Les pertes abyssales du fonds libyen entraînent les banques dans leur sillage

Selon un document officiel publié par Global Witness, la Société Générale serait la plus exposée en termes d’image avec 41% de pertes sur ses fonds
Patrick Aussannaire

Le conflit libyen s’étend à la sphère financière. D’après un document officiel du gouvernement libyen publié par le groupe de pression Global Witness, le fonds souverain du pays, le Libyan Investment Authority (LIA), aurait subi de lourdes pertes du fait d’investissements hasardeux dans des produits dérivés à haut risque entre la levée des sanctions internationales sur le pays en 2003 et le gel récent des avoirs occidentaux.

Sur un total de 53,3 milliards de dollars d’actifs sous gestion, les institutions financières occidentales se seraient engagées dans le LIA à hauteur de 5 milliards, dont plus de 2 milliards pour les seuls fonds alternatifs. Au 30 juin 2010, le total des actifs auraient fondu à environ 3,5 milliards. Le Financial Times indique que la Société Générale serait la plus exposée. Trois transactions réalisées par la banque française auraient ainsi vu leur valeur plonger de 1,8 à 1,05 milliard de dollars, dont un milliard de produits indexés sur la zone euro qui auraient perdu 43% de leur valeur totale en seulement trois mois.

Des investissements dans des produits avec le label JPMorgan, Credit Suisse ou BNP Paribas auraient également de fortes pertes de valeur. Bloomberg indique en outre qu’HSBC détiendrait 292,7 millions de dollars dans dix comptes différents, et Goldman Sachs environ 44 millions. Robert Palmer de Global Witness estime qu’il est «frappant de voir que tant d’institutions financières étaient prêtes à faire des affaires avec le régime libyen, compte tenu de la forte probabilité de détournement des fonds d’Etat vers des poches privées».

Sur 2 milliards de dollars investis dans des hedge funds, 328 millions ont été placé dans le fonds new-yorkais Och-Ziff, 300 millions dans la société londonienne spécialiste des changes fondée par un ancien de Goldman Sachs, Millennium Global, et 300 autres millions dans le fonds quantitatif néerlandais Palladyne. «Tout le monde souhaitait désespérément avoir des liens avec le LIA» estime un gestionnaire cité par le Financial Times. Quelque 500 millions ont été alloués à des fonds de fonds, alors que Credit Suisse et Dresdner Bank ont restructuré des produits investis par le LIA dans des hedge funds.

Depuis, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont ainsi gelé 55 milliards de dollars d’actifs dans le pays sur un total d’avoirs étrangers estimé à 150 milliards.

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