
Les pertes abyssales du fonds libyen entraînent les banques dans leur sillage
Le conflit libyen s’étend à la sphère financière. D’après un document officiel du gouvernement libyen publié par le groupe de pression Global Witness, le fonds souverain du pays, le Libyan Investment Authority (LIA), aurait subi de lourdes pertes du fait d’investissements hasardeux dans des produits dérivés à haut risque entre la levée des sanctions internationales sur le pays en 2003 et le gel récent des avoirs occidentaux.
Sur un total de 53,3 milliards de dollars d’actifs sous gestion, les institutions financières occidentales se seraient engagées dans le LIA à hauteur de 5 milliards, dont plus de 2 milliards pour les seuls fonds alternatifs. Au 30 juin 2010, le total des actifs auraient fondu à environ 3,5 milliards. Le Financial Times indique que la Société Générale serait la plus exposée. Trois transactions réalisées par la banque française auraient ainsi vu leur valeur plonger de 1,8 à 1,05 milliard de dollars, dont un milliard de produits indexés sur la zone euro qui auraient perdu 43% de leur valeur totale en seulement trois mois.
Des investissements dans des produits avec le label JPMorgan, Credit Suisse ou BNP Paribas auraient également de fortes pertes de valeur. Bloomberg indique en outre qu’HSBC détiendrait 292,7 millions de dollars dans dix comptes différents, et Goldman Sachs environ 44 millions. Robert Palmer de Global Witness estime qu’il est «frappant de voir que tant d’institutions financières étaient prêtes à faire des affaires avec le régime libyen, compte tenu de la forte probabilité de détournement des fonds d’Etat vers des poches privées».
Sur 2 milliards de dollars investis dans des hedge funds, 328 millions ont été placé dans le fonds new-yorkais Och-Ziff, 300 millions dans la société londonienne spécialiste des changes fondée par un ancien de Goldman Sachs, Millennium Global, et 300 autres millions dans le fonds quantitatif néerlandais Palladyne. «Tout le monde souhaitait désespérément avoir des liens avec le LIA» estime un gestionnaire cité par le Financial Times. Quelque 500 millions ont été alloués à des fonds de fonds, alors que Credit Suisse et Dresdner Bank ont restructuré des produits investis par le LIA dans des hedge funds.
Depuis, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont ainsi gelé 55 milliards de dollars d’actifs dans le pays sur un total d’avoirs étrangers estimé à 150 milliards.
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Londres : des hôtels accueillant des demandeurs d'asile pris pour cible par l'extrême droite
Londres - Dans la capitale britannique, plusieurs hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ont été pris pour cible lors de manifestations anti-immigration, suscitant désormais la crainte de ceux qui y sont logés mais aussi de certains habitants. L’entrée de l’hôtel Thistle Barbican, qui héberge quelque 600 demandeurs d’asile dans le centre de la capitale, est bloquée par des barrières en acier et des planches de bois. «Je ne me sens pas en sécurité parce que les gens pensent que nous sommes leurs ennemis», déclare l’un d’eux à l’AFP, préférant rester anonyme. Cet homme originaire d’un pays africain y est logé depuis deux ans, pendant l’examen de sa demande d’asile, en vertu de l’obligation du gouvernement britannique de lui fournir un toit. Mais «ces deux derniers mois, les gens ont changé», dit-il, ressentant une hostilité croissante après les manifestations de l'été en Angleterre. Celles-ci ont démarré devant un hôtel d’Epping, au nord-est de Londres, où un demandeur d’asile qui y était hébergé a été accusé d’avoir notamment tenté d’embrasser une adolescente de 14 ans. Il a été condamné pour agressions sexuelles la semaine dernière. La colère a aussi enflé sur les réseaux sociaux, avec des publications accusant les migrants d'être logés dans des hôtels luxueux et de bénéficier d’avantages dont les Britanniques sont privés. «Je ne suis pas ici pour m’en prendre aux femmes ou aux enfants, mais pour obtenir une protection», défend le demandeur d’asile interrogé par l’AFP, regrettant que certains manifestants ne les considèrent pas «comme leurs égaux». Les résidents de l’hôtel ont «très peur maintenant», abonde Mo Naeimi, réfugié iranien de 29 ans qui y a lui-même été hébergé par le passé, et travaille pour une association aidant les demandeurs d’asile. À l’extérieur de l’hôtel, des manifestants ont peint les couleurs du drapeau de l’Angleterre - une croix rouge sur fond blanc - sur des murs ou des cabines téléphoniques. Ces dernières semaines, les étendards anglais et britannique ont essaimé dans le pays, une démonstration de patriotisme largement alimentée par l’extrême droite et liée à ces manifestations anti-immigration. Elles interviennent au moment où le gouvernement de Keir Starmer peine à endiguer les traversées clandestines de la Manche, avec plus de 30.000 arrivées de migrants sur des petits bateaux depuis début janvier. «Tension palpable» En face du Thistle Barbican, un commerçant d’origine pakistanaise, arrivé à Londres il y a 20 ans, a accroché le drapeau anglais dans sa vitrine. La raison: il veut protéger son entreprise et ses employés immigrés des manifestants, explique-t-il. «Je ne suis pas blanc, bien sûr que j’ai peur», confie cet homme de 45 ans à l’AFP. «Ils pourraient venir casser les fenêtres et nous attaquer à la place» des demandeurs d’asile, dit-il, ajoutant que ces derniers n’ont jusque-là posé «aucun problème». Dans l’est de la capitale, le quartier d’affaires de Canary Wharf a aussi été secoué par des manifestations après l’annonce en juillet que l’hôtel Britannia allait héberger des demandeurs d’asile. Lorsque Britt-Marie Monks, commerçante de 43 ans vivant à proximité, a appris la nouvelle, son «coeur s’est arrêté», raconte-t-elle à l’AFP. Cette mère de famille dit aussi bien se méfier des demandeurs d’asile logés que des personnes venant manifester leur colère devant l’hôtel, et elle «évite» désormais la route qui passe à côté. Andrew Woods, ancien conseiller municipal, juge que la présence de l’hôtel a «divisé» les habitants. En marge d’une manifestation, des affrontements ont éclaté avec la police dans un centre commercial haut de gamme du quartier d’affaires, conduisant à l’arrestation de quatre personnes. «C’est le dernier endroit où je m’attendrais que ça arrive», s'étonne Ziaur Rahman, expert en informatique qui vit et travaille à Canary Wharf. Pour Britt-Marie Monks, il s’agit principalement d’habitants frustrés qui voudraient que le gouvernement s’occupe de leurs problèmes en priorité. Mais Mo Naeimi craint que les demandeurs d’asile servent de boucs émissaires, à un moment où les conditions de vie se dégradent pour certains Britanniques. Samedi, l’activiste d’extrême droite Tommy Robinson organise à Londres une grande marche pour la défense de la «liberté d’expression», qui fait craindre que les hôtels hébergeant des demandeurs d’asile soient à nouveau ciblés. "Ça va s’intensifier», prédit Britt-Marie Monks, qui dit ressentir «une tension palpable» dans l’air. Akshata KAPOOR © Agence France-Presse