
CNP Assurances retrouve des vents porteurs en obligataire

CNP Assurances revient aux fondamentaux, avec le sourire. Son portefeuille obligataire de plus de 200 milliards d’euros, écrasé par des années de taux bas, peut enfin respirer. Les équipes d’investissement ont eu du grain à moudre. En 2022, elles ont réalisé 30 milliards d’euros d’achats obligataires et 10 milliards de vente. «En fin d’année, nous avons pu réinvestir les tombées obligataires sur des souverains et du corporate de qualité, à des rémunérations attractives de 3 à 3,5%. Nous avons vendu des obligations de maturités courtes arrivant à échéance, pour réinvestir à des échéances plus longues, sans toutefois retrouver des maturités aussi élevées que lors de la période précédente de taux bas. Nous avons fortement relevé le rendement des investissements, à 2-2,5%sur l’année, ce qui soutient le rendement global des portefeuilles », déclare Josselin Kalifa, directeur des investissements France, dans les nouveaux bureaux de CNP Assurances, à Issy-les-Moulineaux. Le mandat d’Ostrum pérennisé jusqu’en 2030 Les planètes s’alignent pour la gestion obligataire. «Déterminées à contenir l’inflation, les banques centrales maintiennent un durcissement de leurs politiques monétaires, quitte à provoquer une récession. Un changement de politique n’est pas attendu avant fin 2023 ou 2024. La courbe des taux s’est fortement aplatie, le contexte est favorable à la gestion assurantielle traditionnelle », analyse Josselin Kalifa. L’assureur (270 milliards d’euros d’actifs sous gestion en France, hors unités de compte) consacre 75% de ses encours aux produits de taux dont 40% en dette d’Etat et 35% en crédit. La trésorerie représente 4%, les actions 10% et le non-coté 10% (5% pour l’immobilier et le reste entre le private equity et les infrastructures) des encours. Les portefeuilles d’épargne retraite «traditionnelle» (hors UC) des filiales italiennes et brésiliennes de CNP Assurances représentent environ 25 milliards d’euros, gérés par les équipes locales. En France, les poches obligataires et actions sont confiées à Ostrum AM (La Banque Postale – Natixis). A mi-2022, les discussions entre La Banque Postale (actionnaire majoritaire de CNP Assurances) et BPCE (actionnaire majoritaire d’Ostrum AM) ont conduit à un renforcement au renforcement du partenariat entre CNP Assurances et Ostrum AM. Le mandat du gérant a été pérennisé jusqu’en 2030. Prime à la régularité en private equity Pour son portefeuille actions, CNP Assurances a pu réaliser l’essentiel de son programme de plus-values en début d’année 2022 avant la baisse des marchés et le déclenchement de la guerre en Ukraine. «Notre programme de dérivés de taux et actions s’est également bien revalorisé. Nous maintenons une stratégie de couverture systématique sur les taux et actions », souligne Josselin Kalifa. Au cours de l’année, l’assureur est resté à l’écart des actifs risqués sauf pour quelques stratégies spécifiques (fonds actions biodiversité, fonds de place, tech). «La poche actions devrait être un peu réduite cette année, notamment en raison de l’application d’IFRS 9 et IFRS 17. Les actions pour compte propre représentent un surcroit de volatilité qui peut avoir un impact sur notre pilotage d’actifs», commente le directeur des investissements. Dans le non coté, les flux d’investissements restent réguliers dans le private equity, pour gommer les effets de millésimes. «Toutefois, les valorisations ont été globalement peu affectées par les corrections de marchés, nous serons donc moins allants sur cette classe d’actifs que les deux années précédentes. Nous nous positionnons également de plus en plus sur des co-investissements avec des gérants et des institutionnels», exprime Josselin Kalifa. En infrastructures, CNP Assurances garde de l’appétit. «Nous restons à l’affût d’opportunités d’investissement dans les infrastructures qui offrent de la diversification, une protection contre l’inflation et répondent à nos objectifs d’investissements durables», déclare le directeur. Début 2022, CNP a finalisé l’acquisition du «nouveau Suez» avec la Caisse des Dépôts, Meridiam, et GIP. L’assureur détient 8% du groupe. CNP va également continuer à construire sa poche en dette privée, qui reste toutefois «modeste». En revanche, l’assureur marque une réserve sur l’immobilier. «Les prix ont peu corrigé, la prime d’illiquidité reste peu élevée par rapport aux marchés liquides», juge Josselin Kalifa. Un milliard de fonds à impact pour 2025 En cohérence avec la Caisse des Dépôts et la Banque Postale, CNP Assurances a pris en 2022 des engagements forts pour ne plus investir dans les entreprises qui développent de nouveaux champs pétroliers ou gaziers, incompatibles avec un scénario 1,5 degré selon le scénario Net-Zero de l’Agence Internationale de l’Energie. «Notre exposition au secteur est donc en décroissance mécanique. Nous poursuivons le dialogue avec les majors pour faire évoluer leur stratégie afin qu’elles s’alignent sur l’Accord de Paris », affirme Vincent Damas, directeur RSE de CNP Assurances. Les stratégie de décarbonation des entreprises, lorsqu’elles sont soumises au vote des actionnaires à travers les «Say on climate»,seront surveillées lors des prochaines En 2021, CNP avait participé à huit votes ou résolutions externes, rejetant celles de Shell et TotalEnergies. En revanche, il avait soutenu la résolution externe demandant à Shell de fixer et publier ses objectifs climat. Cette année, CNP Assurances s’engage à rendre public tous ses votes. «Bien que les entreprises en portefeuille se soient toutes saisies du sujet climat, le niveau d’ambition est parfois insuffisant, ou sur des périmètres d’activités ou géographiques trop réduits. A travers notre engagement actionnarial, nous les incitons à adopter des politiques climat alignées sur la science et sur des périmètres suffisamment significatifs»,déclare Vincent Damas. L’assureur s’applique la même discipline demandée aux entreprises. Sa trajectoire de décarbonation doit être certifiée par les SBTi (science based target initiative) en 2024 sur tous les périmètres d’émission carbone. Engagé dans la Net-Zero Asset Owner Alliance, CNP Assurances veut produire des résultats à court terme. L’assureur vise une réduction de 25% de son empreinte carbone en obligations et actions corporate. Il compte également atteindre son objectif de 25 milliards d’euros d’investissements verts avant 2025. Les obligations vertes, dont il donne sa définition, prédominent. Les fonds à impact marquent une forte croissance. CNP espère doubler le stock à un milliard d’euros pour 2025. Chiffres clés des résultats annuels Le groupe a investi 30 milliards brut l’an dernier dans ses portefeuilles Total des actifs hors UCen valeur de bilan IFRS à la fin de 2022: 310,1 milliards d’euros Investissements verts groupe : 25,2 milliards d’euros, + 19.4 % par rapport à 2021 Dépassement de l’objectif de 25 milliards d’euros d’investissements verts avec trois années d’avance. Le nouvel objectif pour 2025 est rehaussé à 30 milliards d’euros Dépassement de l’objectif de réduction de 25 % de l’empreinte carbone du portefeuille d’investissements avec 2 années d’avance 25 milliards d’euros d’encours ont basculé dans le FRPS
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