
La France peine à tenir ses engagements de réduction du déficit public
L’objectif que s’est donné le gouvernement de ramener le déficit en dessous des 3% d’ici à 2015 semble de plus en plus difficilement atteignable. Après 4,9% en 2012, le déficit public français s’est élevé à 4,3% du PIB en 2013 selon les chiffres publiés par l’Insee hier. Le déficit est donc plus important que ce qu’avait promis le gouvernement dans le projet de loi de finances rectificative (PLFR) publié en novembre dernier (4,1%) et que ce qu’avait anticipé la Commission en février (4,2%).
«La conjoncture défavorable a pesé sur les rentrées fiscales à hauteur de plus de 1,5 point de PIB», ont fait valoir hier matin le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici et le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. A 0,3%, le taux de croissance en 2013 s’est pourtant révélé moins faible qu’annoncé dans le PLFR (0,1%). Mais les recettes peinent à rentrer. Les deux ministres ont aussi défendu hier des mesures de redressement des comptes publics équivalentes à 2,5 points de PIB. Elles n’ont pas empêché les dépenses de progresser de 2% entre 2012 et 2013. La dette s’est par ailleurs établie à 93,5% du PIB à la fin de 2013 (contre 90,6% fin 2012), notamment du fait d’une hausse de la dette des collectivités locales.
Le gouvernement travaille à actualiser ses prévisions de croissance et de déficit avant de les transmettre à la Commission fin avril. Il lui faudra être convaincant. L’objectif de ramener le déficit à 3,6% du PIB en 2014 semble difficile à atteindre même s’il est basé sur une prévision de croissance de 0,9% que la Commission juge légèrement sous-estimée (elle table sur 1%). La France a obtenu deux ans de plus que prévu l’année dernière, soit jusqu’à 2015, pour ramener son déficit en dessous de la barre des 3% du PIB. «Cet objectif paraît hors de portée, mais à ce jour, il n’a pas été renié publiquement, et la Commission n’a pas dit qu’elle tolérerait un nouveau dérapage», souligne l’économiste d’Oddo, Bruno Cavalier.
«Dans la mesure où la pression fiscale atteint un niveau où le rendement de l’impôt commence à fléchir, la seule manière de résoudre l’équation budgétaire est de faire des économies sur les dépenses», affirme-t-il. Le nouveau gouvernement devra aussi continuer les réformes après le remaniement annoncé hier.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse