«Nous ne devons plus être dépendants de la Silicon Valley»

Après Self Trade, Poweo et AgroGénération. Charles Beigbeder, fondateur et PDG d‘Audacia, a mis en Bourse sa société de private equity. Dotée de 400 millions d’euros sous gestion, elle vise les un milliard d’euros d’actifs en 2025. Charles Beigbeder nous explique comment.
Réjane Reibaud
charles-beigebder-audacia.jpg

Audacia est une société qui existe depuis 2006 mais vous l’avez faite coter en Bourse seulement en septembre 2021. Pour quelle raison? Nous souhaitions accélérer les capacités de développement d’Audacia. Avec l’argent levé, soit 7,5 millions d’euros pour 23% du capital, l’idée était de pouvoir amorcer de nouveaux fonds et de nouvelles stratégies. Dans le monde du capital investissement, cela peut paraître faible comme montant à côté des grands acteurs comme Antin, mais cela nous permet d’amorcer les nouveaux fonds et de créer un effet de levier sur la collecte. Cette somme a contribué par exemple au lancement de notre fonds immobilier spécialisé en coliving, celui sur le spatial et un sur l’agriculture durable. Cela permet aussi évidemment de mettre un coup de projecteur sur notre activité, notre travail, d’attirer des candidats et des partenaires. Etait-ce nécessaire aussi dans le cadre du nouvel axe stratégique d’Audaciaque vous aviez entamé en 2016 ? Nous avons commencé en effet à faire évoluer notre stratégie lorsque le gouvernement a supprimé l’ISF (impôt sur la fortune) pour mettre en place l’IFI (impôt sur la fortune immobilière). Nous avons été parmi les leaders de l’investissement dans les PME grâce aux ressources apportés par l’ISF, en finançant 350 PME françaises avec 750 millions d’euros levés en 10 ans. Mais les fonds fiscaux sont désormais moins demandés. J’ai donc décidé de créer un pôle venture au sein d’Audacia qui se positionne sur des innovations de rupture En parallèle, j’ai aussi lancé l’activité d’investissement immobilier sur la niche du coliving. Le concept plait aux jeunes actifs et la rentabilité des investissements est très forte puisque les surfaces sont louées en moyenne 30% plus chères que le reste du marché. Dans ce contexte de développement de nouvelles stratégies, il nous fallait attirer de grands investisseurs. Et pour cela, les fonds doivent avoir déjà une certaine taille. Une introduction en Bourse permet aussi d’aligner l’intérêt des actionnaires, celui des porteurs de parts des fonds et surtout démocratise l’accès au private equity. Ces deux nouvelles activités sont-elles désormais les principales? Les fonds fiscaux représentent encore l’essentiel de notre chiffre d’affaires car les millésimes de 2015 à 2018 sont toujours actifs. Mais cette activité a vocation à devenir graduellement minoritaire, celle concernant les nouveaux fonds croissant rapidement et représente déjà une part significative de notre chiffre d’affaires. Quel est l’impact de ce repositionnement sur le type de clients que vous ciblez? Les clients ne sont effectivement plus tout à fait les mêmes. Nous avons bien sûr toujours des particuliers fortunés qui souscrivent via les conseillers en gestion de patrimoine et les banques privées dans nos fonds professionnels, mais nous avons aussi quelques petites mutuelles et des fonds de fonds. Nous avons eu aussi nos premiers clients à l’international, à Londres, mais aussi en Asie. Notre stratégie quantique Quantonation est en effet unique au monde et intéresse beaucoup. Les prochains fonds que nous lançons, d’une taille de plusieurs centaines de millions d’euros pourront intéresser les investisseurs institutionnels plus classiques. Dans le venture, que privilégiez-vous comme segment d’entreprises? Nous visons des entreprises développant une technologie deep tech au travers de nos fonds thématiques ou multisectoriels. La deep tech est un centre d’intérêt très fort pour moi car j’ai envie de participer à l’émergence de champions européens. Nous ne devons plus être dépendants de la Silicon Valley dans un certain nombre de domaines. Le plus dur pour une activité comme celle-ci est de s’entourer d’experts pour trouver les meilleures opportunités. Avec Christophe Jurczak, ancien directeur général de Poweo, nous avons créé le fonds quantique Quantonation en 2019. Pour le fonds sur l’espace, c’est Pierre-François Vilgrain qui nous a rejoint récemment. Il a travaillé pour des entreprises comme Airbus et Ariane Group. Je souhaite qu’Audacia devienne un pôle d’entrepreneurs pour lancer des fonds.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...