Le Brésil ajoute le volet budgétaire à son orthodoxie monétaire

La banque centrale a relevé ses taux directeurs à 12,25% quelques jours après des mesures de hausses d’impôts annoncées par le gouvernement.
Patrick Aussannaire

Le Brésil resserre toutes les vis. La nouvelle hausse des taux directeurs de 50 pb décidée par la banque centrale (BCB) pour les porter à 12,25% intervient quelques jours après des mesures de restrictions budgétaires. Le mois dernier, l’autorité s’est engagée à faire «tout ce qui sera nécessaire» pour ramener le taux d’inflation à 4,5% en 2016, contre un taux moyen de 6,4% l’an dernier. Les marchés anticipent 75 pb de hausses de taux supplémentaires d’ici à avril à 13%, avant un passage au statu quo, malgré les 500 pb déjà concédés depuis avril 2013.

«La BCB pourrait néanmoins ralentir le rythme des hausses de taux à une fin de cycle à 12,50% ou 12,75% compte tenu des efforts budgétaires du gouvernement et des risques de récession technique de l’économie brésilienne», estime ING.

Le nouveau ministre des finances Joaquim Levy a annoncé des hausses d’impôts sur le pétrole, les crédits à la consommation et sur les importations qui devraient rapporter 7 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires cette année, soit 0,4% du PIB. «Le resserrement conjoint des politiques budgétaire et monétaire indique un retour à l’orthodoxie destinée à améliorer la confiance des investisseurs qui l’estiment majoritairement nécessaire pour soutenir l’économie à moyen et long terme», explique SG CIB. Après une chute de 22% contre dollar et 18% contre euro entre septembre et mi-décembre, le real a depuis regagné 5% et 12% contre les deux devises. «Le risque de change limite l’attractivité des stratégies de portage pour les investisseurs internationaux», estime néanmoins Natixis.

Les déficits budgétaire et courant ont atteint 5,6% et 4% du PIB l’an dernier, au plus haut depuis dix ans. Outre les hausses d’impôts, le gouvernement souhaite réduire les dépenses sociales, à l’origine des dérives budgétaires. «Compte tenu de l’état de l’économie et des effets négatifs que pourraient engendrer ces mesures sur l’activité et l’inflation, il est difficile d’estimer leur efficacité sur le déficit public», estime SG CIB qui anticipe des mesures complémentaires de réduction des dépenses.

La dernière enquête hebdomadaire de la BCB montre des prévisions de croissance atone de 0,38% cette année, avec une inflation stable à 6,67%. «Sans réformes structurelles du marché du travail et du secteur financier, il sera difficile d’attirer de nouveaux investissements étrangers», alerte SG CIB.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...