Les emprunts toxiques font flamber le coût de la dette d’Angoulême

Deux emprunts indexés sur des taux de change, d’un encours de 28 millions, voient leur taux passer de 4,4 % et 4,8 % à plus de 7 % et 10 %
Patrick Aussannaire

Les emprunts en produits structurés font vaciller la ville d’Angoulême. Après avoir été frappée par une interdiction de recourir à l’emprunt pendant seize ans après un «trou» de 164 millions de francs et une dette de 1,2 milliard de francs laissés en 1989 par l’ancien maire, Jean-Michel Boucheron, la ville est partie depuis dans une série de réaménagements successifs d’emprunts à taux fixes qui la conduisent aujourd’hui dans une nouvelle impasse.

Trois emprunts vendus par la banque Dexia, dont deux à risque imminent, sont concernés pour un encours total de 39,8 millions d’euros. Soit environ 50% de la dette totale de la ville qui se montait à 79,5 millions fin 2010.

Le premier, contracté en 2006 et d’un notionnel de 14,5 millions d’euros, est un produit à taux fixe dit «bonifié» de 4,81% lorsque le cours de la parité dollar/yen est supérieur à 85. Si cette barrière est franchie, le taux passe à 5,81% auquel s’ajoute un variable égal à 20% de la variation de change. Or, le taux payé sur la dernière échéance du 1er juillet a atteint 7,01%, selon des sources bancaires, pour un dollar/yen à 80,65 hier.

Le second emprunt, d’un montant de 13,6 millions et contracté en 2007, est encore plus périlleux. Il repose sur l’écart entre le cours de l’euro/franc suisse et de l’euro/dollar. Si l’écart est positif, le taux payé est de 4,45%, mais il s’accroît de 25% de la variation de change dans le cas contraire. Le coupon anticipé à la prochaine échéance du 1er février 2012 serait de 10,5% aux conditions actuelles de marché.

Les intérêts sur ces deux emprunts «toxiques» atteindraient 1,1 million en 2011. Le débouclage des produits structurés en «mark to market» se monterait à 20 millions, selon une source bancaire. Une situation qui conduit le maire, Philippe Lavaud, à augmenter les impôts. «Ils n’ont pas de quoi payer», témoigne un proche du dossier.

Le rapport des finances de la ville souligne que ces deux emprunts, «sont classés hors charte Gissler (6F)» et ne pourraient donc aujourd’hui pas être proposés à la ville. Des motifs suffisants pour que Philippe Lavaud s’octroie les services du cabinet Seban & Associés. «Nous n’avons pas connaissance d’un contentieux juridique ouvert avec la ville d’Angouleme», indiquait hier Dexia. La banque dit avoir rencontré le 14 juin les services de la mairie et proposé, pour l'échéance du 1er juillet, la transformation du contrat structuré en prêt à taux fixe de 4,9%.

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