La reprise en zone euro dépend plus que jamais de la BCE

Le retour de l’activité française en zone de contraction au troisième trimestre s’est accompagné d’un reflux de l’inflation à 0,7% en octobre
Patrick Aussannaire

Au sein d’une zone euro atone qui a enregistré un taux de croissance de 0,1% au troisième trimestre et de 0,3% en Allemagne, la France a vu son PIB se contracter de 0,1%. Les exportations ont lourdement chuté de 1,7% d’un trimestre à l’autre, ôtant 0,7 point à la croissance. Les dépenses d’investissement sont également en retrait de 0,6%. Les entreprises affichent ainsi un taux de marge de 28,2%, proche du point bas absolu, alors que l’investissement immobilier des ménages enchaîne son septième trimestre consécutif de baisse.

Les dépenses de consommation des ménages ont certes enregistré une légère hausse de 0,2%, mais leur volume est au même niveau qu’il y a deux ans. Ce sont ainsi la consommation publique, en hausse de 1,7% en glissement annuel, et les stocks, qui ont apporté 0,5 point à la croissance, qui ont limité la contreperformance française. Les stocks pourraient en outre peser sur le rebond attendu de la croissance au dernier trimestre, selon Deutsche Bank, alors que l’acquis de croissance de +0,1% pour 2013 est fragile.

Plus que le recul du PIB, attendu après sa hausse artificielle de 0,5% au deuxième trimestre, c’est celui de l’inflation à 0,7% au mois d’octobre, au plus bas depuis novembre 2009, qui concentre les inquiétudes. «La (dés)inflation reste très suivie et c’est désormais la France qui retient l’attention», estime la Société Générale. D’autant que le recul de l’inflation a constitué le motif principal de la décision surprise de la BCE de baisser ses taux directeurs la semaine dernière.

Depuis cette décision, la dépréciation de l’euro est restée modeste, à 0,4% contre dollar et 0,1% contre la livre sterling, alors que le taux de swap à 2 ans s’est resserré de seulement 6 pb, et le rendement du Bund allemand à 10 ans de 2 pb. Malgré la dégradation de la note de la France par S&P, la chasse au rendement a soutenu les OAT, avec un spread contre le Bund à échéance 2023 qui s’est resserré de 5 pb depuis le 31 octobre.

«Le message envoyé par les marchés est que la BCE doit faire plus», estime la SG qui ajoute qu’elle «est à l’aube d’une nouvelle phase d’assouplissement qui pourrait durer des mois et contrastera avec la politique de la Fed». Son chef économiste, Peter Praet, a d’ailleurs lancé un signal fort mercredi en prévenant que la BCE pourrait ramener son taux de dépôt en territoire négatif ou acheter des actifs bancaires si les perspectives d’inflation le rendaient nécessaire.

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