
Natixis paie la sensibilité des marchés au risque de liquidité
Le risque de liquidité est l’épée de Damoclès qui flotte au-dessus des marchés obligataires. La question se pose avec une acuité toute particulière pour les fonds qui offrent à leurs clients la possibilité de retirer leur argent tous les jours, mais qui investissent dans des actifs peu ou pas liquides pour aller chercher du rendement. C’est à cette aune qu’il faut lire le plongeon boursier de Natixis jeudi. L’action de la banque a perdu près de 13% en séance, après que Morningstar a suspendu mercredi la notation d’un fonds du gestionnaire H2O AM, dont Natixis IM détient 50% du capital. La boutique est l’une des success story de Natixis, et s’avère très rentable avec 360 millions d’euros de bénéfice net l’an dernier.
Que reproche-t-on à H2O AM ? D’avoir investi une petite partie de ses actifs dans des obligations d’entreprises de la galaxie Lars Windhorst, un financier allemand à la réputation sulfureuse. Un article du blog du FT, Alphaville, s’interrogeait aussi sur les conditions de valorisation de ces investissements pour lesquels il n’existe souvent pas de prix de marché fiable.
Certains observateurs ont immédiatement fait le rapprochement avec deux accidents industriels récents, ceux du gestionnaire suisse GAM et du britannique Woodford, obligés de geler les retraits sur des fonds qui avaient investi en masse dans des titres illiquides. Le parallèle est abusif. H2O AM a fourni jeudi des explications détaillées sur ses fonds, et n’a jamais caché à ses souscripteurs son appétit pour le risque. Son exposition aux obligations d’entreprise non notées s’inscrit dans la fourchette autorisée qu’il communique aux investisseurs, et le fonds regorge de cash. Rien de comparable, donc, avec un Woodford, qui a violé ses limites d’investissement dans des actions non cotées, ou avec GAM, dont le processus de gestion était contesté.
A cet égard, la correction boursière de l’action Natixis peut sembler exagérée, mais elle traduit bien l’extrême sensibilité des investisseurs à cette question. Il faudra désormais surveiller les flux entrants et sortants sur les fonds de H2O, car in fine, ce sont les clients du gérant d’actifs qui serviront de juge de paix dans cette affaire.
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