
La rentabilité des sociétés de gestion européennes s’est dégradée

Le coronavirus a grignoté la rentabilité des sociétés de gestion. La marge d’Ebitda des maisons indépendantes en Europe a reculé à 27% en moyenne au premier semestre 2020, contre 30% au second semestre 2019, selon la dernière étude de Moody’s sur le secteur européen de la gestion d’actifs. L’analyse couvre vingt sociétés de gestion*, dont neuf indépendantes.
Cette baisse s’explique par la diminution des frais de gestion alors que la base de coûts est restée la même. Les frais de gestion agrégés, basés sur les niveaux moyens des actifs sous gestion pour le premier semestre 2020, ont chuté de 9%. Tous les gestionnaires d’actifs indépendants interrogés par Moody’s ont fait état d’une diminution.
Ces frais pourraient repartir à la hausse au cours des six derniers mois de cette année, à la faveur de la hausse des marchés, avance Moody’s, tout en invitant à la prudence face à la résurgence des cas de Covid-19. L’agence prédit avec plus de certitude un recul des frais d’exploitation, «car la pandémie réduit les frais de déplacement et encourage le travail à distance».
«Nous estimons donc que les marges d’Ebitda resteront proches des niveaux actuels, malgré nos prévisions de conditions de marché plus volatiles en 2020», indique Moody’s.
La collecte reste globalement positive
Malgré la crise, les gestionnaires d’actifs dans leur ensemble ont réussi à afficher un solde positif entre souscriptions et rachats sur l’ensemble du premier semestre. Les vingt sociétés de gestion suivies par Moody’s ont enregistré une collecte nette totale de 65 milliards d’euros au premier semestre 2020, soit 0,6% des actifs sous gestion du début de la période. Les sorties nettes du premier trimestre ont été contrebalancées par des souscriptions plus importantes au deuxième trimestre. L’argent frais a été principalement investi dans des stratégies monétaires et obligataires.
Ces chiffres globaux masquent toutefois des variations considérables selon les entreprises. En haut de tableau, Schroders a attiré des entrées nettes de 38,1 milliards de livres sterling au cours du premier semestre 2020, ce qui équivaut à 7,6% de son actif sous gestion au début de la période. UBS Asset Management, Azimut et Axa s’en tirent aussi bien, avec des taux de respectivement 5,75%, 3,05% et 2%. En revanche, Jupiter, Standard Life Aberdeen, Janus Henderson et Ashmore affichent des décollectes comprises entre 4,7% et 5,9% de leurs encours de début de période.
Les filiales d’assureurs tirent leur épingle du jeu
Au total, les encours sous gestion de l’ensemble des sociétés de gestion étudiées par Moody’s ont diminué de 1,5% au premier semestre 2020 à 10.400 milliards d’euros par rapport à décembre 2019. Ce recul reflète la chute du marché provoquée par le coronavirus au premier trimestre, largement compensée par le rebond alimenté par les banques centrales et les gouvernements au deuxième trimestre.
Les filiales d’assureurs ont mieux résisté, avec une hausse des encours de 1% sur la période, «ce qui reflète une solide résistance aux flux due à une forte proportion d’investisseurs institutionnels internes (groupe)», explique Moody’s. En revanche, les gestionnaires appartenant à des banques ont vu leurs encours reculer de 2% et les gestionnaires d’actifs indépendants, de 4%. Dépourvus d’investisseurs captifs, les indépendants sont plus sensibles aux fluctuations du marché.
Moody’s souligne enfin que l’endettement modéré des gestionnaires d’actifs (1,3 fois l’Ebitda au premier semestre 2020) leur confère une plus grande souplesse financière, ce qui est un atout dans ce contexte encore très incertain.
* Les vingt sociétés couvertes sont Anima, Ashmore, Azimut, GAM, FIL, Janus Henderson, Jupiter, Schroders, Standard Life Aberdeen, Allianz Global Investors, Aviva Investors, Axa IM, Legal & General IM, M&G, Amundi, Credit Suisse, Deutsche AM, Eurizon, Natixis AM, UBS AM.
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