L’Europe est le premier gisement de dettes au rendement de plus de 10%

Le marché européen de la dette stressée compte non seulement des obligations corporates mais aussi des emprunts souverains et bancaires
Violaine Le Gall

Voilà un constat qui pourrait changer la perception des investisseurs cherchant désespérément du rendement dans un contexte de taux durablement bas. L’Europe est «le plus important univers obligataire investissable offrant un rendement supérieur à 10%», observent les stratégistes crédit de Morgan Stanley dans une étude publiée la semaine dernière. En excluant les emprunts d’Etat grecs, le volume de titres européens offrant une rémunération supérieure à 10% s'élève à 146 milliards d’euros, soit autant que les gisements comparables des Etats-Unis et des économies émergentes réunis. Par ailleurs, après l'échange en cours, le marché des nouvelles obligations grecques fera quasiment la taille de celui des obligations corporates américaines stressées.

Le marché européen offre en outre une diversité de risques qu’on ne retrouve pas ailleurs, précisent les spécialistes de Morgan Stanley. Parmi les titres affichant plus de 10% de rendement, les investisseurs peuvent acheter de la dette senior portugaise, des obligations tier one de banques françaises ou des emprunts de distributeurs britanniques. En Europe, la majorité de ces titres sont notées BB ou B et, pour ce qui concerne les entreprises, ils conservent des cash-flows positifs.

A l’inverse, aux Etats-Unis, il faut viser les groupes notés CCC, plus endettés, avec des cash-flows bas, voire négatifs, pour obtenir 10% de rémunération. Le constat est le même sur les titres, plus rares, affichant 15% de rendement. PagesJaunes et Heidelberger Druckmaschinen, par exemple, qui souffrent certes des mauvaises perspectives sectorielles, sont moins endettées que les entreprises affichant un rendement équivalent aux Etats-Unis, relève Morgan Stanley. Les experts de la banque rappellent cependant l’importance d’une étude au cas par cas.

Le marché de la dette en souffrance pourrait s'étendre, à en croire certains investisseurs. La nécessaire baisse du levier (deleveraging) des banques européennes pourrait en effet les contraindre à procéder à des ventes forcées. Mais les spécialistes de Morgan Stanley sont prudents sur cette évolution, les banques européennes ayant privilégié pour le moment les désengagements hors d’Europe d’actifs peu décotés. Ils rappellent aussi les risques économiques et politiques sur la zone euro.

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