Lisbonne face à un calendrier semé d’embûches

Des élections anticipées devraient se tenir dans un délai de deux mois
Antoine Duroyon

Le calendrier politique et économique du Portugal va être chargé au cours des prochaines semaines. La démission du Premier ministre José Socrates, intervenue à la suite du rejet du plan d’austérité par le Parlement, n’a pas encore été officiellement acceptée par le président portugais Anibal Cavaco Silva (photo). Ce dernier a débuté vendredi les consultations avec les différents partis politiques. Il doit réunir cette semaine le Conseil d’Etat avant d’annoncer la dissolution du Parlement et la convocation d’élections anticipées.

L’opposition de droite plaide pour une action rapide, évoquant la date du 29 mai pour la tenue des élections. La gauche, dont le parti socialiste (minoritaire au Parlement depuis 2009), avance de son côté la date du 5 juin, voire du 19 juin. Le code électoral portugais stipule que les élections ne peuvent se dérouler moins de 55 jours après avoir été appelées.

Mis en échec au Parlement, le Premier ministre démissionnaire a été réélu ce week-end à la tête du parti socialiste avec 93% des suffrages. Il a d’ores et déjà indiqué qu’il se présenterait à nouveau devant les électeurs. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision SIC, le chef de file de l’opposition, Pedro Passos Coelho (social-démocrate), a confirmé que la feuille de route visant à ramener le déficit public à 4,6% du PIB cette année, 3% en 2012 et 2% en 2013 «n’était pas remise en cause». Il a promis de présenter rapidement ses propres méthodes, incluant notamment un programme de privatisations dans les secteurs des transports et de l’énergie.

Selon un sondage réalisé par Marktest et publié par le journal Diario Economico, son parti recueillerait 47% des intentions de vote contre 25% pour les socialistes. «J’espère que le Portugal n’aura pas besoin d’une aide internationale», a déclaré Pedro Passos Coelho à Bloomberg Television. Une ligne de conduite également tenue lors du sommet européen de Bruxelles par José Socrates.

Des voix discordantes ont toutefois résonné ce week-end. Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, a jugé hier dans une interview à la chaîne autrichienne ORF que la perspective d’un soutien financier d’environ 75 milliards d’euros «n’était pas totalement irréaliste».

Dégradé jeudi par Fitch (à A-, perspective négative) et Standard & Poor’s (à BBB, perspective négative), le Portugal a vu sa dette souveraine malmenée. Le rendement de l’emprunt d’Etat à cinq ans s’est hissé vendredi jusqu’à 8,377%. LCH Clearnet, première chambre de compensation européenne, a de son côté fait part de sa décision de ne plus prendre les obligations gouvernementales portugaises en collatéral pour les paniers €GC du service RepoClear.

Les investisseurs ont déjà intégré les échéances politiques à venir alors que le pays doit se préparer à plusieurs tombées obligataires. La première, de 4,3 milliards d’euros, se présentera en avril. La seconde, de 4,9 milliards d’euros, est attendue au mois de juin. Selon UniCredit, l’état actuel de la trésorerie portugaise (estimée à 4 milliards d’euros) suffirait à peine à honorer la première échéance de remboursement. «Cela place le pays dans une position très incertaine», soulignent les économistes de la banque italienne.

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