
La BCE s’inquiète de la fragilité des banques
La BCE enfonce le clou. Opposée à toute restructuration de la dette grecque en raison de ses conséquences catastrophiques pour le secteur financier, la Banque centrale européenne insiste lourdement sur la question dans sa dernière Revue de stabilité financière, publiée mercredi après-midi. Deux principaux risques pèsent sur le système: les effets de contagion entre Etats et secteur financier et, en corollaire, les problématiques de refinancement des banques, notamment pour celles qui sont issues de la périphérie de la zone euro.
«En raison des conséquences potentiellement très dangereuses d’une restructuration de dette souveraine pour le pays débiteur, y compris pour son système bancaire, une concentration sans faille sur l’amélioration des fondamentaux à travers des réformes structurelles et macroéconomiques est requis et à portée de main», estime la BCE. Son vice-président, Victor Constancio, a rappelé être favorable à une «initiative de Vienne» qui verrait les créanciers privés renouveler leur exposition à la dette souveraine grecque, «de manière clairement volontaire pour éviter que cela ne constitue un événement de crédit ou de notation».
La contagion éventuelle du problème souverain aux banques, avec un risque de gel du marché interbancaire, reste au cœur des préoccupations de la BCE. Même si le secteur a amélioré de 3,7 points, à 11,4% son ratio de solvabilité tier one entre 2007 et 2010. Le rapport note une amélioration sur le front du refinancement: la BCE a raccourci la maturité de ses injections de fonds sans créer de perturbation, tandis que l’excès de liquidité et le recours à la facilité de dépôt de la banque se sont réduits.
Il reste que «les vulnérabilités de financement demeurent le talon d’Achille de nombreuses banques de la zone euro». Celles-ci devront refinancer en moyenne 30% de leur dette d’ici à fin 2012, la marche étant la plus élevée pour les banques irlandaises et allemandes. «Les coûts de financement devraient continuer à être volatils en raison des besoins de financements des gouvernements et de la concurrence pour attirer les dépôts», note la BCE, qui met aussi en garde contre les conséquences d’une éventuelle remontée brutale des taux longs.
Si la banque centrale ne cite pas d’exemple, de récents événements témoignent de la fragilité de l’édifice. L’échec fin mai de la dernière émission d’obligations sécurisées de Santander, certes adossées à des prêts aux collectivités locales et mises à prix de manière trop agressive, montre que les investisseurs savent être sélectifs devant l’afflux de covered bonds. Le recours des banques espagnoles au financement de la BCE s’est aussi accru entre avril et mai de 43 à 57 milliards d’euros, de même que les montants empruntés en avril sur le marché international du repo. «Le recours accru au financement repo à court terme semble lié au solde négatif des émissions obligataires ces derniers mois et suggère que l’accès aux marchés de dette est devenu plus difficile pour certaines banques espagnoles», estime Martin van Vliet, chez ING.
La BCE cite enfin d’autres risques, comme l’immobilier commercial et une inversion brutale des flux de capitaux internationaux qui se sont massivement portés vers les actifs émergents ces derniers mois. «La croissance des encours d’ETF a accru les flux d’investissement déjà considérables vers les économies émergentes et les matières premières», relève au passage la banque centrale, qui consacre aux fonds indiciels cotés une section de son rapport.
{"title":"","image":"77187»,"legend":"part de dette souveraine \u00e0 refinancer avant fin 2012","credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
KKR renforce son accompagnement auprès des familles françaises
Le géant du private equity nomme Mikael Markman en tant que managing director en charge des activités family capital en France couvrant ainsi les entrepreneurs et les familles. -
Le partage des profits des grandes entreprises se démocratise avec le temps
Les sociétés du SBF 120 ont versé 6% de leurs bénéfices 2024 au titre de la participation, de l'intéressement ou de l'abondement. -
Les services de location de serveurs, nouvelle manne dans la jeune industrie de l’IA
Oracle entre dans la cour des grands en s'imposant comme un fournisseur clé de capacités de calcul d'IA, en concurrence avec les leaders du cloud que sont Amazon, Microsoft et Google. Dans une exubérance irrationnelle propre à l’intelligence artificielle, les laboratoires d’IA et les hyperscalers multiplient les contrats de longue durée pour sécuriser leur capacité future de stockage sur des serveurs. -
La Banque du Japon préparerait le débouclage de son large portefeuille d’ETF
A la faveur de sa stratégie d’assouplissement monétaire non conventionnelle menée dans les années 2010, la banque centrale est devenue une baleine sur le marché des fonds indiciels cotés d'actions japonaises. -
Mindston Capital renforce sa direction des partenariats
La société de gestion en immobilier nomme Martin Giroud pour co-piloter cette activité. -
Les fonds actions tirent la collecte en Suède en août
Les fonds ouverts commercialisés en Suède ont attiré 8 milliards de couronnes suédoises (environ 704 millions d’euros) en août, selon Fondbolagens Förening, l’association suédoise des fonds d’investissement.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
Contenu de nos partenaires
-
Poussez pas !
