Nouvelle recrue du SBF 120, Antin met la résilience de son modèle économique à l’épreuve

Aroun Benhaddou

Antin Infrastructure Partners, nouvelle recrue de l’indice SBF 120 depuis lundi 19 septembre, souffle le chaud et le froid pour son premier anniversaire boursier. En septembre 2021, le gestionnaire de fonds de capitalinvestissementfondé et piloté par Alain Rauscher faisait ses premiers pas en Bourse sous les regards d’investisseurs séduits. Le fonds français s’y était introduit sur la base d’un cours de 24 euros par action, soit le point haut de la fourchette proposée. Le cap des 35 euros par action avait même été franchi en fin d’année. Mais un an plus tard, l’action évolue légèrement sous son cours d’introduction. En cause, la dégradation de l’environnement économique et un fléchissement de la rentabilité constaté au premier semestre. Le gérant de fonds d’infrastructure a vu son Ebitda reculer de 6,4% sur un an, à 48 millions d’euros, au moment même où son chiffre d’affaires a enregistré une augmentation de 14,2%, à 96 millions d’euros. Morgan Stanley a souligné que l’Ebitda était environ 10% inférieur au consensus, en raison de l’échelonnement de la collecte du fonds porte-étendard, dont la taille maximale a été fixée à 12 milliards d’euros. Plus encore, les efforts d’investissement consentis en matière de ressources humaines pour le lancement de ce véhicule de cinquième génération ont pesé sur la rentabilité. Un rebond de l’action attendu La confiance reste toutefois de mise. Selon une étude de Bank of America, le fonds 5devrait atteindre 11 milliards d’euros. Ses frais de gestion devraient donc mécaniquement améliorer les résultats futurs d’Antin, dont les analystes appellent à surpondérer la valeur. Le consensus vise actuellement un cours de 30,4 euros pour 2022. Avec cependant un bémol. Bank of America reste prudente pour des questions de valorisation. «Le titre se traite dans la borne haute des multiples de son secteur, ce qui lui confère un potentiel de hausse limité», peut-on lire dans la note de la banque. La plupart des autres acteurs du private equity ont en effet souffert en Bourse au cours des derniers mois. Introduit pendant l’été 2021, au prix de 350 pence l’action, Bridgepoint voit aujourd’hui son cours évoluer à 266 pence. Depuis le début de l’année, le gérant suédois EQT a aussi enregistré une fonte de son cours de plus de 50%. Antin a donc surperformé par rapport à ses pairs. La principale raison tient au profil même du gérant, axé sur l’infrastructure. Contrairement aux fonds généralistes, il n’a pas connu d’assèchement brutal de ses sources de financement, car la dette infrastructure reste encore largement disponible. Sa capacité à réaliser des opérations avec effet de levier n’a donc pas été impactée. Antin reste toutefois un gérant à mi-chemin entre l’infrastructure et le LBO, avec un profil de risque se situant donc entre les deux univers. A ce titre, la réduction des valorisations dans le non-coté pourrait venir égratigner ses performances absolues… mais pas nécessairement relatives. Un point qui sera scruté de près par les investisseurs. Le modèle d’Antin étant essentiellement basé sur les frais de gestion de ses fonds, ceux-ci doivent se maintenir à un niveau élevé. Or en cas de contre-performance, les investisseurs pourraient être moins enclins à abonder les fonds, avec le risque de devoir abaisser les frais de gestion pour continuer à attirer les investisseurs. Un scénario du pire que les investisseurs et la société de gestion présidée par Alain Rauscher ne privilégient pas.

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