L’entrée imminente de la BCE dans un cycle haussier suscite les critiques

Si des éléments attestent des risques inflationnistes, le relèvement des taux risque cependant de peser sur les pays les plus fragiles de la zone
Violaine Le Gall
Photo: Bloomberg
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La hausse du taux directeur de la Banque centrale européenne ne fait plus de doute. Pré-annoncée début mars, elle a été confirmée par les déclarations récentes des membres de l’institution. Il y a un mois, le changement de ton prématuré de la BCE avait provoqué la surprise sur les marchés et suscité des critiques parmi les économistes. Leurs opinions sont toujours partagées.

«Les modifications dans l’analyse de la BCE étaient justifiées pour un certain nombre de raisons», expliquent Luigi Speranza et Eoin O’Callaghan, économistes chez BNP Paribas. D’abord, le prix du pétrole a continué de monter depuis que la BCE a établi ses dernières prévisions de croissance et d’inflation pour 2011 et 2012. Ensuite, certaines mesures de l’évolution des prix ont encore progressé récemment. Par ailleurs, les entreprises industrielles devraient répercuter de façon plus marquante la hausse de leurs coûts de production sur le prix de vente. Enfin, les anticipations des consommateurs en matière d’inflation continuent de monter. Pour toutes ces raisons, BNP Paribas table sur une hausse de taux chaque trimestre jusqu’à mi-2012, ce qui porterait le refi à 2,25 % en juin 2012.

Le scénario n’est pas aussi simple pour d’autres spécialistes. Au-delà de ce constat macroéconomique global, la catastrophe japonaise pourrait avoir des conséquences économiques en Europe, notamment en termes d’approvisionnement, et des effets indirects, en particulier à cause du moratoire sur le nucléaire allemand. Mais les effets de ces éléments sur la croissance ne seront visibles qu’à partir du quatrième trimestre, d’après James Nixon, économiste chez Société Générale. Du coup, «il y a très peu de choses qui pourraient vraiment empêcher la BCE de se lancer dans une série de hausses de taux cette année».

Le resserrement intervient surtout à un moment où les pays périphériques de la zone euro sont encore très fragiles. Pour leurs systèmes bancaires, la BCE va poursuivre ses opérations de financement exceptionnelles au moins jusqu’en juillet prochain. La BCE doit s’appuyer sur ces mesures non conventionnelles pour gérer l’hétérogénéité des conditions financières dans la zone, a rappelé récemment Jürgent Stark, membre de la BCE, dans le Financial Times. «Reste à voir sir ce principe de séparation (entre la politique monétaire et les mesures exceptionnelles de liquidités, ndlr) fonctionnera en pratique», s’interroge James Nixon.

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