
La hausse de la TVA au Japon devrait nécessiter un nouveau soutien de la BoJ
La hausse du taux de TVA à 8% qui prend effet aujourd’hui au Japon constitue l’un des principaux tests sur l’efficacité de la politique «Abenomics». Après l’introduction de la taxe au Japon en 1989 à un taux de 3%, et son relèvement à 5% en 1997, l'économie nipponne avait été confrontée à deux crises sévères, accentuées par l’éclatement de la bulle immobilière, puis par la crise asiatique.
Un traumatisme qui suscite l’inquiétude des autorités, alors que l’indice Nikkei chute de 9% depuis le début de l’année après une envolée de 56% en 2013. Le ministre des finances Taro Aso a d’ailleurs exhorté ses ministres à débloquer leurs enveloppes accordées dans le cadre du plan de relance budgétaire plus tôt que prévu dans l’année. «Le but est de soutenir la croissance juste après la hausse de la TVA et éviter une récession», selon Citigroup qui estime que 60% des 15.400 milliards de yens budgétés devrait être dépensés avant septembre.
A 2,2% sur l’année fiscale 2013 achevée hier, la croissance japonaise devrait manquer l’objectif de 2,7% fixé par la BoJ, et le consensus anticipe même une contraction du PIB de 3,5% au deuxième trimestre en rythme annualisé. «Une phase de ralentissement est inévitable, et les marchés anticipent de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire, avec le ralentissement de la hausse de la demande après la hausse de TVA», estime Citigroup.
«Si la BoJ juge que l’activité a reculé sous son rythme de croissance cible, elle agira de manière appropriée et avec flexibilité, et un assouplissement supplémentaire est possible», a indiqué la semaine dernière Etsuro Honda, conseiller de Shinzo Abe. Le consensus table à 70% sur un nouveau geste d’ici fin septembre et à 35% d’ici fin juin, avec une prochaine réunion les 7 et 8 avril.
«La BoJ agira si elle constate un changement dans les anticipations d’inflation», a ajouté Etsuro Honda. Or, les effets de la dépréciation du yen, qui a regagné 3% contre dollar depuis janvier, devraient s’estomper, selon SG CIB. Si la BoJ anticipe un taux d’inflation à 1,9% fin 2015, les prévisions du consensus sont de 1% et les points morts sur les obligations d’Etat indexées à 10 ans restent faibles à 1,2%.
A court terme, l’inflation pourrait bondir de 1,4% fin mars à 3,2% fin juin mais rester stable à 1,3% hors effets de TVA, avant de décélérer à 2,9% fin 2014 et à 0,9% hors TVA, selon BNP Paribas. De quoi faire repasser les taux réels en territoire positif.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse