Les surplus brésiliens pèsent toujours sur les prix du café arabica

En dehors d’un choc exogène sur l’offre, il est probable que le marché de l’arabica connaisse une période prolongée de surproduction et de cours déprimés
S. Berthelet, A. Bonneviot, T. Huray - SMA Gestion

Après la flambée de 2010-2011, le marché du café arabica se trouve désormais dans une situation critique avec un surplus structurel de production et des cours déprimés. Au Brésil (45% de la production mondiale), les exploitants, déjà confrontés à des stocks très élevés issus de la récolte précédente, devraient réaliser une production record cette année. Malgré les mesures récentes du gouvernement en faveur d’un retrait du marché d’une part de la production, via une option de rachat de sacs à prix minima (1,05 dollar/lb) et des aides financières au stockage, les producteurs continuent d’exporter massivement.

En conséquence, les prix demeurent sous pression: 1,13 dollar/lb contre 3,05 au plus haut le 2 mai 2011. Le dynamisme des exportations est renforcé par des coûts de production en baisse en raison du contexte monétaire actuel, peu favorable aux devises émergentes et en particulier à la parité real/dollar au plus bas depuis 2008. Par ailleurs, en Colombie (11% de la production mondiale), les récoltes sont attendues en nette hausse, après cinq années catastrophiques à la suite des effets dévastateurs d’une maladie foliaire: la roya ou rouille orangée. Il aura fallu cinq ans pour renouveler les plantations et faire remonter la production au niveau de 2007. Seuls les pays d’Amérique centrale (26% de la production mondiale) voient leur production baisser drastiquement, -20% cette année, voire -40% dans certaines exploitations pour les deux ou trois années à venir, en raison de la propagation de la roya dans leurs plantations.

Au total, l’offre globale devrait rester abondante pour les deux prochaines récoltes. Parallèlement, la consommation est toujours en progression mais à un rythme insuffisant pour absorber la croissance de l’offre. La demande en provenance des pays émergents croit fortement, mais elle concerne essentiellement le café soluble, débouché plus favorable au robusta.

Il faudra attendre plusieurs années avant que le changement progressif des habitudes de consommation, en particulier des Indiens et des Chinois, n’ait un impact significatif sur la demande mondiale de café arabica. D’ici là, la production des pays touchés par la roya pourrait avoir repris. En somme, en dehors d’un choc exogène sur l’offre (météo, épidémique ou monétaire), il est donc probable que le marché de l’arabica connaisse une période prolongée de surproduction et de cours déprimés.

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