Les investisseurs accueillent sereinement le coup d’Etat en Thaïlande

La dépréciation du baht est restée limitée. L’instabilité politique des derniers mois a contribué à faire plonger l'économie dans le rouge
Alexandre Garabedian

Un nouveau coup d’Etat en Thaïlande? La nouvelle a été accueillie la semaine dernière sans trop susciter d’inquiétudes parmi les investisseurs, habitués à l’instabilité politique du pays. Le baht thaïlandais s’est à peine déprécié face au dollar, à 32,56 pour un billet vert, et s’est même renforcé en matinée le 23 mai. Sur mai, la devise est en recul de 0,7%. La tension sur les taux à 10 ans qui avait précédé et accompagné la proclamation de la loi martiale le 20 mai, de 3,40% à 3,79% en quelques séances, s’est interrompue au lendemain du coup d’Etat.

Seules les valeurs touristiques ont vraiment accusé le coup à la Bourse de Bangkok, provoquant un recul de 0,6% de l’indice SET après un plongeon de 2,1% en séance. Alors que les investisseurs non-résidents ont retiré 408 millions de dollars sur les marchés actions dans les trois jours suivant la proclamation de la loi martiale, la banque centrale a estimé que la fuite des capitaux resterait limitée et a indiqué qu’elle se tenait prête à soutenir le baht.

«Nous voyons le coup d’Etat militaire actuel comme un élément globalement positif dans la mesure où il crée un environnement plus stable», a réagi Mark Mobius, le patron des marchés émergents chez Templeton. L’intervention des militaires intervient après sept mois d’impasse politique et d’affrontements violents. Le pays est en outre coutumier de ces soubresauts qui voient généralement l’armée rendre le pouvoir aux politiques.

«Historiquement, en moyenne, le marché actions thaïlandais a perdu 1,5% le premier jour d’un coup d’Etat, pour regagner 5% en l’espace d’une semaine, note Nithi Wanikpun, économiste chez Nomura. Les données historiques montrent aussi qu’aucun coup d’Etat n’a donné lieu à une crise économique».

Ce sont surtout les conséquences de la crise politique sur l’économie qui inquiètent aujourd’hui les investisseurs. Le blocage des derniers mois a déjà conduit à une contraction de 2,1% du produit intérieur brut au premier trimestre. «Nous nous attendons à une croissance négative au deuxième trimestre: la consommation et l’investissement sont susceptibles d’être encore affectés, avec la production et le tourisme», estime Taimur Baig, chef économiste Asie de Deutsche Bank. Comme de nombreux courtiers ces derniers jours, la banque allemande a révisé vendredi en baisse sa prévision de croissance pour la Thaïlande en 2014, la ramenant à 1%.

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