Les Vingt-Sept envisagent une stratégie commune sur les matières premières

Michel Barnier a une nouvelle fois exprimé son « intérêt » pour imposer des limites de positions sur les dérivés de matières premières
Florence Autret, à Bruxelles

La Commission européenne a finalement publié hier sa stratégie sur les matières premières en établissant un lien prudent entre la volatilité des prix sur les marchés de produits énergétiques et alimentaires, d’une part, et la financiarisation de ces marchés, de l’autre. Cette question avait été à l’origine d’une polémique entre Paris et Bruxelles, la présidence française du G20 souhaitant disposer d’un appui clair des Vingt-Sept dans sa croisade contre la «spéculation» sur les marchés de matières premières. «Le débat concernant l’importance relative des multiples facteurs qui influent sur les prix des produits de base n’est pas tranché», se contente d’estimer la Commission.

Le Commissaire au marché intérieur Michel Barnier s’est montré un peu plus explicite. «Les produits agricoles deviennent aussi des actifs financiers», a-t-il dit hier à Bruxelles, citant les données de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement, selon laquelle le volume des contrats dérivés sur matières premières a été multiplié par 14 entre 2002 et 2008. Il a souligné le «souci de régulation et de transparence» afin que «cette financiarisation croissante ne porte pas préjudice au bon fonctionnement (des marchés) et qu’ils restent au service de l’économie réelle».

Le règlement sur les dérivés négociés de gré à gré, actuellement en discussion, comprend déjà un volet matières premières qui vise uniquement à renforcer la transparence des transactions grâce à leur enregistrement. L’essentiel est à venir. La réforme de la directive abus de marché, attendue au printemps, abordera pour la première fois les «marchés de produits», a annoncé le Commissaire. Surtout la directive révisée Marchés d’instruments financiers abordera les contrats dérivés à la fois pour l’énergie et les produits alimentaires. Michel Barnier penche notamment en faveur de la possibilité d’imposer des limites de positions. «C’est une idée qui m’intéresse et que je crois juste», a-t-il dit hier.

Cette stratégie comprend également un important volet sur les terres rares, préparé par le Commissaire à l’industrie Antonio Tajani. Il recommande une «véritable diplomatie des matières premières», notamment en Afrique, l’exploitation de ressources situées sur le territoire européen ou sur des territoires associés (comme le Groenland) et le développement du recyclage.

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