
Les milliards de TotalEnergies et de CMA CGM attirent les convoitises

16 milliards de dollars en trois mois. C’est l’ampleur des bénéfices cumulés de TotalEnergies et CMA CGM au premier trimestre. Des gains stratosphériques que d’aucuns considèrent comme des surprofits car largement issus des perturbations de l’économie mondiale après la pandémie de Covid-19 et l’éclatement de la guerre en Ukraine. Le géant de l’énergie voit ses résultats dopés par l’envolée des cours du pétrole et du gaz quand le leader mondial de la logistique profite de la hausse des coûts du fret liée à la désorganisation des chaînes d’approvisionnement.
Dans un contexte de flambée de l’inflation et de ralentissement économique, ces super-profits attirent les convoitises. «Tout l’effort ne peut pas reposer uniquement sur l’Etat», a ainsi estimé Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, sur BFMTV lundi. Si le gouvernement semble, pour le moment, écarter la mise en place d’une taxe ciblée, il laisse planer la menace et cherche à obtenir des gestes volontaires de la part des entreprises concernées. Le ministre a ainsi rencontré le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, en début de semaine et il a confirmé mardi dans une interview aux Echos discuter avec CMA CGM.
Une goutte d’eau
En début d’année, le pétrolier avait déjà pris des mesures pour réduire la facture des automobilistes en mettant en place une ristourne de 10 centimes par litre à la pompe, d’abord dans certaines stations-service avant de l’élargir à l’ensemble de son réseau français. Arrêté le 15 mai dernier, le dispositif va se poursuivre cet été «dans les 123 stations-service [du groupe] situées sur les autoroutes de France», a indiqué Patrick Pouyanné lors de l’assemblée générale.
Le 30 juin, l’entreprise a annoncé une augmentation de cette ristourne, à 12 centimes, dans ses stations-services autoroutières du 1er juillet au 31 août et «considère positivement l’idée d’étendre la remise au-delà de l’été en liaison avec le gouvernement».
Les aides consenties par le groupe – elles étaient chiffrées à 50 millions d’euros en février dernier et sont probablement plus proches de 100 millions aujourd’hui - représentent une goutte d’eau par rapport aux profits que devraient réaliser TotalEnergies cette année. Après 9 milliards de dollars (8,6 milliards d’euros) enregistrés sur le seul premier trimestre, le résultat net ajusté du groupe est attendu à 31 milliards sur l’ensemble de l’exercice par le consensus des analystes compilé par Factset. Toutefois, et même si la hausse des marges de raffinage devrait porter les bénéfices réalisés en France cette année, le groupe va continuer à enregistrer l’essentiel de ses gains à l’international, ce qui rend la perspective d’une taxation de ses profits par le gouvernement français assez incertaine. En 2021, TotalEnergies avait ainsi reporté un résultat fiscal déficitaire et n’avait pas acquitté d’impôt sur les sociétés dans l’Hexagone.
+7 milliards en deux ans
De son coté, CMA CGM, moins connu du grand public et non coté en Bourse, se fait plus discret. Contacté, le groupe n’a d’ailleurs pas répondu aux sollicitations de L’Agefi. L’envolée de ses profits est pourtant encore plus spectaculaire que celle de son compatriote de La Défense. Depuis plus de deux ans, la hausse est quasiment exponentielle. Le résultat net du groupe marseillais est passé d’une perte de 122 millions de dollars au quatrième trimestre 2019 à un gain de 7,2 milliards au premier trimestre de cette année. A ce rythme, son profit annuel pourrait approcher les 30 milliards de dollars en 2022.
Si, mi-mai, l’entreprise a annoncé des initiatives pour améliorer la fluidité de la chaîne d’approvisionnement aux Etats-Unis, elle a jusqu’à présent surtout utilisé cette manne financière pour réaliser des acquisitions. Depuis le début de l’année, CMA CGM a acquis l’activité Commerce & Lifecycle Services d’Ingram Micro, le spécialiste du dernier kilomètre Colis Privé et le logisticien automobile Gefco. Plus récemment, il a aussi aidé Air France-KLM à boucler son augmentation de capital en prenant 9% de la compagnie aérienne soutenue à bout de bras par l’Etat français depuis le début de la crise sanitaire.
