
Ofi AM et Aviva Investors donnent le départ à une fusion délicate

Attendue depuis septembre 2021, la fusion entre Ofi AM et Aviva Investors France doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Les détails en seront annoncés ce lundi dans un contexte d’attentisme de la part des salariés. L’opération entre dans la droite ligne du rachat par le groupe Aéma (issu de la fusion entre Aésio et la Macif) de l’assureur Aviva France, devenu depuis Abeilles Assurances. Si le rapprochement des deux pôles de gestion faisait peu de doute, le projet a été officialisé en mai dernier. La Macif, actuel actionnaire principal d’Ofi AM (60,9%) doit racheter les parts de la Matmut (25,8%) dans Ofi AM. L’entité de tête en gestion sera baptisée Ofi Invest. La demande d’enregistrement du nom a été déposée en mars dernier. Le terme «Invest» est censé rappelé celui de Aviva Investors.
«Dans le contexte de hausse rapide des taux, le rapprochement des deux gérants est une bonne nouvelle, avec une gestion obligataire qui sera plus dynamique, se réjouit une source au fait du dossier. L’Afer, l’association d’épargnant adossée à l’ex Aviva, devrait aussi sortir gagnante de ce rapprochement avec un gérant plus important.»
Même si Aviva Investors France (AVF) est plus gros que Ofi AM, c’est Jean-Pierre Grimaud, l’actuel patron d’Ofi (filiale de l’acquéreur) qui doit en prendre la tête. Emmanuel Babinet, le président du directoire d’AVF, aurait «accepté de partager le pouvoir». Il fera en effet partie d’un trio amené à entourer Jean-Pierre Grimaud, à savoir Eric Bertrand à la tête de la gestion et Guillaume Poli à la tête du développement. Emmanuel Babinet serait en charge de toutes les autres fonctions transverses.
Entrée dans le top 5
Ce partage de pouvoir au plus haut niveau est à l’image de tout ce qui peut être potentiellement entrepris pour les nombreux autres postes. «Le directeur général d’Aéma, Adrien Couret, a promis que tout le monde trouverait sa place dans le groupe et qu’aucun plan social ne sera déclenché, mais pour tous les postes où il y a des doublons, il y a forcément des négociations et des concessions à faire», explique une source en interne.
Des dizaines de démissions ont eu lieu ces derniers mois, «mais il faut dire aussi que les chasseurs de tête s’en donnent à cœur joie pour appeler les meilleurs salariés», relativise un représentant syndical. Chez Aviva Investors, les salariés ont trouvé le temps long, la vente étant connue depuis août 2020 lorsque la direction monde d’Aviva a annoncé la cession de sa filiale française. Seuls une dizaine de cas de salariés serait plus difficile comme dans les divisions des ressources humaines ou de l’informatique.
Les deux sites actuels de bureaux, Rue Roquépine dans le 8e arrondissement de Paris pour AIF et rue Vernier dans le 17e pour Ofi, seraient conservés, mais avec des aménagements d’équipes. La gestion traditionnelle se retrouverait dans les locaux d’Ofi et celle d’actifs réels dans les locaux rue Roquépine sous la marque Ofi Real Assets. Des sources internes évoquent aussi un regroupement futur dans un nouvel immeuble qu’est en train de faire construire la Macif à Issy-les-Moulineaux, mais pas avant 2025. Le flex-office devrait aussi être mis en place.
Cette opération créera le 5e acteur français de la gestion d’actifs avec près de 200 milliards sous gestion, dont 110 milliards apportés par Aviva et un peu plus de 75 par Ofi. Toutes filiales confondues (Zencap, Infravia, etc), il rassemblerait près de 400 salariés. Avec Egamo (groupe Vyv), Ofi Invest devient ainsi l’un des principaux gestionnaires d’actifs du monde mutualiste.
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