
La gestion française fait évoluer son mode de lobbying
L’élection pour 3 ans d’Yves Perrier à la présidence de l’Association française de gestion financière (AFG), le 19 mai, marque un changement par rapport à son prédécesseur, Paul-Henri de la Porte du Theil, même si les deux hommes sont issus de la matrice du Crédit Agricole. Alors que l’ex-directeur général délégué de CAAM se consacrait à plein temps depuis 2009 à ses fonctions de président de l’AFG, son successeur continuera en parallèle à tenir les rênes d’Amundi, le premier gérant français par les actifs.
«L’idée est d’avoir un président de l’AFG qui soit en exercice dans une société de gestion, ce que permettent les statuts. La Fédération bancaire française fonctionne déjà sur ce mode-là, avec un président patron de banque», décrypte un proche du dossier. Cette évolution «s’inscrit dans un contexte où les gestionnaires d’actifs ont un rôle de plus en plus important à jouer dans le financement de l’économie», poursuit cet observateur. Pour muscler son action, l’AFG a d’ailleurs recruté début 2015 un lobbyiste à Bruxelles, Arthur Carabia.
Ce rôle croissant de l’asset management va de pair avec une surveillance prononcée des régulateurs, qui planchent aujourd’hui sur le rôle systémique et potentiellement déstabilisateur des très grands gestionnaires d’actifs mondiaux. Un sujet délicat pour l’industrie et pour ses lobbyistes. La gestion française a encore bien d’autres défis à relever, comme la concurrence de la place luxembourgeoise et l’impact d’une éventuelle taxe sur les transactions financières européenne.
Yves Perrier ne pouvant se consacrer à 100% à l’AFG, «il est probable que le comité stratégique aura un rôle plus important à jouer à l’avenir», indique un autre bon connaisseur des arcanes de l’association. Ce comité vient d’ailleurs de voir son nombre élargi de 11 à 14 membres, au bénéfice de grands noms de la gestion représentant les sociétés entrepreneuriales. Edouard Carmignac et Didier Le Menestrel (Financière de l’Echiquier), ainsi que Guillaume Dard (Montpensier Finance) rejoignent cette instance, où siègent Yves Perrier et son vice-président Eric Pinon (dirigeant d’Acer Finance).
La composition du comité stratégique apparaît désormais davantage équilibrée entre filiales d’assureurs (Axa IM, Aviva Investors, Groupama AM), de banques (BNP PAM, Natixis AM, LBP AM, Amundi), et sociétés indépendantes (Candriam, Fourpoints IM, Rothschild & Cie Gestion, Acer, et les trois arrivants).
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Pollution au Sri Lanka en 2021 : condamné, l'armateur Express Feeders refuse de payer un milliard de dollars
Singapour - La compagnie maritime singapourienne Express Feeders, à l’origine de la pire pollution qu’ait connue le Sri Lanka, a indiqué mardi à l’AFP qu’elle refusait de payer le milliard de dollars de dommages et intérêts auquel elle a été condamnée dans cette affaire. «Nous ne payons pas parce que toute la base du commerce maritime repose sur la limitation de responsabilité», a déclaré Shmuel Yoskovitz, directeur général de cet armateur lors d’un entretien exclusif avec l’AFP. La Cour suprême du Sri Lanka lui a ordonné en juillet le paiement d’un milliard de dollars en dommages et intérêts provisoires, pour le naufrage du MV X-Press Pearl qui transportait notamment 25 tonnes d’acide nitrique et 28 conteneurs de granulés plastique. Le navire avait sombré au large du port de Colombo en juin 2021 après avoir brûlé pendant près de deux semaines. La pêche avait dû être interdite pendant des mois. Un tel paiement «pourrait créer un précédent dangereux quant à la façon dont les accidents maritimes seront résolus à l’avenir», a ajouté M. Yoskovitz. La Cour suprême du Sri Lanka a prévu une audience jeudi à Colombo pour examiner l'état d’avancement de la mise en œuvre de sa décision. Les défenseurs de l’environnement avaient saisi le tribunal, estimant que les autorités gouvernementales et les propriétaires du porte-conteneurs n’avaient pas réussi à empêcher l’incendie à l’origine de cette catastrophe écologique sans précédent. Le gouvernement sri-lankais a déclaré qu’il suivrait «les conseils du procureur général quant aux mesures à prendre», a déclaré le porte-parole du gouvernement et ministre des Médias, Nalinda Jayatissa, à des journalistes à Colombo. «étape essentielle» Le bureau des Nations unies au Sri Lanka a souligné que le principe du «pollueur-payeur» était inscrit dans plusieurs accords internationaux, notamment la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. «La décision de la Cour suprême est une étape essentielle vers la justice et la responsabilité», a-t-il publié sur le réseau social X. Selon M. Yoskovitz, Express Feeders a déjà dépensé 170 