L’Islande signe un retour gagnant sur les marchés obligataires

Reykjavik a émis hier un milliard de dollars à cinq ans au taux de 4,993%. Les investisseurs ont demandé plus de deux fois ce montant
Patrick Aussannaire

Message de l’Islande à la BCE: un défaut n’est pas la mort. Alors que les pays périphériques de la zone euro se débattent en pleine crise souveraine, l’Etat islandais a signé hier un retour gagnant sur les marchés avec une émission d’un milliard de dollars à 5 ans plébiscitée par les investisseurs qui ont demandé plus de deux fois son montant fixé. Le taux a été fixé à 4,993% avec un coupon à 4,875%, soit 320 points de base (bp) au-dessus du taux de référence mid-swap. «Cette opération est un tournant important pour l’Islande» s’est félicité le ministre des finances du pays, Steingrimur Sigfusson.

«Cette émission montre aussi qu’un Etat qui a connu une crise financière et bancaire spectaculaire peut très bien revenir sur les marchés», souligne René Defossez, stratégiste chez Natixis. Après le rejet mi-avril par les électeurs islandais de l’accord Icesave visant à dédommager les épargnants britanniques et néerlandais lésés par la faillite de la banque islandaise à l’automne 2008, les pires scénarios avaient pourtant été envisagés. Néanmoins, une semaine plus tard, Moody’s confirmait la note Baa3 attribuée à la dette souveraine du pays.

De plus, comme le souligne Lars Christensen, responsable de l’analyse chez Danske Bank, «les fondamentaux du côté de la dette sont redevenus assez solides. C’est un fait». Sorti de la récession au troisième trimestre 2010, le pays devrait en effet bénéficier d’une croissance de 2,2% cette année et de 2,9% en 2012 avec un déficit budgétaire qui s’est réduit à seulement 1,4% du PIB, selon les prévisions de l’OCDE. René Defossez souligne néanmoins que, contrairement aux PIIGS de la zone euro, l’Islande a pu bénéficier de «plus de marge de manœuvre car elle a pu dévaluer sa monnaie» de plus de 50% par rapport à l’euro au plus fort de la crise.

De quoi donner du grain à moudre à ceux qui se demandent s’il est judicieux de rembourser les créanciers privés au prix d’un risque de défaut souverain et d’une cure d’austérité budgétaire prolongée. D’autant que la Lettonie a elle aussi fait son retour sur le marché depuis 2008 hier avec une émission de 500 millions de dollars à 10 ans au taux de 5,491%, soit 237,5 bp au-dessus taux mid-swap. Entre début 2009 et aujourd’hui, le CDS 5 ans de l’Islande est passé de 1.000 bp à environ 250 bp et de celui de la Lettonie de 1.200 à 200 bp. Contre 1.493 bp en Grèce, 730 bp au Portugal, 702 bp en Irlande et 261 bp en Espagne.

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