
Les gestionnaires brisent un tabou en devenant des actionnaires actifs

Des gestions engagées. SquareWell Partners dévoile ce mercredi une étude sur les pratiques et communication des 50 plus grandes sociétés de gestion en matière ESG et face aux activistes. La quasi-totalité de ces gestionnaires d’actifs (96%), pesant plus de 50.600 milliards de dollars sous gestion, ont signé les PRI (principes d’investissements responsables). Néanmoins, les actifs gérés de manière durable étaient de 30.700 milliards de dollars l’an dernier, selon The Global Sustainable Investment Association’s (GSIA). Un écart qui pose question. Soit les signataires des PRI ne respectent pas leurs engagements, soit le GSIA sous-estime fortement les actifs durables. «On peut signer les PRI sans pour autant appliquer les principes, en s’engageant seulement à améliorer ses pratiques, rappelle Edouard Dubois, associé chez SquareWell Partners. L’insuffisance de contrôle des PRI demeure un problème».
Désormais, plus de 80% des gestionnaires dévoilent leur politique de vote, qu’ils mettent à jour annuellement (pour 61% des gestions) ou tous les deux ans (29%) pour tenir compte des évolutions du marché et des meilleures pratiques de gouvernance. Seulement 38% des sociétés intègrent clairement des facteurs environnementaux et sociaux dans leur politique de vote. Cette proportion devrait rapidement progresser…
Pour l’heure, seuls 16% des gérants divulguent une politique de vote différente en fonction des marchés et des spécificités locales. «En réalité, les gestions utilisent les proxys, qui eux-mêmes tiennent compte des spécificités locales», précise Edouard Dubois. Seulement six gestions sur 50 n’utilisent pas le service des proxys. Un secteur largement dominé par ISS. «Le marché est trop étroit et les marges trop réduites pour permettre l’arrivée de nouveaux acteurs. Si ce manque d’offres de proxys est un réel problème, les gestions développent de plus en plus leurs équipes de stewardship», ajoute Edouard Dubois.
Les gérants sont très attentifs aux demandes des fonds activistes. Seulement 20% des gestionnaires d’actifs ont systématiquement soutenu les entreprises ciblées par les activistes. Et même un quart des gestions n’ont pas hésité à exprimer publiquement leur mécontentement à l'égard de sociétés depuis janvier 2018. «Les investisseurs sont de plus en plus vocaux et n’hésitent pas à défendre leur politique, parfois sous la pression de leurs clients qui demandent des engagements concrets, poursuit Edouard Dubois. Certaines gestions n’hésitent pas à utiliser le ‘name and shame’. Si cette pratique est un bon moyen de faire pression à court terme sur une entreprise, elle doit être utilisée à bon escient. Elle risque de peser à long terme sur la relation de confiance de cet investisseur avec les autres sociétés.»
Près de 80% des gestionnaires d’actifs font de l’engagement avec des sociétés cotées sur des questions ESG. Et les deux tiers des gestions s’appuient sur au moins deux fournisseurs de données et de recherches ESG. Alors que la concurrence entre sociétés de gestion s’intensifie, «la politique d’engagement ESG, voire activiste, permet aux acteurs de se différencier, ajoute Edouard Dubois. Les investisseurs institutionnels n’hésitent plus à déposer des résolutions et à dévoiler à l’avance leurs intentions de vote, pour influencer d’autres gestions. A l’instar de Norges, ou encore de Comgest chez Essilor-Luxottica. Les investisseurs ont désormais brisé un tabou et jouent pleinement leur rôle d’actionnaires. D’ailleurs, les gestions européennes sont de plus en plus exigeantes sur les rémunérations des dirigeants de sociétés américaines, comme elles le sont en Europe. Un mouvement qui pourrait être suivi par les gestions américaines», conclut Edouard Dubois.
