
La digitalisation du trade finance cherche un nouveau souffle

Une hécatombe. We.trade mi-2022, en fin d’année TradeLens, avant Marco Polo, autant de plateformes vouées à la digitalisation du trade finance contraintes de fermer boutique. Consortiums bancaires pour la première et la troisième, animée par le géant des mers Maersk et IBM pour la deuxième, «ces outils ont, selon un fin connaisseur du financement du commerce international certainement fait avancer la digitalisation de ce métier, mais n’ont pas été en mesure d’atteindre la taille critique en opérant comme des clubs fermés». Ne communiquant pas entre eux, donc. Or, l’interopérabilité est clé. Le secteur doit en tirer les conséquences.
Les réflexions passent en France par le labeur d’un groupe de travail Paris Europlace, animé par Béatrice Collot et Philippe Henry. Déjà mobilisé sur le sujet, ce groupe d’experts s’est vu confier en novembre dernier une mission par pas moins de trois ministres (Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, et Olivier Becht, ministre délégué chargé notamment du Commerce extérieur). De quoi donner à cette quête complexe davantage de lumière encore sous l’impulsion de la puissance publique. Notamment selon le vœu de cette dernière pour démocratiser l’accès au trade finance aux petites et moyennes entreprises.
Comme prévu en novembre, le groupe de travail s’apprête à remettre son rapport, d’ici quelques semaines.
Il s’agit en premier lieu de permettre l’adaptation en droit français de la loi-type sur les documents électroniques de la Commission des Nations unies pour le droit commercial international (Cnudci) ou MLETR (Model law on electronic transfer records). Cela afin de garantir l’équivalence de reconnaissance juridique des documents numériques face aux documents papier. Cela n’a l’air de rien mais pourrait par exemple passer par une évolution du Code civil. Ce qui n’arrive pas si fréquemment. Il faut convaincre le législateur que le bénéfice pour les utilisateurs du trade finance en vaut la peine.
Adoption
Naturellement, les efforts français seraient vains si la loi par le biais de la MLETR ne permettait pas de numériser le parcours du trade finance, avec en premier lieu aujourd’hui l’antique connaissement maritime ou bill of lading. Une poignée de pays dont Singapour ont déjà franchi le pas, et la France fait la course avec les voisins britanniques. Ces derniers ont une longueur d’avance, avec une loi déjà écrite et probablement votée cette année.
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Mais au-delà de cette approche juridique, le groupe de travail planche sur l’aspect technologique. En pensant donc aux échecs récents. Echecs de modèle économique plus que strictement technologiques, d’ailleurs. Pour plaider le chemin à suivre, le groupe de travail s’est fait fort d’impliquer l’ensemble de l’écosystème. Les entreprises, une fois acheteur l’autre vendeur, et leurs banques, bien sûr, mais aussi les transporteurs, les logisticiens, les douanes, …
En amont, le groupe de travail Paris Europlace se penche également au sein de ses observations et recommandations sur la formation au commerce international et à ses modes de financement. «Ce n’est pas un hasard si les pays qui ont du succès à l’export sont ceux où la formation, initiale comme continue, est la plus développée», pointe il est vrai notre spécialiste du secteur du trade finance.
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