses clients étaient gelés.  -  Fotolia

C’est la première fois qu’une compagnie d’assurance tombe sous l’administration de l’Etat en Italie. La compagnie spécialisée dans l’assurance-vie Eurovita a été placée par décret du 29 mars 2023 sous administration extraordinaire. La dissolution des organes d’administration et de contrôle a été prononcée par le ministre des entreprises et du «Made in Italy» sur proposition du superviseur, l’Istituto per la vigilanza sulle assicurazioni (Ivass, l’Institut de contrôle des assurances). La compagnie était déjà sous observation depuis plusieurs mois, et les avoirs de ses clients étaient gelés.

Les autorités italiennes s’activent donc pour monter un sauvetage d’Eurovita par un groupe d’assureurs côté capital et de banques côté dette, dont Intesa Sanpaolo, selon des sources citées par Reuters. Contactée par L’Agefi, la banque italienne ne commente pas le processus en cours.

Car la compagnie a grand besoin d’être renflouée, et si son actionnaire majoritaire depuis 2016, le fonds de capital investissement britannique Cinven, vient de réinjecter 100 millions d’euros d’argent frais dans sa participation, cela n’a pas suffi. Les besoins seraient estimés à 400 millions, selon les mêmes sources. Mais les fonds de private equity, habituellement dotés d’une période d’investissement de cinq ans pour une durée de vie théorique de dix ans, ont naturellement des difficultés pour remettre au pot comme ici près de sept ans après l’opération initiale.

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Une solvabilité en chute libre

La quête d’argent pour sauver l’entreprise répond à la demande du superviseur italien de l’assurance Ivass qui a vu s’écrouler la solvabilité d’Eurovita. Selon le rapport de solvabilité de la compagnie pour l’année 2021, le ratio de couverture des capitaux de solvabilité exigés s’établissait à 133,8% en 2021, contre 172,2% en 2020, alors qu’en 2021 la moyenne des assureurs vie italiens atteignait 230% selon Fitch Ratings. Le rapport explique que le ratio est tombé sous le seuil de tolérance de 150%, baptisé «soft limit», et que la société a lancé des actions managériales spécifiques pour repasser au-dessus de cette barre.

Les raisons de la spirale de difficultés de la compagnie tiennent notamment à la réalisation du risque de «mass lapse» (la résiliation de masse), selon une note de Fitch Ratings du 2 mars 2023. Avec la hausse des taux d’intérêt, les épargnants ont liquidé leurs contrats d’assurance vie datés d’il y a quelques années pour les placer sur des supports offrant un meilleur rendement. Ce risque doit être couvert par une augmentation des capitaux prudentiels, d’où le réinvestissement de Cinven.

Ce dernier va d’ailleurs sûrement voir tout ou partie de la création de valeur de son investissement s’effacer, car il souhaitait vendre depuis au moins 2021, selon Reuters. Il avait de nouveau essayé de céder Eurovita sans succès à la fin de 2022 quand le régulateur avait estimé les besoins en capitaux frais à 250 millions d’euros. Les aventures entre le private equity et l’assurance ne finissent pas toujours bien.

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