
L’ACPR chiffre le premier impact de la crise sur les banques et les assureurs

Si les banques françaises sont « plus résistantes » qu'à l’aube de la crise financière de 2008, « les résultats du premier trimestre 2020 portent déjà la trace des difficultés économiques et du choc sur les marchés financiers » liés à la crise sanitaire, a constaté ce matin François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lors de la présentation du bilan annuel de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Alors que confinement en France a débuté deux semaines seulement avant la clôture des comptes à fin mars, « les résultats trimestriels des quatre premiers groupes bancaires français (BNP Paribas, Société Générale, groupe Crédit Agricole et groupe BPCE) voient notamment la baisse de leur produit net bancaire de 4,8 % ainsi qu’une augmentation de 130 % de la charge du risque et en conséquence une diminution de leur résultat net de près de 50 % par rapport au premier trimestre de l’année précédente, poursuit le banquier central, également président de l’ACPR. Par conséquent, une surveillance active des organismes et établissements financiers est nécessaire pour s’assurer que leur solidité financière reste suffisante ».
Marges de manoeuvre
Si l’Autorité bancaire européenne (EBA) estime l’impact de la crise sur les banques de l’Union européenne « entre 230 et 380 points de base de ratio de capital CET 1 » (soit 2,3, à 3,8 points de pourcentage), le gouverneur rappelle que « les banques ont des marges de manoeuvre supplémentaires », compte tenu des assouplissements prudentiels consentis par les régulateurs du continent. « Ceci représente un abaissement temporaire du ratio minimum de capital requis d’environ 3 points de pourcentage pour les banques françaises », souligne François Villeroy de Galhau.
20 à 30 points de Solvabilité 2 en moins
Pour les compagnies d’assurance françaises, la crise a déjà entraîné « une baisse de la solvabilité […] de l’ordre de 20 à 30 points au 31 mars », déclare Bernard Delas, vice-président de l’ACPR. « La chute des marchés financiers, la baisse des taux d’intérêt, la hausse des primes de risque et la dégradation des notations ont un impact direct sur la valorisation des actifs et sur l’évaluation des provisions techniques qui, elles-mêmes, dépendent de la sinistralité », énumère-t-il. Pour autant, « ce ratio est très volatil et sensible aux variations des taux et il est très difficile de prévoir son évolution pour les trimestres à venir ».
A fin 2009, le ratio de solvabilité des assureurs français s’établissait à 263 %, en progression de 37 points sur un an. L’essentiel de la hausse, soit « 30 points », est liée à un assouplissement réglementaire. Bercy a autorisé fin décembre l’intégration d’une partie de la provision pour participation aux bénéfices des assurés dans le calcul des fonds propres éligibles, suite aux demandes de la profession touchée par les taux bas.
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Paris - «C’est pas une sortie à la Mendès-France, mais en rase-campagne», ironise un cadre du camp présidentiel. Neuf mois après l’avoir supplanté, François Bayrou cède Matignon à Sébastien Lecornu, un échec pour le centriste qui devait forger des compromis au Parlement et avec les partenaires sociaux. François Bayrou ne s’est pas éternisé pour son discours de passation. Sébastien Lecornu non plus, qui l’a raccompagné à la porte du 57, rue de Varenne. Le patron du MoDem a auparavant promis «d’aider» son successeur à Matignon. Il a exhorté le pays et sa classe politique à se «rassembler». Et comme il l’a souvent fait ces dix derniers mois, il a appelé à «inventer le monde nouveau» qui «va s’imposer» à partir de la «réalité». Une claire allusion à l'état d’endettement du pays, son mantra depuis un quart de siècle, dont le constat maintes fois répété n’a pas empêché le renversement de son gouvernement par l’Assemblée. Sébastien Lecornu s’y est référé en évoquant l’"extraordinaire courage» avec lequel son prédécesseur a défendu ses «intimes convictions de militant et de citoyen». Tout en ajoutant, dans un discours laconique: «il va falloir aussi changer, être sûrement plus créatif, plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions». La scène résume bien l'état d’esprit du camp macroniste, où la mansuétude n’est guère de mise pour un Premier ministre qui, après s'être imposé à Emmanuel Macron, a semblé accélérer sa chute avant même l’examen du budget. La promesse d’un renouveau du dialogue social et politique, porté par le dirigeant centriste adepte de la «co-responsabilité», a échoué lors du conclave entre partenaires sociaux sur les retraites, puis sur ce faux-départ budgétaire sans négociation estivale, après la présentation d’un plan drastique mi-juillet. Jusqu'à ce vote de confiance sollicité à la surprise générale. «C’est malin», écrit, après cette annonce, une ex-ministre MoDem dans une boucle interne. Sauf que les conditions d’une issue positive du vote n’ont été négociées ni avec le PS, ni avec le RN. Surprise dans les rangs du parti, comme au sein du gouvernement, dont les membres n’ont été informés que quelques minutes auparavant. «Jamais rêvé de Matignon» Au sommet de l’Etat, on prend soin de ne pas accabler le Premier ministre, tout en insistant sur le caractère inédit de la méthode. Lors d’un déjeuner à l’Elysée, la semaine dernière, Emmanuel Macron aurait même évoqué l’idée de renoncer à ce vote de confiance, selon l’entourage de l’un des participants. François Bayrou «a échoué sur ce qui était pourtant censé être un mantra, c’est-à-dire une capacité à dialoguer. C’est quand même singulier d’entrer à Matignon en ayant la responsabilité de devoir trouver une voie de passage et de compromis et de se montrer inflexible à toute concession», juge un cadre d’un des partis du bloc central. En témoigne le détail du vote de l’Assemblée lundi: seuls 194 députés lui ont accordé la confiance. François Bayrou n’a pas fait le plein dans le socle commun. 13 députés des Républicains ont même voté contre, et 9 se sont abstenus. «C’est d’une tristesse pour lui... Quarante ans de vie politique qui finit comme ça. Et puis dans l’indifférence générale. Voire dans le soulagement», feint de s'émouvoir un cadre du camp macroniste. Carrière terminée ? C’est mal connaître le Béarnais, murmurent ses proches. Non, François Bayrou ne nourrit pas d’ambition présidentielle. «Ma liberté c’est que je savais, en passant le portail ici, que ça n'était pas compatible», expliquait-t-il à l’AFP début août. Mais «son projet n'était pas d'être Premier ministre mais président de la République. Il n’a jamais rêvé d'être à Matignon», glisse un de ses proches. Le Premier ministre sortant a déjà cédé le pas dans la course à l’Elysée au profit d’Emmanuel Macron en 2017. Et pour la suite ? Un soutien à Edouard Philippe ou à Gabriel Attal n’a rien d’une évidence, tant les relations sont fraîches. Et François Bayrou est encore, jusqu’en 2027, président du MoDem. Baptiste PACE © Agence France-Presse -
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