millions de dollars pour retirer l'épave, nettoyer les fonds marins et les plages et indemniser les pêcheurs touchés, car c'était «la bonne chose à faire». Ils ont ensuite obtenu une ordonnance d’un tribunal maritime de Londres en juillet 2023, limitant leur responsabilité à un maximum de 25 millions de dollars. Le Sri Lanka a fait appel de cette décision. Des milliers de tonnes de granulés en plastique - un granulé fait en moyenne 0,5 cm -, destinés à l’industrie de l’emballage sri-lankaise avaient été relâchés par le navire, polluant un tronçon de 80 kilomètres de plage le long de la côte ouest de l'île. La compagnie singapourienne avait présenté ses excuses au Sri Lanka. Le navire transportait également 81 conteneurs de produits chimiques dangereux, dont 25 tonnes d’acide nitrique et des lingots de plomb. Colombo estime que l’incendie a été causé par une fuite d’acide nitrique, dont l'équipage semblait avoir connaissance neuf jours avant que l’incendie ne commence. Les ports du Qatar et de l’Inde avaient refusé de décharger l’acide nitrique qui fuyait. © Agence France-Presse -
UBS règle 835 millions d’euros pour clore l’affaire de fraude fiscale en France
Paris - La banque suisse UBS va s’acquitter de 835 millions d’euros pour mettre fin aux poursuites judiciaires en France dans une emblématique affaire de blanchiment aggravé de fraude fiscale et démarchage bancaire illégal, ont annoncé mardi l'établissement et la justice française. Au terme de quatorze années d’une procédure judiciaire aux nombreux rebondissements, le géant bancaire a été condamné mardi à une amende de 730 millions d’euros ainsi qu'à 105 millions d’euros de dommages et intérêt à l’État français dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaider-coupable à la française. Ces montants sont nettement inférieurs aux sommes colossales que la banque avait été condamnée à payer lors de ses deux procès à Paris, à savoir 3,7 milliards d’euros au total en première instance en 2019 puis 1,8 milliard en appel en 2021. «Le parquet général a proposé cette peine en prenant en considération le paiement de l’impôt éludé et des pénalités afférentes par les contribuables», a déclaré la procureur générale de Paris, Marie-Suzanne Le Quéau, dans un communiqué. Ces montants sont pleinement couverts par des provisions, a pour sa part aasuré UBS dans un laconique communiqué. Cet accord annule la tenue d’un troisième procès de la banque suisse, active dans la gestion de fortune, qui aurait dû se tenir devant la cour d’appel de Paris, suite à une annulation partielle dans ce dossier emblématique de la lutte contre la fraude fiscale ces dernières années en France. En novembre 2023, la Cour de cassation avait définitivement confirmé la culpabilité de la banque pour avoir illégalement démarché de riches contribuables français, notamment repérés lors de réceptions, parties de chasse ou tournois de golfe, afin de les convaincre d’ouvrir des comptes non-déclarés en Suisse entre 2004 et 2012. Records Saisie par la banque, la plus haute juridiction française, qui contrôle la bonne application de la loi et non le fond des affaires, avait cependant renvoyé le dossier devant la cour d’appel sur le seul point des peines et de l’indemnisation de l'État. Elle avait annulé la peine de confiscation, la jugeant illégale, ainsi que les dommages et intérêts accordée à l'État, estimant qu’ils n'étaient pas assez motivés en droit. Le jugement de première instance, le 20 février 2019, avait battu tous les records: une amende de 3,7 milliards d’euros, à laquelle s’ajoutaient 800 millions de dommages et intérêts pour l'État français. La banque avait immédiatement fait appel. Après une évolution de jurisprudence, la deuxième décision, le 13 décembre 2021, avait été très différente: la cour d’appel avait prononcé une amende mille fois inférieure (3,75 millions d’euros), compensant avec une confiscation d’un milliard et ajoutant les mêmes 800 millions de dommages et intérêts. Il s’agissait de la plus lourde sanction prononcée par une juridiction en France pour blanchiment de fraude fiscale. Dans ses motivations, la cour d’appel avait entre autres souligné que les faits avaient duré sept ans et que les avoirs non déclarés avaient été estimés à plus de 9 milliards d’euros. Poursuivie elle aussi dans ce dossier, la filiale française de la banque, UBS France, a été condamnée en appel pour complicité de démarchage bancaire illégal à 1,875 million d’euros d’amende. N’ayant pas formé de pourvoi en cassation, sa peine est définitive, comme celles de quatre anciens cadres - qui se sont vu infliger des peines de six mois à un an de prison avec sursis, ainsi que des amendes allant de 200.000 à 300.000 euros. Alexandre MARCHAND © Agence France-Presse