Damien Charlet : «Très honnêtement, il n’y a pas de demande des clients particuliers sur les critères ESG»

Interview avec Damien Charlet, directeur de la gestion sous mandat de Meeschaert AM
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L’AGEFI : Comment est organisée la sélection de fonds chez Meeschaert ?

Damien Charlet : Historiquement, nous intégrons des fonds externes dans les mandats afin de bénéficier du savoir faire des meilleurs gérants sur certaines stratégies, classes d’actifs ou géographies que nous maitrisons moins. Ceci nous a logiquement amené à proposer à la clientèle privée en gestion libre (hors mandats) d’investir dans ces fonds. De leur propre chef ou après échanges avec leur gérant privé, les clients piochent dans cette liste pour compléter leur allocation stratégique.

Dans votre équipe, comment choisissez-vous les fonds que vous ouvrez à votre clientèle privée ?

Il y a deux moteurs. Le premier moteur pour nous est d’avoir une liste de fonds qui couvre l’essentiel des classes d’actifs et des géographies. L’essentiel n’est pas d’avoir des centaines de fonds mais trois ou quatre fonds pour chaque classe d’actifs, chaque géographie, ou pour des stratégies bien particulières type performance absolue.

Ensuite, on essaie d’avoir quand c’est possible, des fonds aux profils différents dans chaque classe d’actifs et chaque géographie. Cela peut passer par des approches sectorielles ou devises différentes.

Régulièrement, nous informons les gérants privés pour qu’ils sachent vers quels fonds se tourner en fonction des cycles de marché. Cela fonctionne comme un système de feu vert, feu orange ou feu rouge.

Enfin, par rapport à un gérant de fonds classique, nous exigeons aussi que tous les fonds sélectionnés soient agréés par les assureurs vie avec lesquels le groupe travaille et notamment Swiss Life , notre principal partenaire.

Quel est le deuxième moteur ?

Il peut provenir d’une recommandation d’un gérant privé ou d’un client qui nous demande s’il peut acheter tel ou tel fonds. On regarde alors le fonds en question suivant nos process habituels

Quels sont les critères qualitatifs ou quantitatifs appliqués ?

On analyse les fonds de manière pragmatique et simple. Au niveau quantitatif, on regarde d’abord l’historique de performance, puis la volatilité et les draw down (perte maximale) en cas de crise. Nous n’avons pas forcément besoin, ni envie, d’avoir le premier de la classe, mais un fonds qui résiste bien sur la durée. Dans l’idéal, dans le premier quartile mais avec une volatilité inférieure à ses pairs.

Au niveau qualitatif, on regarde la stabilité des équipes de gestion, la transparence sur le reporting, l’accès au gérant et au spécialiste produit, et la facilité à comprendre ce qu’ils font dans le fonds. Du coup, nous ne sélectionnons pas de fonds quantitatifs, ou avec trop de de stratégies optionnelles. SI à certains moments on ne comprend pas les mouvements de valeur liquidative, cela de nous plait pas.

Nous avons donc dans notre liste des fonds assez purs, rarement des fonds diversifiés car quand les gérants commencent à bouger leur allocation sans qu’on le sache, cela nuit à la construction de nos portefeuilles.

Enfin, pour chaque fonds nous concluons une convention de distribution avec la société de gestion. C’est nécessaire pour pouvoir bénéficier des rétrocessions en gestion libre. En gestion sous mandat, il n’y a plus de rétrocessions.

Combien de fonds aujourd’hui ou sociétés de gestion sont dans votre liste ?

Nous avons une quarantaine de fonds gérés par une vingtaine de sociétés de gestion.

Y’a-t-il des ETF dans votre sélection ?

Oui. Nous mettons dans nos listes des ETF très simples, indiciels, et qui détiennent véritablement les sous-jacents. Mais nous en avons peu et ils sont utilisés en général soit pour une thématique précise ou une géographie bien particulière.

Remarquez-vous une hausse de la demande de la part des clients en fonds ESG ?

Très honnêtement, on ne peut pas dire pour l’instant qu’il y a de la demande des clients particuliers sur ces critères. C’est plutôt un phénomène institutionnel, mais ce n’est pas la priorité des clients privés. On regarde bien sûr ces critères et on essaie d’avoir des bons fonds ESG. Pratiquement tous les fonds que nous avons sélectionnés sont classés article 8 selon la réglementation européenne SFDR. Dans l’équipe de gestion diversifiée il y a une équipe dédiée qui fait de l’audit ESG des fonds : notre offre de fonds externes aux clients privés en gestion libre s’appuie de plus en plus sur leurs analyses

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