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Marine Le Pen accuse la gauche de vouloir « refaire des Juifs des parias »
Paris - La gauche française et européenne «veut refaire des Juifs des parias», a accusé lundi la dirigeante du RN Marine Le Pen, en réaction à la proposition d’Olivier Faure (PS) de faire flotter des drapeaux palestiniens au fronton des mairies le jour de la reconnaissance de l’Etat palestinien par la France. «Il veut ce que veut toute la gauche française et européenne, c’est-à-dire refaire des Juifs des parias», a affirmé la présidente des députés d’extrême droite sur Europe 1-Cnews, jugeant que ces «propos», ces «actions», «puisent leur source dans un antisémitisme d’une violence inouïe». Elle a reproché au premier secrétaire socialiste de souhaiter «peut-être un jour les faire partir». Selon elle, les Juifs «commencent à avoir tellement peur en Europe et en France que, pour certains, ils se disent qu’ils n’ont pas d’avenir dans notre pays», a-t-elle insisté, estimant que «c’est dramatique parce que notre pays est le leur». «On s’attaque à des étudiants parce qu’ils sont juifs, on s’attaque à des chanteurs qu’on veut interdire d’Eurovision parce qu’ils sont juifs, on s’attaque à des gamins parce qu’ils sont dans un avion et qu’on leur demande de descendre», a-t-elle énuméré, convaincue que «tous ces actes-là devraient susciter une indignation majeure, massive». La France doit reconnaître le 22 septembre à l’ONU l'État palestinien, une volonté d’Emmanuel Macron qui y a œuvré diplomatiquement depuis plusieurs mois. Pour Marine Le Pen, cette reconnaissance par la France intervient à un «moment catastrophique». «C’est donner en réalité quitus au Hamas», a-t-elle estimé, voyant des visées électoralistes dans la décision d’Emmanuel Macron. «Il cherche à caresser dans le sens du poil un électorat dont il pense que demain, aux municipales, dans des législatives, il aura besoin», a-t-elle déclaré. Le Rassemblement national a rompu ces dernières années avec l’antisémitisme associé aux propos négationnistes de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, qui lui avaient valu d'être condamné par la justice. Fin mars, le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, avait été le premier dirigeant du RN officiellement invité par le gouvernement israélien. © Agence France-Presse -
La Bourse de Paris reste prudente dans l’attente d’une baisse des taux de la Fed
Paris - La Bourse de Paris évolue en repli mardi, à l’entame des deux jours de réunion du comité monétaire de la banque centrale américaine (FOMC), le marché anticipant une première baisse des taux d’intérêt de la puissante institution américaine. L’indice vedette CAC 40 reculait de 22,04 points (-0,28%) à 7.874.89 points vers 09H40. Lundi, il a gagné 71,69 points (+0,92%), à 7.896,93 points. Les investisseurs s’attendent à ce que la banque centrale américaine procède à une baisse de 25 points de base (-0,25%) de ses taux d’intérêt, qui sont dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre 2024. L’issue de la réunion sera connue mercredi soir et le discours du président de l’institution monétaire américaine «sera scruté mot à mot pour savoir si le cycle de baisse est ponctuel ou s’il ouvre la voie à une série de coupes», résume John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank, dans une note. Les investisseurs seront aussi très attentifs à l’actualisation des anticipations de court et moyen termes des membres de la Fed en matière d'évolution des taux. Le mandat du président de la Fed, Jerome Powell, est clair: fixer les taux d’intérêt de façon à ce que l’inflation reste stable (autour de 2%) et que le plein-emploi soit assuré aux Etats-Unis. Or, le marché de l’emploi se fragilise mais l’inflation demeure au-dessus de l’objectif de 2%, rendant l'équilibre entre les deux éléments difficile à trouver. Pour autant, «le marché du travail américain s’avère bien plus faible que ce que les marchés anticipaient» et «cette détérioration est la principale raison pour laquelle la Fed devrait à nouveau réduire ses taux», marquant «un changement de priorité pour ce double mandat de la Fed», estime Carlos de Sousa, gérant de portefeuille de Vontobel. C’est aussi sans compter sur la très forte pression politique que reçoit la banque centrale américaine de la part du président Donald Trump qui réclame à cor et à cri des baisses de taux depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier. Jerome Powell est «pris en étau entre la pression politique de la Maison-Blanche, les attentes des investisseurs et le scepticisme» des présidents des antennes régionales de la banque centrale américaine, en désaccord sur l’ampleur des baisses des taux auxquelles l’institution monétaire devrait procéder, explique M.Plassard. Le taux d’emprunt français au-dessus de l’italien Sur le marché obligataire, le taux de l’emprunt français à dix ans évoluait à 3,47% vers 09h40, après avoir clôturé la veille à 3,48%, «au-dessus de son équivalent italien pour la première fois depuis 1999" qui, lui, a terminé à 3,47%, soulignent les économistes de Deutsche Bank. Ce dernier évoluait à 3,47% vers 09H40. Euronext CAC40 © Agence France-Presse