HSBC commence à payer le prix de sa proximité avec la nébuleuse Madoff

Dépositaire des fonds nourriciers liés à l’escroc américain, l’établissement va verser 62,5 millions de dollars pour éteindre une action de groupe
Antoine Duroyon

A condition que l’accord reçoive l’aval de la justice américaine, HSBC va signer un chèque de 62,5 millions de dollars pour acheter la paix auprès d’investisseurs lésés par la fraude hors-norme de Bernard Madoff. L’accord n’engage que HSBC et n’implique pas de reconnaissance de culpabilité. Unis au sein d’une action de groupe conduite par l’entrepreneur britannique Neville Seymour Davis, les plaignants reprochaient à HSBC son activité de dépositaire pour des fonds nourriciers rattachés à la toile tissée par Bernard Madoff.

«L’imprimatur de HSBC a joué un rôle clé dans l’expansion de la chaîne de Ponzi, parvenant à convaincre les investisseurs des fonds nourriciers de Madoff que ces véhicules étaient des endroits sûrs pour placer leur argent», soulignait en décembre dernier le liquidateur Irving Picard, lui aussi à l’origine d’une plainte contre HSBC. D’autres procédures sont en cours au Luxembourg.

L’action de groupe vise notamment Thema International Fund, un fonds de plus d’un milliard de dollars géré jusqu’à fin 2006 par Thema Asset Management, une société détenue à 55% par Genevalor, Benbassat & Cie. Ce gérant suisse, propriété de la famille Benbassat, apparaît aux yeux des plaignants comme un rouage important du mécanisme assemblé par Bernard Madoff. D’après Irving Picard, les fonds de famille Benbassat ont au total drainé plus de 1,9 milliard de dollars, soit environ 10% du capital investi dans Bernard L. Madoff Investment Securities.

Ce succès, Stéphane Benbassat, l’un des fils du fondateur de la société, l’expliquait ainsi en décembre dernier dans un entretien au journal suisse Le Temps: «Les gens faisaient la queue, attirés par la réputation de Madoff et le fait que HSBC en soit le dépositaire». A partir de 2007, Genevalor, Benbassat & Cie a assuré la promotion du fonds, tandis que sa gestion a été reprise en main par Bank Medici.

Cette banque viennoise, détenue partiellement par Bank Austria (UniCredit), était dirigée par Sonja Kohn, présentée par l’accusation comme l’un des principaux appuis de Bernard Madoff. Selon le barême adopté par Bernard Madoff, les distributeurs pouvaient empocher des commissions annuelles atteignant jusqu’à 1,25 % des actifs bruts, contre 0,5% pour le gérant et 0,07% pour le dépositaire (jusqu’à 1 milliard de dollars et 0,03% au-delà).

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