
Hugau Gestion doit cantonner un fonds en raison de la crise russe

Le conflit en Ukraine et les sanctions occidentales sur la Russie ont des conséquences pour les porteurs du FCP Hugau Moneterme. Ce fonds monétaire, dont l’encours sous gestion a fondu de près de moitié à 750 millions d’euros, détient deux obligations liées à Gazprom arrivant à échéance le 19 juillet prochain, et qui ne peuvent être correctement valorisées.
Certains clients du gestionnaire ont pu avoir besoin de retirer des liquidités à cause du conflit, tandis que d’autres ont voulu sortir car ils ne pouvaient pas envisager de conserver une exposition à la Russie dans leurs portefeuilles. Ces deux obligations ont été émises par Gaz Capital, la filiale luxembourgeoise de Gazprom. Elles représentent 4,55% du fonds, contre 2,8% le 23 février. L’une d’entre elles est libellée en dollars, pour 0,5% du fonds, tandis que l’autre est libellée en francs suisses (pour un peu plus de 4%).
Face à cette situation, la société Hugau Gestion a décidé de procéder à la scission de son fonds phare en deux FCP de manière à cantonner les obligations Gazprom. «Pour préserver l’intérêt des porteurs de parts, Hugau Gestion a décidé de scinder le fonds existant, en séparant les actifs valorisables (transférés dans un nouveau fonds, identique) des actifs non valorisables (restant dans le fonds d’origine qui devient alors un fonds side-pocket)», écrit la société de gestion dans une communication adressée à ses clients.
Rachats plafonnés
Cette décision a été mise en œuvre à compter du 1er avril et annoncée aux porteurs de parts, essentiellement des investisseurs institutionnels et des entreprises, le 31 mars. Les souscriptions/rachats sur l’OPC ont été temporairement suspendus à compter du 1er avril. «A l’issue de cette procédure, les opérations de souscriptions/rachats sur le fonds contenant les obligations Gazprom isolées seront impossibles, en revanche, à partir du 22 avril 2022, les opérations de souscriptions/rachats seront de nouveaux possibles sur le nouveau fonds avec la reprise de la valeur liquidative», indique la société de gestion. Celle-ci prévoit un dispositif de plafonnement des rachats (gates) permettant d’étaler les demandes de rachats des porteurs du FCP si nécessaire sur plusieurs valeurs liquidatives dès lors qu’elles excéderont un niveau de 5% de l’actif net (rachats nets des souscriptions/dernier actif net d’inventaire connu).
Les obligations Gazprom seront conservées dans le fonds de cantonnement, qui sera mis en liquidation et renommé Hugau Moneterme SP (side-pocket), jusqu’à leur remboursement le 19 juillet. «Les sommes éventuellement perçues lors de la cession des titres russes pourront être remboursées aux porteurs sous forme de distributions provisoires sur décision de la société de gestion», indique la société de gestion. Ce cantonnement a toutefois vocation à n’être que temporaire. «Gazprom ne fait l’objet actuellement d’aucune sanction. La société reverse d’ailleurs une part des bénéfices de son gazoduc Brotherhood à l’Ukraine. Nous n’avons pas d’inquiétude sur le fait que les titres seront remboursés à échéance au mois de juillet», déclare à L’Agefi Eric Le Maire, le directeur général de la société.
La création du nouveau fonds Hugau Moneterme et la mise en liquidation du fonds renommé Hugau Moneterme SP ont fait l’objet d’un agrément par l’Autorité des marchés financiers (AMF) en date du 12 avril 2022. Pour une part détenue du fonds d’origine Hugau Moneterme, les porteurs se verront remettre une part de Hugau Moneterme SP et une part du nouveau Hugau Moneterme. Une valeur liquidative estimative hebdomadaire devrait être publiée chaque vendredi et une autre chaque dernier jour ouvré du mois.
Fonds atypique
La présence de titres liées à la Russie dans un fonds monétaire pourrait paraître peu commune, mais elle est liée au caractère atypique du fonds monétaire géré par Hugau Gestion. «La taille réduite de notre fonds monétaire nous permet d’investir sur de petites souches, plus rémunératrices. Nous n’investissons généralement pas sur des titres souverains, mais sur des titres émis par des entreprises de très bonne qualité. Ce qui était le cas de Gazprom avant la guerre entre la Russie et l’Ukraine», indique Eric Le Maire.
Cet épisode n’est pas anodin pour la société de gestion, mais il ne remet pas son fonctionnement en question. «Certains clients sont sortis, mais nous avons des clients qui veulent d’ores et déjà investir à nouveau dans notre fonds, compte tenu du rendement courant actuel», assure le dirigeant.
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