La crise grecque fait souffrir les obligations sécurisées européennes

Les craintes sur les risques de contagion pèsent sur les spreads et la liquidité des covered bonds, notamment d’Europe du Sud
Laure Closier

Les détenteurs d’obligations sécurisées, soucieux de la qualité des banques émettrices et des paniers d’actifs sous-jacents, voient arriver au grand galop le risque souverain. La situation grecque et ses effets de contagion sur les pays européens les plus fragiles ont affecté les covered bonds. Le marché a fait les frais des dégradations de note sur le Portugal et l’Espagne.

La semaine dernière, «conformément aux obligations souveraines de la zone euro, les spreads sur les covered bonds ont divergé significativement d’un pays à l’autre», relève Bernd Volk, stratégiste chez Deutsche Bank. Les plus touchés sont les portugais, les irlandais et les espagnols. Certaines banques allemandes et françaises ne sont pas exemptées. «Les émetteurs vont finir par devoir renforcer la garantie, si les ratios légalement exigés ne correspondent plus», préviennent les équipes de recherche de la Société Générale.

La banque détaille les mouvements observés la semaine dernière. «Les cédulas se sont élargis de 15 pb, le covered bond portugais de 60 pb et le covered irlandais de 30 pb. Les pays du noyau dur ont également sous-performé et nous avons vu des intérêts vendeurs sur la France et l’Allemagne avec un élargissement de 5 pb jeudi». Deutsche Pfandbriefbank, DG Hyp et Depfa ACS, sont les émetteurs les plus exposés à l’Europe du Sud avec plus de 20% de leurs actifs de garantie issus de cette région. «Le covered bond de Deutsche Pfandbriefbank, en plein programme de rachat par la BCE, se paie encore cher par rapport aux obligations souveraines de la zone euro», commente Bernd Volk.

Face à la pression sur les prix des obligations souveraines, la Société Générale identifie un risque de pertes en mark to market. «La qualité du crédit des banques pourrait se détériorer. Les banques ne détiennent en effet pas seulement des obligations souveraines dans leurs actifs de couverture, mais aussi dans leur bilan d’investissement», explique-t-elle.

Devant les turbulences, de nombreux investisseurs vont avoir tendance à éviter d’investir dans l’Europe du Sud. Disposant de beaucoup de liquidité, ils vont probablement devoir rediriger leurs investissements vers les émetteurs des pays du Nord. La Société Générale conseille la Suède, hors zone euro et qui ne devra pas payer pour la Grèce : «son CDS souverain à 5 ans demeure très bas à 41pb. C’est moins que l’Allemagne, qui traite actuellement à 49 pb».

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