L’Espagne rejoint le club des émetteurs de dette indexée sur l’inflation

Un emprunt à 10 ans sera lancé cette semaine. Grâce à sa présence sur ce marché, la France a pu fortement alléger le coût de sa dette en 2013
Alexandre Garabedian

Le marché des obligations indexées en euros s’agrandit. L’Espagne a mandaté six banques pour placer cette semaine un emprunt benchmark de maturité novembre 2024, indexé sur l’indice européen harmonisé des prix hors tabac. Barclays, BNP Paribas, CaixaBank, Deutsche Bank, Santander et la Société Générale seront en charge de la transaction. Celle-ci pourrait sortir à un rendement de 100 points de base en-dessous des emprunts classiques de même maturité. Hier, les rendements à 10 ans espagnols se tendaient légèrement à 2,93%.

L’Espagne va ainsi rejoindre l’Allemagne, et surtout la France et l’Italie dans le club des émetteurs de dette indexée en euros. Ces instruments constituaient à fin mars 12% de l’encours de la dette française, à 177 milliards d’euros. La part de l’épargne réglementée (Livret A…), dont la rémunération est calculée en fonction de l’indice des prix, nourrit la demande, notamment de la part de la Caisse des dépôts. En Italie, le Trésor a remporté un franc succès auprès des particuliers avec ses BTP Italia, basé sur l’inflation du pays. Le marché en euros, qui atteignait 343 milliards à fin mars, reste plus petit que celui du sterling, les fonds de pension britanniques ayant de gros besoins de couverture.

Le Trésor espagnol avait annoncé dans son programme 2014 son intention de venir sur ce marché, invoquant l’existence d’une base d’investisseurs domestiques et internationaux. Il n’a pas précisé la part des indexées sur les 133 milliards d’euros de dette à moyen long terme qu’il doit lever.

Le moment peut être tentant pour les Etats de se financer par obligations indexées, compte tenu de la faiblesse de l’inflation en zone euro. Celle-ci a permis de réduire de 1,3 milliard d’euros la charge de la dette française en 2013, par rapport aux prévisions.

En France, le point mort d’inflation à 10 ans, qui mesure la différence entre rendement nominal des OAT classiques et rendement réel de l’OAT indexée, est tombé à 1,44% hier contre 1,70% encore début 2014. En théorie, les investisseurs anticipent une inflation largement en dessous de l’objectif proche de 2% de la BCE pendant encore plusieurs années. Le breakeven allemand est passé, lui, de 1,57% début janvier à 1,35%. Sur le marché des swaps d’inflation à 1 an, les anticipations «pour 2014, 2015 et 2016 sont inférieures aux projections du staff de la BCE», ajoutent les stratégistes taux de JPMorgan. Une action de la BCE pourrait inverser la tendance.

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