
Le Brésil resserre ses conditions de crédit malgré une croissance décevante
Le spectre de l’inflation refait surface au Brésil. La banque centrale du pays a pris les investisseurs par surprise en décidant ce matin, à l’issue de la réunion mensuelle de son comité de politique monétaire (Copom), de relever son principal taux directeur, le taux Selic, de 50 points de base pour le porter à 8%.
Une décision d’autant plus surprenante qu’elle intervient quelques heures après la publication d’une croissance de l’économie brésilienne décevante au premier trimestre. Le PIB a ainsi progressé de seulement 0,55% d’un trimestre à l’autre, soit 1,9% en rythme annuel, alors que le consensus tablait sur un rythme de croissance plus soutenu de 0,9%. «La déception est venue du coup d’arrêt de la consommation privée et publique, qui est tombée à 0,1% (contre 1% au trimestre précédent) pour la première, et a été nulle (après 0,6% au trimestre précédent) pour la seconde», estime Barclays.
«Ces chiffres décevants signifient que la croissance brésilienne sera limitée sous le seuil des 3% pour une période plus longue que ce que nous avions précédemment anticipé», estime Tony Volpon, économiste chez Nomura, qui prévoit une croissance de 2,3% en 2013. Avec un acquis de croissance de seulement 1,3%, Barclays a également revu ses prévisions de croissance à la baisse pour cette année à 2,5%. «Jusqu’à présent, la consommation a été l’élément moteur de la croissance au Brésil, et les chiffres d’aujourd’hui augmentent les risques de voir la croissance restée atone sur les prochains trimestres, particulièrement si la reprise de l’investissement ne se confirme pas», estime Barclays. Le rebond de 4,6% des investissements des entreprises au premier trimestre a largement été porté par l’agriculture, un secteur très volatile.
Dans ce contexte, si la hausse des taux directeurs est susceptible d’altérer davantage les perspectives d’activité au Brésil, les autorités ont les yeux rivés sur les risques inflationnistes. «Le comité estime que cette décision contribuera à infléchir la tendance à la hausse de l’inflation et s’assurer que cette tendance perdure l’année prochaine», s’est ainsi justifiée la banque centrale dans son communiqué. L’inflation a atteint 6,46% mi-mai, flirtant avec la limite haute de l’objectif que s’est assigné l’autorité monétaire, d’une inflation comprise entre 2,5% et 6,5%.
Et la dépréciation du réal n’est pas rassurante pour l’inflation. Suite à la décision, la devise brésilienne continuait pourtant de chuter de 1,7% contre dollar, à 2,1106. Depuis le 8 mars, elle affiche une baisse de 9% contre dollar, de 8% contre euro, et même de 9% contre le peso mexicain.
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« Aucun regret » : les manifestants népalais blessés fiers d'avoir porté le changement
Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
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