La Banque de Suisse continue de s’inquiéter de la surévaluation du franc

Le patron de la BNS a cependant défendu l’abandon en janvier du cours plancher du franc face à l’euro lors de l’assemblée générale.
Solenn Poullennec

Le patron de la banque centrale de Suisse estime que le franc est «de nouveau nettement surévalué» et reste prêt à intervenir sur le marché des changes pour lutter contre le phénomène. «Les effets de la nouvelle appréciation considérable du franc ne doivent en aucun cas être sous-estimés», a déclaré Thomas Jordan à l’occasion de l’assemblée générale de la Banque nationale de Suisse (BNS) la semaine dernière. «Si nécessaire, nous continuerons d’intervenir sur le marché des changes pour influer sur les conditions monétaires», a-t-il poursuivi.

Après le choc provoqué par l’abandon du plancher de 1,20 franc suisse pour 1 euro le 15 janvier dernier, la parité a évolué entre 1,05 et 1,08. Dans le contexte d’un regain d’inquiétudes sur l’avenir de la Grèce, le franc s’est de nouveau apprécié face à l’euro à partir de la mi-mars. La parité qui est tombée à 1,02 ce mois-ci évoluait autour de 1,03 à la fin de la semaine dernière. Thomas Jordan a reconnu que «du fait de la suppression des cours plancher, l’économie suisse doit faire face à des temps plus difficiles». La BNS s’attendait à ce que la croissance augmente de près de 2% en 2015 avant l’abandon du cours plancher qui était en vigueur depuis septembre 2011. Elle estime désormais que l’augmentation du PIB sera d’«un peu moins de 1%» cette année. La BNS exclut le risque d’une spirale déflationniste mais l’indice des prix devrait reculer de 1,1% cette année.

En dépit de ces perspectives, Thomas Jordan a fermement défendu la décision de janvier devant les actionnaires. La BNS est une société anonyme dont le capital est détenu par des cantons, des banques cantonales et des collectivités mais aussi par quelque 2.000 actionnaires particuliers. «Si la BNS avait ignoré les changements survenus sur le plan international, elle aurait risqué de perdre sa crédibilité», a assuré Thomas Jordan, évoquant la conjonction de la crise russe et les divergences accrues entre les politiques monétaires de la Fed et la BCE.

Le banquier central a également défendu la fixation du taux de la facilité de dépôt de la BNS à -0,75%, alors qu’elle vient d’étendre la portée de cette mesure au fonds de pension public. «Si nous voulons prévenir tout risque de ruée sur le franc, il ne faut pas que les taux suisses soient supérieurs à ceux des autres pays», a-t-il insisté, ajoutant que, du fait de l’inflation négative, les taux d’intérêt réels sont plus élevés que les taux nominaux.

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