
Sofinnova s’allie à Apollo mais cultive son indépendance

Les expertises françaises peuvent parfois taper dans l’œil des Américains. C’est le cas de Sofinnova Partners, pionnier français du capital-investissement spécialisé dans les sciences de la vie. Apollo, une des plus grandes sociétés de private equity au monde, dont les encours se montent à près de 500 milliards de dollars, a pris une participation minoritaire de 20% du gérant français. Cette opération se fera via une augmentation de capital. Apollo sera donc aux côtés des managing partners aujourd’hui actionnaires de Sofinnova. Neil Mehta, associé et responsable mondial de la stratégie chez Apollo, rejoindra le conseil d’administration de Sofinnova, mais le gestionnaire français précise qu’il «continuera à opérer depuis son siège parisien en tant qu’organisation indépendante».
Indépendance non négociable
Cette indépendance est d’ailleurs un des points saillants de ce partenariat. «Lorsque nous avons commencé à chercher un partenaire, nous avons fixé comme préalable de rester indépendants. Cela nous permet de garantir la pérennité de notre marque, que nous avons construite en cinquante ans, mais aussi des équipes», explique à L’Agefi Antoine Papiernik, président et managing partner de Sofinnova Partners.
Cette stratégie de développement est clairement assumée par Sofinnova, qui se démarque d’autres sociétés de private equity dans le secteur de la santé. Life Sciences Partners, qui gérait 2,2 milliards d’euros d’actifs, un montant proche des 2,5 milliards d’encours de Sofinnova, a par exemple été rachetée au mois de novembre dernier par EQT pour un peu moins de 500 millions d’euros.
Croissance
Outre cette participation minoritaire, Apollo contribuera jusqu’à 1 milliard d’euros à la levée des fonds d’investissement de Sofinnova. Ce partenariat permet donc à la société d’«accélérer considérablement sa croissance», explique-t-elle dans un communiqué. «Il est très important aujourd’hui, pour continuer à croître sur le secteur des sciences de la vie, d’atteindre une masse critique. Nous allons continuer à embaucher de nouvelles équipes et les fonds qu’apportera Apollo nous permettront d’aider les sociétés que nous avons, ou que nous aurons en portefeuille, à passer à un stade supérieur de développement», précise Antoine Papiernik.
Ces sommes levées pourront concerner tous types de fonds, «y compris les stratégies futures que les deux sociétés pourraient développer ensemble», expliquent les deux gestionnaires dans un communiqué commun.
La société française aura également accès à la plateforme d’investissement mondiale d’Apollo, qui couvre «le crédit, les actions, l’immobilier et d’autres classes d’actifs, ainsi qu’à ses réseaux étendus et à son expertise des marchés de capitaux», précise le communiqué.
Si le gérant français a beaucoup à gagner avec ce partenariat, celui-ci n’est pas neutre non plus pour le géant américain. Sur la thématique de la santé et des sciences de la vie, il ne dispose en effet que de 5 milliards de dollars (4,8 milliards d ‘euros) sous gestion. Les encours de Sofinnova, et sa solide réputation, contribuent donc à renforcer chez Apollo un secteur dans lequel il a encore beaucoup à faire.
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