JNI: les institutionnels en quête de simplicité et d’efficacité technologique

Comment les investisseurs institutionnels procèdent-ils pour choisir une plate-forme technologique performante et pérenne ? C’est la question qui était posée jeudi dernier lors d’une table ronde organisée dans le cadre de la Journée Nationale des Investisseurs (JNI).
Laurence Marchal
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La Caisse des Dépôts, qui gère 225 milliards d’euros d’actifs, a lancé en 2016 «un gros projet d’implantation de front, middle, back-office et de comptabilité avec Murex», a indiqué Laurence Giraudon, directrice du département finance et opérations de la direction des gestions d’actifs de la Caisse des Dépôts. «Nous avions un véritable enjeu de transformation de notre système d’information pour gérer de manière efficace et simple notre gestion d’actifs», justifie-t-elle. Le groupe possédait «cinq vieux systèmes qui permettaient de gérer nos actifs cotés sur toute la chaîne». L’idée était de remplacer cet ensemble par un système aux standards du marché, «d’avoir une chaîne STP (Straight-through processing, principe de traitement des opérations financières, ndlr) avec le moins de ruptures et le moins de tâches manuelles possibles», détaille Laurence Giraudon. Avec comme objectif «d’améliorer l’efficacité opérationnelle et de diminuer les risques opérationnels de saisie, d’erreurs», décrit-elle Cinq ans après son lancement, le projet arrive à son terme, et 2022 s’annonce comme une phase de «stabilisation». «Nous avons fait un premier bilan, nous sommes très satisfaits de la chaîne STP», s’est félicité Laurence Giraudon. Des efforts restent à faire sur la comptabilité, nuance-t-elle. Du côté d’EDF, qui gère 35 milliards d’euros d’encours, le choix a été fait de «repenser une partie de l’architecture en gardant quelques briques imposées», a expliqué Philippe Mimran, directeur d’EDF Gestion. L’idée était de mettre de l’ordre et de l’harmonie dans un système construit de manière anarchique. «Nous avions un empilement de différents outils qui tiennent plus du bricolage que d’outils pensés dès l’origine. Comme la gestion n’est pas le métier premier d’EDF, nous avons bâti cela au fur et à mesure des besoins. Avec l’augmentation de nos encours et la diversification des instruments, nous sommes arrivés à la limite de ce que le bricolage peut faire», relate Philippe Mimran, qui évoque lui aussi «une multiplication des erreurs». EDF a choisi de lancer un appel d’offres unique pour développer à la fois un outil de reporting et un outil de risque. Mais le processus n’est pas allé à son terme, car aucun prestataire n’était capable de répondre de manière satisfaisante à cette double demande. «Nous avons préféré abandonner cet appel d’offres, remettre tout à plat et recommencer», avoue Philippe Mimran. «Ce premier projet n’est pas un échec. Cela nous a permis de mieux préciser ce qu’on voulait et partir sur de bonnes bases», nuance-t-il. Préférence pour du sur-mesure Face à ces témoignages, Yann de Saint-Meleux, associé d’A2 Consulting, constate que si les solutions pour les sociétés de gestion ont beaucoup évolué, avec la création d’outils assez performants, les choses ne sont pas encore totalement au point pour les investisseurs institutionnels, surtout en dessous de 100 milliards d’euros d’actifs. Les offres se sont en effet multipliées, notamment des offres forfaitaires de la part des acteurs des services titres mais aussi de gestion d’actifs. Philippe Mimran confirme que cela ne correspond pas forcément à ses besoins. «Aladdin de BlackRock n’est pas un bon système pour nous, car il a trop de fonctionnalités. C’est conçu pour une société de gestion qui gère des centaines de fonds, qui a besoin de faire à la chaîne un grand nombre d’opérations identiques», estime le dirigeant d’EDF, qui penche plutôt sur du sur-mesure. Quant aux systèmes très intégrés fournis par les dépositaires, Philippe Mimran s’en méfie. «Avoir tous nos systèmes construits et dans la main d’un même acteur rendrait la transformation encore compliquée si on voulait en changer. Je craindrais d’être complètement dans la main d’un acteur pour évoluer». Une défiance que ne partage pas Laurent Majchrzak, deputy global head of 3D and global head of product de Caceis. «Il est extrêmement facile de changer de dépositaire. On ne vit plus avec ses prestataires le même type de relation qu’il y a cinq ans», assure-t-il. Philippe Mimran ajoute qu’il est irréaliste de croire qu’un seul acteur peut résoudre tous les problèmes. «Nos besoins changent sans arrêt. Il y a des demandes qui apparaissent comme l’ESG». Pour lui, «Le plus simple est de prendre des briques qui font bien les choses et de les assembler». Si Laurent Majchrzak a reconnu que Caceis n’était pas forcément le mieux placé pour tout faire, le groupe continue d'évoluer et a par exemple noué un partenariat avec un spécialiste en matière d’ESG.

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