Tout le monde veut entrer, personne ne veut sortir : embouteillage en prévision au gouvernement
La nomination de l’un des plus proches d’Emmanuel Macron à Matignon exige, en contrepartie, des changements au gouvernement pour casser l’impression d’un statu quo. Bien plus facile à dire qu'à faire -
Frappes israéliennes au Qatar : le Hamas accuse les Etats-Unis d'être « complices »
Doha - Le Hamas a accusé jeudi les Etats-Unis d'être «complices» des frappes israéliennes au Qatar contre des responsables du mouvement islamiste palestinien, estimant que l’attaque visait à torpiller les négociations pour une trêve à Gaza. «Ce crime était (...) une mise à mort de l’ensemble du processus de négociation», a affirmé un responsable du Hamas, Fawzi Barhoum, dans une déclaration télévisée, au moment où se déroulaient les funérailles des six personnes tuées dans le raid. «Nous affirmons que l’administration américaine est pleinement complice de ce crime», a-t-il ajouté. L’attaque sans précédent menée par Israël au Qatar mardi visait des responsables du Hamas réunis dans un complexe résidentiel en plein cœur de Doha, la capitale de ce pays du Golfe allié des Etats-Unis. Le Qatar a affirmé avoir été informé par Washington «10 minutes» après l’attaque, qui a suscité une rare réprimande du président américain Donald Trump, pourtant allié d’Israël, qui a dit être «très mécontent». L’administration Trump a affirmé n’avoir été notifiée qu'à la dernière minute «par l’armée américaine». «J’ai immédiatement demandé à l'émissaire spécial Steve Witkoff d’informer le Qatar de l’attaque imminente, ce qu’il a fait, mais malheureusement trop tard pour arrêter» les frappes, a-t-il dit. Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des Etats-Unis qui cherchaient alors à maintenir un canal de communication avec le groupe classé terroriste par la plupart des pays occidentaux. Funérailles sous haute sécurité L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a participé jeudi aux funérailles aux côtés de dizaines d’hommes en tenue traditionnelle qatarie, et d’autres en civil ou en uniforme. Un cercueil ceint d’un drapeau qatari, et cinq autres drapés aux couleurs palestiniennes ont été placés dans la mosquée Cheikh Mohammed ben Abdel Wahab de la ville, selon les images diffusées par la chaîne Qatar TV. Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité, installant des points de contrôle tout autour de la mosquée. Le Hamas a affirmé que les dirigeants du mouvement avaient survécu à l’attaque, mais a fait état de six morts: le fils du négociateur en chef Khalil al-Hayya, le chef du bureau de M. Hayya, trois gardes du corps et un policier qatari. Le ministère qatari de l’Intérieur a confirmé la mort du caporal Badr Saad Mohammed Al-Humaidi Al-Dosari, membre de ses forces de sécurité intérieure, ainsi que de trois autres personnes. Fawzi Barhoum a en outre indiqué que l'épouse du négociateur en chef du Hamas, la femme de son fils décédé et ses petits-enfants avaient été blessés dans l’attaque du bâtiment où ils résidaient. Selon les images visionnées par l’AFP, rien ne permettait de confirmer visuellement la présence de Khalil Al-Hayya aux funérailles. Selon des sources du Hamas, six dirigeants dont Khalil al-Hayya, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment au moment de l’attaque. L’AFP n’est parvenue à joindre aucun d’eux depuis. Doha réévalue son rôle Le petit Etat gazier, qui abrite la plus grande base américaine de la région, joue le rôle de médiateur dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, aux côtés de l'Égypte et des États-Unis. Mais après les frappes israéliennes, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a affirmé que son pays «réévalu(ait) tout» concernant son rôle de médiateur, annonçant la tenue prochaine d’un sommet arabo-islamique à Doha pour discuter de la réponse à l’attaque israélienne. Il a en outre estimé mercredi que son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, devrait être traduit en justice. Les frappes israéliennes ont choqué les riches monarchies du Golfe, qui ont longtemps misé sur les Etats-Unis pour garantir leur sécurité, et suscité de nombreuses condamnations internationales. Ali CHOUKEIR © Agence France-Presse -