Plus d'articles du même thème
-
BlackRock va gérer 80 milliards de dollars pour Citi
Le géant américain de la gestion d’actifs va s’occuper de milliers de clients de Citi Wealth. Des salariés de l'entité devraient rejoindre BlackRock. -
M&G investit 300 millions de dollars dans le label musical Seeker Music
Seeker est une société privée détenue à 100 % par M&G, dont le portefeuille d'actifs immatériels est géré par son activité de marchés privés aux 90 milliards d’euros sous gestion. -
Nikko AM devient officiellement Amova AM
Le changement de nom avait été annoncé il y a un an environ. La société de gestion japonaise Nikko Asset Management est devenue officiellement ce 1er septembre Amova Asset Management. Elle dévoile également un nouveau logo et de nouvelles couleurs. La société, fondée en 1985, dit vouloir se positionner de façon à se développer davantage à l’international. -
Gestion d’actifs : ce qu’il faut retenir du mois d’août
L’Agefi a compilé pour vous les (rares) faits marquants de ce mois d’août afin d’être au point pour la rentrée. -
Flexport s'allie à BlackRock pour augmenter les financements pour les importateurs américains
La société de logistique californienne Flexport s’associe au gestionnaire d’actifs BlackRock afin de doubler son pool de financement de la chaîne d’approvisionnement à 250 millions de dollars, alors que les droits de douane entraînent une hausse des coûts pour les distributeurs et les fabricants américains, rapporte le Wall Street Journal. -
Une vision plus prospective de l’analyse ESG passe par l'intégration de critères de rupture
Dans le cadre de son engagement actionnarial, Bernstein (Groupe Société Générale) a élaboré une dizaine de questions ciblées pour chacun des 30 secteurs concernés, sur les sujets émergents, stratégiques et disruptifs (ESD).
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- Gestion d’actifs : ce qu’il faut retenir du mois d’août
- WisdomTree met au point un ETF sur l’informatique quantique
- BlackRock perd un mandat de 14,3 milliards d’euros du néerlandais PFZW
- Fidelity International lance le premier ETF semi-transparent européen
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street recule face au ralentissement de l'emploi malgré la perspective de baisses de taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). La place américaine se montre quelque peu «angoissée» face à un possible «ralentissement économique» aux Etats-Unis, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers. Le marché du travail a continué à se dégrader en août aux Etats-Unis, avec un taux de chômage en progression, à 4,3%, selon les données officielles publiées vendredi par le ministère du Travail américain. La première économie mondiale a créé seulement 22.000 emplois le mois dernier, un niveau bien inférieur à ceux auxquels les Etats-Unis étaient habitués. Les analystes s’attendaient à 75.000 créations d’emploi, selon le consensus publié par MarketWatch. Les investisseurs demeurent prudents, ne connaissant pour le moment pas encore «toutes les implications de cette faiblesse persistante du marché du travail», notent les analystes de Briefing.com. Le flou autour des droits de douane de Donald Trump risque de continuer à freiner les embauches, a relevé par ailleurs Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management. Mais ce rapport sur l’emploi donne aussi le feu vert à un assouplissement monétaire de la part de la banque centrale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre, avec la possibilité d’un futur coup de fouet pour l'économie. Il «laisse également entendre que d’autres mesures seront nécessaires pour stabiliser le marché du travail avant la fin de l’année», a noté Samuel Tombs, analyste de Pantheon Macroeconomics. Les acteurs du marché s’attendaient déjà à ce que le Fed réduise ses taux dans une fourchette de 4,00% à 4,25% lors de sa prochaine réunion. Désormais, ils sont aussi une majorité à anticiper d’autres baisses lors des réunions d’octobre et de décembre, selon l’outil de veille FedWatch CME. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, les taux d’intérêt ont nettement reculé. Vers 20H15, le rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans tombait à 4,09%, contre 4,16% jeudi en clôture. A deux ans, il reculait à 3,52% contre 3,59%. Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Broadcom a brillé (+9,41% à 334,89 dollars) après l’annonce de résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, tant au niveau de son chiffre d’affaires que de son bénéfice net par action. Le groupe pharmaceutique Kenvue a chuté (-9,15% à 18,66 dollars) après parution d’informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé pourrait lier son médicament phare, le Tylenol, au développement de l’autisme chez l’enfant. Selon le Wall Street Journal, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, s’apprêterait à lier la prise d’acétaminophène (ou paracétamol) - principe actif du Tylenol aux Etats-Unis ou Doliprane en France - chez les femmes enceintes au développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, dont l’autisme. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+3,64% à 350,84 dollars) a été recherché après que son conseil d’administration a proposé un plan de rémunération inédit sur dix ans pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. L'équipementier sportif Lululemon Athletica a plongé (-18,58% à 167,80 dollars) en raison de prévisions ne convainquant pas les analystes. L’entreprise s’attend à un bénéfice net par action compris entre 12,77 et 12,97 dollars pour l’année complète, alors que les anticipations étaient de 14,15 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
Wall Street clôture en baisse après des chiffres décevants de l'emploi américain
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). Nasdaq © Agence France-Presse -
Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse