La dette publique française s’approche de la zone dangereuse

Les charges budgétaires d’intérêts ont augmenté de plus de 7 % l’an dernier, conséquence mécanique de l’alourdissement de la dette
Antoine Duroyon

Une nouvelle fois, la Cour des Comptes tire la sonnette d’alarme sur la trajectoire de la dette publique française. Dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, l’institution de la rue Cambon souligne le poids croissant des déficits accumulés. L’an dernier, la dette publique a frôlé les 1.600 milliards d’euros, soit 82,3% du produit intérieur brut (PIB). Son impact financier est également plus important; les charges budgétaires d’intérêt ont augmenté en exécution de 2,9 milliards d’euros, soit une hausse de 7,7% par rapport à 2009. Une dégradation largement imputable à une remontée de la charge d’indexation des emprunts indexés sur l’inflation (2,1 milliards).

Selon la Cour des Comptes, c’est la courbe du déficit primaire structurel (hors charges d’intérêt) qui sera déterminante pour l'évolution de la dette. Et l’institution de donner des sueurs froides en évoquant le prix de l’inaction. Si le déficit restait à son niveau de 2010, sans aucune mesure de redressement, la dette publique atteindrait 90% du PIB dès l’an prochain, puis 100% en 2016 et 110% en 2020. «Toujours en 2020, dans ce «scénario de l’inacceptable», la charge d’intérêts représenterait 4% du PIB et presque 10% des prélèvements obligatoires», a précisé le premier président de la Cour des Comptes, Didier Migaud.

A l’inverse, un effort structurel de réduction du déficit de 1 point de PIB par an (soit un effort de 20 milliards d’euros) pendant cinq ans permettrait de contenir la progression de la dette à 86% du PIB en 2013 puis de la réduire jusqu’à 72% en 2020. Pour Didier Migaud, «il est donc impératif de prévenir l’emballement de la dette (estimé probable au-delà de 90% du PIB et 10% du produit des prélèvements obligatoires, ndlr) en réduisant rapidement le déficit».

«L’emballement de la dette publique peut inquiéter les investisseurs et les amener à exiger des taux d’intérêt très élevés, intégrant de substantielles primes de risques, qui ne font qu’aggraver les difficultés budgétaires», a-t-il encore ajouté. Pour ce faire, la limitation d’une croissance globale des dépenses est présentée comme axe prioritaire, avec une hausse suggérée de 0,4% en volume, soit environ 2% en valeur. A un an d’une échéance électorale majeure, il ne semble toutefois pas assuré que cet appel soit entendu.

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