Le coût de la vie continue d'augmenter pour les Américains
Washington - Les prix des courses alimentaires et de l’essence ont augmenté le mois dernier pour les Américains, mais la banque centrale (Fed) devrait rester convaincue que la priorité est maintenant de baisser les taux d’intérêt pour relancer l'économie. L’inflation a accéléré en août aux Etats-Unis pour atteindre +2,9%, au plus haut depuis janvier, selon l’indice des prix à la consommation (CPI) publié jeudi par le ministère américain du Travail. Cette évolution annuelle est en ligne avec les attentes des marchés, selon le consensus publié par MarketWatch. Le rythme mensuel, en revanche, s’affiche un peu au-dessus des prévisions, avec +0,4% contre +0,2% en juillet. Se nourrir (+0,5% sur un mois pour les courses alimentaires), se vêtir (+0,5%), se déplacer (+1,9% pour le carburant) et se loger (+0,4%) coûtent plus cher. «Il y a eu de grosses hausses de prix sur les tomates, les pommes et le boeuf en août», observe Bill Adams, économiste de la banque texane Comerica, qui cite comme «facteurs possibles la météo, le manque d’ouvriers agricoles et les droits de douane» introduits par l’exécutif américain. Selon lui, les nouvelles taxes sur les importations (d’au moins 10%) «font progressivement leur chemin des ports aux entrepôts jusqu’aux tickets de caisse». Les prix des voitures (neuves comme d’occasion) ont aussi augmenté. L’automobile a été l’un des premiers secteurs touchés par les droits de douane mis en place par le président américain Donald Trump depuis son retour au pouvoir en janvier. «Jusqu'à présent, les entreprises américaines semblaient avoir absorbé les surcoûts dus aux droits de douane. Mais il y a clairement une limite (...) et nous pensons que ce n’est qu’une question de temps avant que cette charge soit répercutée sur les consommateurs», pointe Matthew Ryan, analyste chez Ebury. Plus d’inscriptions au chômage «Le président Trump a promis de baisser le coût de la vie au premier jour (de son second mandat, NDLR) mais ses droits de douane chaotiques et son programme économique catastrophique tirent les prix vers le haut», a dénoncé jeudi la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. Le locataire de la Maison Blanche a assuré la veille qu’il n’y avait au contraire «pas d’inflation», conforté par d’autres indicateurs montrant que l’impact sur les prix est resté relativement contenu. Donald Trump dénonce depuis des mois la posture de la Réserve fédérale (Fed) qui s’est abstenue de baisser ses taux d’intérêt depuis son retour à la Maison Blanche. Les banquiers centraux américains craignaient de contribuer à faire dérailler l’inflation en réduisant le coût de l’argent. Les marchés s’attendent toutefois à ce qu’ils commencent à baisser les taux directeurs dès la semaine prochaine. Non pas parce que l’inflation est maîtrisée, donc, mais parce que le marché du travail paraît dans une mauvaise passe, avec des créations d’emplois très limitées ces derniers mois. Une autre donnée publiée jeudi va dans ce sens: 263.000 personnes se sont inscrites au chômage la semaine dernière, un nombre qui n’avait pas été aussi élevé depuis près de quatre ans. Selon les observateurs, les entreprises ajustent leurs besoins de main-d’oeuvre devant l’incertitude entourant les droits de douane et le ralentissement de la consommation. Si une baisse de taux le 17 septembre fait peu de doute, les investisseurs se demandent si elle sera d’un quart de point, comme de coutume, ou plus importante, d’un demi-point. Ils parient toutefois davantage sur la première hypothèse, l’inflation restant tenace. Interrogée sur la situation économique des Etats-Unis, la porte-parole du Fonds monétaire international (FMI) Julie Kozack a estimé jeudi que «la Fed dispose de marge de manœuvre pour commencer à abaisser ses taux directeurs». Elle a immédiatement ajouté qu’elle devrait le faire «avec prudence, en s’appuyant sur les données disponibles au cours des prochains mois». Les banques centrales abaissent leurs taux d’intérêt - qui guident les coûts d’emprunt - pour donner un coup de fouet à l'économie. Et les relèvent à l’inverse pour freiner un emballement inflationniste. Myriam LEMETAYER © Agence France-Presse