
L’ETF bitcoin dope les espoirs du marché des cryptos

Les partisans du bitcoin se frottent les mains : les tout premiers ETF bitcoin investis au comptant dans le cryptoactif – et non via des contrats à terme – viennent d’être cotés aux Etats-Unis, à l’instar de ceux de BlackRock et de Ark/21Shares, suite à leur approbation par la SEC le 10 janvier. Le fait que le régulateur américain n’ait donné son accord que du bout des lèvres, son président Gary Gensler parlant toujours d’actif «spéculatif et volatil (…) utilisé pour des activités illicites», n’a pas entamé l’enthousiasme. «Pouvoir proposer des produits régulés rassure : c’est une étape importante dans la maturation de l’écosystème», estime Sébastien Badault, VP Enterprise de Ledger.
Ces ETF vont en effet permettre aux investisseurs américains, notamment les particuliers, de s’exposer au cryptoactif sans avoir recours à une plateforme spécialisée en crypto comme Coinbase ou Binance. Ils pourront le faire directement via leurs comptes-titres classiques, en bénéficiant en outre de l’avantage fiscal lié au véhicule ETF. «Wall Street a gagné la bataille : il va devenir moins cher de s’exposer au bitcoin via des ETF que par l’intermédiaire des plateformes d’échanges de cryptoactifs», se félicite Benoît Pellevoizin, CEO France de CoinShares, qui a pris en novembre une option d’achat sur Valkyrie, un autre émetteur autorisé par la SEC.
Jusqu'à 100 milliards de dollars de flux attendus
Des atouts qui font miroiter un marché très porteur. Les analystes de Standard Chartered sont tout particulièrement optimistes et pronostiquent des flux de 50 à 100 milliards de dollars sur ces instruments en 2024, en se basant sur l’impact de l’introduction des premiers ETP sur l’or.
Un des émetteurs autorisés par la SEC, Galaxy, se veut de son côté plus prudent et parle d’une quinzaine de milliards de dollars de souscriptions la première année. Pour WisdomTree, également lancé dans la course des ETF bitcoin aux Etats-Unis, la montée en puissance pourrait toutefois traîner : le temps que les investisseurs se familiarisent avec l’instrument, voire migrent leurs encours détenus via d’autres supports. «En Europe, les investisseurs institutionnels ont progressivement abandonné les produits à terme au profit des produits au comptant (…) Cela ne s’est pas produit du jour au lendemain», note ainsi Benjamin Dean, directeur, actifs numériques chez WisdomTree.
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L’effet pourrait en outre dépasser les frontières américaines. Les opérateurs européens s’attendent à un entraînement de leur propre marché des ETP crypto, qui plafonne à 7 milliards de dollars sous gestion selon Trackinsight. «Après une phase difficile, c’est une forme de retour en grâce pour ces produits», salue Thibaud de Cherisey, responsable de la distribution ETF au niveau EMEA chez Invesco et qui propose depuis 2021 un ETP bitcoin.
La décision de la SEC pourrait ainsi favoriser l’adoption de ces produits par une frange plus large d’investisseurs. «En Europe, les ETP bitcoin sont faciles d’accès dans un certain nombre de pays, mais pas partout : en France en particulier, ce sont des produits très peu distribués par les courtiers et les banques, soulève Benoît Pellevoizin. On peut donc espérer que ce phénomène d’institutionnalisation du bitcoin permette à ces distributeurs d’ouvrir les yeux sur l’intérêt de proposer ces produits dans les comptes-titres.»
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La bataille des frais
Un impact très direct est également à attendre pour l’industrie des ETF : plusieurs émetteurs américains ont décidé de proposer leurs produits avec des frais de gestion faibles, de l’ordre de 20 points de base, voire moins. C’est notamment vrai de grands gestionnaires d’actifs pour qui ces ETF bitcoin peuvent se révéler des produits d’appel pour une clientèle plus jeune. En Europe, les frais sont en revanche sensiblement plus élevés, autour de 100 pb. Les acteurs s’attendent donc à une harmonisation rapide des tarifs, pour ne pas manquer le décollage attendu du marché.
La plus grande interrogation reste l’impact que ces lancements sur le marché américain auront sur le cours du bitcoin lui-même. «Si les flux atteignent les 15 milliards de dollars en 2024, cela pourrait contribuer à porter le cours à 140.000 dollars», avance Benoît Pellevoizin. Standard Chartered mise même sur 200.000 dollars à horizon fin 2025. Des prévisions dopées par la perspective du «halving» au printemps prochain, à savoir la division par deux du nombre de bitcoins émis. Lors de la première séance de cotation des nouveaux ETF, la reine des cryptomonnaies a dépassé les 49.000 dollars. Un bon début.
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