
Le médiateur des entreprises déplore un regain de la défiance

Attention, confiance fragile. Alors que la médiation des entreprises cherche à instaurer la confiance dans les échanges commerciaux interentreprises, 2022 a représenté un véritable défi.
«L’année 2022 a été particulièrement difficile avec un retour de la défiance, déplore Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises. Face à la hausse des coûts, les acheteurs parlent de ‘profiteurs de crise’ au lieu de privilégier le dialogue avec les fournisseurs.» Or la concertation représente un élément d’efficacité et de compétitivité. «Nous constatons que les entreprises qui ont privilégié l’échange ont mieux géré les situations complexes des derniers mois», assure Nicolas Mohr, directeur général de la médiation des entreprises.
Prix de l'énergie
Au nombre de 3.700, les interventions de l’instance nationale sont en baisse sur l’année par rapport aux 5.200 de 2021 mais au second semestre, suite aux hausses de prix records de l’énergie, les saisines ont rebondi. Elles étaient de 10% supérieures à celles du second semestre 2021. Et l’évolution se confirme en ce début d’année, signe palpable d’une montée des dossiers sensibles.
Sur 3.500 dossiers traités l’an dernier, 2.100 ont pris la forme de sollicitations – demandes d’information -, un niveau trois fois plus élevé qu’en 2019. Les demandes concernaient notamment l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie, en particulier les révisions de prix de marché et les résiliations abusives de contrats (le quart des sollicitations), surtout en fin d’année.
40% des sollicitations ont débouché sur une saisine de la médiation, le sujet représentant 10% de l’activité, émanant notamment des TPE et PME.
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Délais de paiement
Avec 30% des cas, les conditions de paiement restent toutefois le premier motif de saisine du médiateur des entreprises. «Nous sommes favorables à tous les dispositifs de ‘paiement fournisseur avancé' qui peuvent soutenir la trésorerie des fournisseurs», appuie Pierre Pelouzet.
Point clé pour des échanges apaisés, la bonne compréhension entre partenaires. Ainsi, à côté d’interventions au cas par cas, la médiation des entreprises développe des solutions spécifiques par secteur, notamment des comités de crise rassemblant fournisseurs, distributeurs et représentants d’entreprises. En avril 2022, un comité de crise sur l’énergie a été instauré, en vue d’éviter des comportements mettant en difficulté les acheteurs.
Créé en 2021, le comité de crise de la filière BTP va bientôt pouvoir proposer un outil construit par l’Insee donnant de la transparence sur les coûts des matériaux de construction. D’autres actions concernent les filières du nucléaire, de la cosmétique, l’aéronautique ou encore les relations entre distributeurs et fournisseurs. Le référencement des cabinets de conseil en crédit impôt recherche (CIR) et crédit impôt innovation (CII) s’est accéléré l’an dernier, facilitant l’utilisation de ces dispositifs par les entreprises de taille réduite.
Aides méconnues
La médiation se charge aussi d’informer les entreprises sur leurs problématiques d’achats, dont les dispositifs d’aides. «Beaucoup de TPE n’ont pas connaissance du tarif réglementé de l’énergie ni ne réclament les aides qu’elles pourraient obtenir avec une démarche très simple», regrette le médiateur. Les bonnes pratiques sont mises en évidence, les bons comportements valorisés avec une liste publique tandis que les comportements anormaux sont traités sur un mode confidentiel.
La médiation a mis en place une charte des relations fournisseurs et achats responsables (RFAR) qui, nonobstant la crise, rallie un nombre croissant (+33%) d’entreprises avec plus de 2.300 signataires à fin 2022. Le label ISO des achats responsables qu’elle a créé compte 78 labellisés à ce stade.

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