La Chine risque des défauts sur la dette de ses gouvernements locaux

Moody’s craint une hausse des défauts sur les véhicules de financement des gouvernements locaux, en proie à de lourds besoins de refinancement
Patrick Aussannaire

L’endettement des collectivités locales chinoises atteint la cote d’alerte. «Nous prévoyons un accroissement du risque de défaut sur les véhicules de financement des gouvernements locaux (LGFV) dans la mesure où le profil financier de la plupart d’entre eux reste faible et que de lourds refinancements sont nécessaires», estime ainsi Christine Kuo, analyste chez Moody’s. Et d’ajouter que «les régulateurs ont demandé aux banques d’assurer un contrôle strict de leur exposition aux LGFV. Certains des projets pourraient faire défaut, à moins que d’autres sources de financements soient trouvées».

Moody’s s’inquiète également du ralentissement de la croissance des revenus de l’Etat chinois qui «devrait conduire certaines régions à accroître leur besoin d’emprunt par le biais des LGFV, une pratique qui a déjà entrainé une hausse de leur dette ces dernières années». Le gouverneur de la banque centrale de Chine, Zhou Xiaochuan, avait lui-même estimé qu’environ un cinquième des prêts accordés aux collectivités chinoises par les LGFV étaient «à risque» car non garantis par des revenus des actifs sous-jacents.

Selon Bank of America (BoA), les émissions de dette des LGFV se sont envolées de 179% en 2012 pour atteindre 1.132 milliards de yuans (140 milliards d’euros). Un montant qui représente 50% de celui des émissions de dette d’entreprise. L’encours total de dette de ces véhicules représenterait entre 18% et 30% du PIB du pays, selon BNP Paribas.

De quoi faire sortir de l’ombre la commission bancaire chinoise qui appelle les banques à maintenir en 2013 leurs quotas de prêts aux LGFV stables par rapport à 2012, et de maintenir leur encours total sous les 9.100 milliards de yuans atteints fin 2011. «Le gouvernement devrait continuer à autoriser les émissions des LGFV, mais restreindre les émissions des titres les plus risqués ou celles des collectivités les plus exposées» estime BoA.

Pourtant, la plupart de ces véhicules sont notés au moins AA et la prime de risque à un an qui est associée aux LGFV s’est contractée de 71 points de base (pb) à 50 pb en un an après être tombée le 22 février à 45 pb, son plus faible niveau depuis septembre 2010, selon Chinabond. Yu Wenlong, analyste chez Shenyin & Wanguo estime cependant que «les LGFV sont à présent surévalués. Le coup de frein mis par les régulateurs sur la finance de l’ombre devrait marquer un point de retournement pour ce marché».

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